Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

L’optimisme présidentiel et ses bémols

De jour en jour, la tendance positive du climat politique interne se précise. Après le début de la polémique entre le président de la Chambre Nabih Berry et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, les efforts se sont multipliés pour tenter d'y mettre un terme. Ils ont été couronnés par la visite hier du ministre des Finances et conseiller politique de Berry, Ali Hassan Khalil, à Bkerké, et par les déclarations faisant état d'un accord entre les deux parties. En même temps, l'un des deux ministres du CPL, Élias Abou Saab, a assisté à la réunion du Conseil des ministres, lequel a pu, par la même occasion, procéder à des nominations administratives et militaires urgentes. Bref, les signaux positifs se multiplient et poussent à croire que pour la première fois depuis plus de deux ans, les intentions présidentielles sont sérieuses.

Mais si l'on creuse un peu le dossier, il apparaît que ce climat positif repose essentiellement sur deux facteurs, le premier est la décision du chef du courant du Futur Saad Hariri d'évoquer sérieusement la possibilité d'adopter la candidature du général Michel Aoun à la présidence, moyennant son retour au Sérail. Quant au second, il consiste dans le fait que le facteur étranger (régional plus précisément) qui, traditionnellement joue un rôle déterminant dans l'élection présidentielle est devenu cette fois secondaire en raison des priorités régionales et internationales.

Pour Saad Hariri, la tâche n'est toutefois pas facile, en raison, d'une part, de la radicalisation des positions au cours des deux dernières années et de l'ampleur du fossé qui sépare la rue sunnite du général Aoun et de son allié le Hezbollah.

 

(Lire aussi : À Bkerké, le premier pas vers une légitimation dangereuse du package-deal ?)

 

 

D'autre part, l'affaiblissement du chef courant du Futur au sein de la rue sunnite et l'émergence de personnalités souhaitant prendre le leadership sunnite rendent sa mission encore plus complexe. Il est clair, en effet, que le courant du Futur est sorti affaibli des dernières élections municipales, au point de devoir nouer des alliances avec des personnalités sunnites qu'il considérait jusque-là comme marginales. Mais le coup le plus dur pour le chef du courant du Futur est encore l'émergence du ministre démissionnaire de la Justice, le général Achraf Rifi, sur la scène sunnite, à Tripoli, et avec des projets de s'étendre dans d'autres régions. Rifi serait déterminé à multiplier les obstacles face à la démarche de Saad Hariri, n'hésitant pas à se présenter comme le véritable héritier de la ligne politique du président martyr Rafic Hariri, en mettant l'accent sur ce qu'il considère comme « les concessions répétées de Hariri face au Hezbollah et à l'Iran ».

Bien qu'il n'y ait pas de statistiques précises à ce sujet, ce genre de discours semble plaire à une partie non négligeable de la rue sunnite. Aoun a bien essayé, dans son dernier entretien télévisé, mardi sur la chaîne OTV, de tenir un discours d'apaisement, d'ouverture et de fraternité à l'égard de la rue sunnite et des différentes parties libanaises en général, mais ceux qui sont hostiles à son arrivée à la présidence ne chôment pas non plus.

La question qui se pose donc est la suivante : les parties internes hostiles à l'élection de Aoun à la présidence ont-elles un droit de veto ? Les milieux politiques répondent par la négative, assurant qu'en fin de compte, Saad Hariri reste le plus fort au sein de la rue sunnite et il est en mesure d'imposer une décision, d'autant que sa carrière politique, dans le contexte actuel, en dépend.
Ce qui pousse à poser une autre question : l'opposition de certaines parties à l'élection de Aoun à la présidence est-elle purement interne ? La réponse n'est pas aussi évidente que certains veulent le croire.
Officiellement, les deux pays les plus influents au Liban (en plus des États-Unis), à savoir l'Iran et l'Arabie saoudite, font savoir qu'ils ne souhaitent pas se mêler des questions internes libanaises. Téhéran affirme en effet qu'elle a depuis le début laissé à son allié, le Hezbollah, la latitude de gérer les affaires libanaises selon ce qu'il juge être son intérêt. Quant à Riyad, elle a déclaré à de nombreuses personnalités qui ont tenté de sonder son opinion qu'elle a actuellement d'autres priorités.

 

(Lire aussi : « Que veut donc Nabih Berry ? » Yassine Jaber apporte des éléments de réponse)

 

 

Certes, Aoun n'est pas le candidat de son choix, mais si Saad Hariri estime qu'appuyer sa candidature est dans son intérêt, elle ne s'y opposera pas. De leur côté, les États-Unis sont plongés dans la campagne présidentielle et l'élection d'un président au Liban ne figure pas actuellement dans leur agenda. Ce sont ces éléments mis bout à bout qui permettent à ceux qui croient à l'imminence d'une élection présidentielle d'affirmer que le contexte régional et international est favorable à un accord interne.

Toutefois, les sceptiques continuent à avoir des doutes sur cet apparent désintérêt régional à l'égard du dossier libanais. Ils avancent pour argument le fait que Saad Hariri ait décidé de mener une nouvelle tournée de concertations régionales (notamment avec les dirigeants saoudiens) avant d'annoncer officiellement sa décision. Pourquoi entreprendrait-il une telle démarche si l'Arabie saoudite lui avait réellement donné une carte blanche sur ce dossier ? Ensuite, pourquoi a-t-il déclaré à partir de Moscou, où il s'est rendu pour y tâter le terrain présidentiel, que le Hezbollah est en train d'entraver l'élection d'un président, faisant croire que ses interlocuteurs russes partagent son opinion ?

Comment peut-il maintenir ses positions hostiles à l'égard du Hezbollah et accepter d'élire le candidat que cette formation appuie ? Plus même, dans le contexte régional actuel, où les tensions ne cessent de s'amplifier entre Riyad et Téhéran, comment le Liban pourrait-il se doter d'un président qui maintient son alliance avec le Hezbollah ? Les difficultés internes de Saad Hariri sont-elles suffisantes pour justifier sa volte-face, sachant que les dossiers conflictuels restent très nombreux et peuvent difficilement être résolus par la seule bonne volonté du président et du Premier ministre... Autant de questions qui mettent un bémol à l'optimisme ambiant.

 

Lire aussi

Pour le Hezbollah, les dispositions de Taëf impliquent une gestion collective de la chose publique

Le RPR réitère son rejet d'un package-deal liant le nouveau président

Amine Gemayel dénonce des « séries de package-deals »

Pour le PNL, le package-deal n'est pas une alternative à la Constitution et au pacte

« Le pluralisme libanais, un exemple à protéger », souligne le ministre italien des AE

De jour en jour, la tendance positive du climat politique interne se précise. Après le début de la polémique entre le président de la Chambre Nabih Berry et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, les efforts se sont multipliés pour tenter d'y mettre un terme. Ils ont été couronnés par la visite hier du ministre des Finances et conseiller politique de Berry, Ali Hassan Khalil, à...

commentaires (5)

Beaucoup de bruit pour rien, les pions iraniens au Liban ne veulent pas du tout d'un président maronite au Liban.... tout est fait en coulisse pour saboter cette élection éventuelle... c'est pour cela que la date a été fixé si loin... akid akid akid si Aoun revient à Baabda cela veut dire que LIBAN ne redeviendra et ne reviendra plus .... La vérité est ailleurs .... Un forgeron sait le travailler le fer..........un menuisier sait travailler le bois ....une poule pond des œufs alors que VOULEZ vous que nos politiciens soient capables de faire de mieux ???? sinon pire que ce qu ils ont déjà fait.... Le Liban en tant que tel est loin ailleurs ... ou tout prés mais bien caché...

CBG

22 h 12, le 08 octobre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Beaucoup de bruit pour rien, les pions iraniens au Liban ne veulent pas du tout d'un président maronite au Liban.... tout est fait en coulisse pour saboter cette élection éventuelle... c'est pour cela que la date a été fixé si loin... akid akid akid si Aoun revient à Baabda cela veut dire que LIBAN ne redeviendra et ne reviendra plus .... La vérité est ailleurs .... Un forgeron sait le travailler le fer..........un menuisier sait travailler le bois ....une poule pond des œufs alors que VOULEZ vous que nos politiciens soient capables de faire de mieux ???? sinon pire que ce qu ils ont déjà fait.... Le Liban en tant que tel est loin ailleurs ... ou tout prés mais bien caché...

    CBG

    22 h 12, le 08 octobre 2016

  • Quadrature du cercle Serait rendue possible, par une certaine "retenue" des forces extérieurs...et le souhait communément partagé de ne pas voir "le Liban" se "syrianiser"

    Chammas frederico

    16 h 00, le 08 octobre 2016

  • Pas d'intérêt pour le Liban mon oeil Oui! Le seul pays qui a eu une résistance qui leur a botté le derrière et qui peut à l'heure actuelle faire encore plus avec le renfort de ses alliés russes iraniens et syriens du héros ! !!! Le marquis de saad déchu n'est là que pour ramasser les miettes , en bensaoudie il est discrédité, le Liban reste sa seule voie de sortie s'il coopère avec l'axe CPL/HEZB , sinon les poignards que les félons aiguisent lui transperceront le dos . L'enjeu est bien sûr plus que le Liban, mais le noeud véritable de la bataille est le Liban et sa résistance. VOILÀ POURQUOI LE GENERAL PHARE AOUN EST GRAND ET VISIONNAIRE .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 43, le 08 octobre 2016

  • Je souhaite, pour l'intérêt de l'Iran et de l'Arabie saoudite et aussi de l'Amérique sans oublier la Russie, que Scarlett Haddad remplace Naïm Kassem comme porte-parole du Hezbollah.

    Un Libanais

    13 h 16, le 08 octobre 2016

  • JE DIRAIS UN ARTICLE PAS MAL S,IL METTAIT PLUS DE TON SUR LES ULTIMATUMS INSPIRES PAR L,IRAN ET LES CONDITIONS REPOSANT SUR LE SPECTRE DES ARMES... ET, REVENT CEUX QUI CROIENT QUE UNE FOIS PRESIDENT LE GENERAL AOUN POURRAIT ETRE MANIPULE ET SERVIR DE PARAVENT DE NOUVEAU !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 50, le 08 octobre 2016

Retour en haut