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Liban - Interview

Fatfat à « L’OLJ » : Le package deal de Berry a secoué la rue chrétienne et sunnite

C'est avec un grand sourire aux lèvres que le député du courant du Futur, Ahmad Fatfat, exprime sa « surprise » après les propos livrés hier au quotidien as-Safir par le président de la Chambre Nabih Berry.
Dans une déclaration publiée par notre confrère, M. Berry a affirmé que c'est « l'ensemble des protagonistes qui ont, sinon objecté, du moins exprimé des réserves » à l'égard de l'élection du chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun.

L'enthousiasme de M. Fatfat se dissipe toutefois dès lors qu'il est appelé à commenter le « package deal » revu et corrigé une fois encore par le chef du législatif, à savoir la concomitance de l'élection présidentielle et d'une entente globale entre les parties politiques autour de la présidence du gouvernement, la répartition des portefeuilles et la loi électorale, dans une sorte de transaction selon la formule du « donnant-donnant ».
Autant le député du Nord se dit « ravi » d'entendre M. Berry déclarer publiquement que « l'option Aoun » est rejetée par de nombreux protagonistes, autant le « prix à payer fixé » (le package deal) par ce dernier pour faciliter l'échéance présidentielle est, selon lui, « élevé ».

Dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour, Ahmad Fatfat affirme que les derniers propos de M. Berry « sont extrêmement importants ». « Ils indiquent que nous sommes de retour à la case départ », déplore-t-il. Le député, qui fait d'ailleurs partie d'une « majorité de membres » au sein du courant du Futur à avoir rejeté, dès le départ, « l'option Aoun » que Saad Hariri avait évoquée devant eux et devant ses multiples interlocuteurs, s'inquiète de ce nouveau « blocage » indirectement révélé par Nabih Berry et de l'effondrement institutionnel qui pointe à l'horizon.
« Le Liban est non pas au bord du gouffre mais dans le gouffre même », assure-t-il, faisant état non seulement de l'inquiétude des Libanais mais également « des diplomates en poste ». Il souligne que la formule utilisée par le président du Parlement qui a insisté pour dire « tous (ont objecté ou exprimé des réserves) sans exception » à l'égard de M. Aoun, veut implicitement dire « le Hezbollah compris ».

 

(Lire aussi : Hamadé à « L'OLJ » : J'en appelle à tous les Libanais pour empêcher l'irréparable de se produire)

 

Un concept « dangereux »
D'ailleurs, enchaîne le député haririen, le ton avait déjà été donné préalablement lorsque M. Berry avait évoqué le « package deal » et la nécessité de s'entendre à l'avance sur la répartition des portefeuilles « lorgnant d'ores et déjà sur les ministères des Finances et de l'Énergie ». Selon lui, le package deal est un concept extrêmement dangereux dans la mesure où il prescrit de nouvelles prérogatives en dehors de la Constitution. Dans les détails, cela signifie que M. Berry est en train de « dicter à l'avance qui sera le prochain chef de l'État, quelle sera la composition du gouvernement ainsi que l'adoption de la prochaine loi électorale ».

À la question de savoir si les différents protagonistes politiques n'ont pas déjà consacré, dans la pratique, ces multiples déviations, notamment lors du marchandage qui avait eu lieu en amont de la formation de l'actuel gouvernement, le député répond : « Tant que cela est fait dans le cadre du jeu politique, on peut le comprendre. Mais venir imposer au futur chef de l'État autant de conditions préalables, c'est anticonstitutionnel. »

M. Fatfat tient à rappeler qu'à l'époque des négociations autour de la composition du gouvernement de Tammam Salam, l'accord s'était fait autour du principe de l'alternance au niveau des portefeuilles. « Aujourd'hui, M. Berry vient réclamer les ministères des Finances et de l'Énergie en foulant au pied ce principe », s'offusque le parlementaire.
« Le ministère des Finances ne peut devenir la propriété d'un parti politique ou d'une communauté donnée, car cela signifierait clairement que nous sommes en présence d'un pouvoir supplétif au sein de l'État », commente-t-il. Cependant, ajoute-t-il, l'aspect le plus dangereux autour de ce package deal est sans aucun doute « l'atteinte aux prérogatives du Parlement dont celle des consultations contraignantes pour la formation d'un cabinet ».

On serait également en train de tronquer le rôle du Parlement pour ce qui est de la discussion de la loi électorale et du vote de confiance qui, a-t-il ajouté, deviendraient ainsi de « pure forme ».
« C'est comme si l'on disait qu'il y a désormais une instance supra-institutionnelle appelée "la table" de Nabih Berry qui contrôle et domine la présidence de la République, le gouvernement et le Parlement », se lamente M. Fatfat qui reconnaît que nous sommes une fois de plus face à une réalité on ne peut plus amère, « à savoir l'absence de consensus et la paralysie ».
« Si à ce jour et après la dynamique lancée par Saad Hariri, il n'y a toujours pas de solution au nœud gordien de la présidence, cela veut clairement dire qu'il n'y a pas de consensus dans la région. Contre cela, on ne peut rien. Je crois que nous sommes en train de patauger », constate le député, en faisant remarquer que la situation économique et monétaire est « extrêmement alarmante ».

 

(Lire aussi : Avec l'échec de l'option Aoun, un plan B s'impose)

 

Revenir aux fondamentaux de la Constitution
La situation catastrophique à laquelle nous sommes parvenus n'est-elle pas une preuve de l'irresponsabilité de la classe politique toutes couleurs confondues ?

À cela, il répond avec amertume : « Nous avons les politiques que nous méritons. » Il ajoute toutefois qu'il ne faut pas oublier que si le Liban continue de jouir d'une stabilité sécuritaire importante alors qu'il est encerclé par le feu des guerres régionales, « c'est notamment grâce aux politiques, plus précisément aux efforts déployés par Saad Hariri qui s'est élevé contre le terrorisme à Saïda et à Ersal ». Quant au Hezbollah, « il ne fait que protéger ses arrières et ses régions parce qu'il y va de son intérêt politique et militaire ».

Dans un appel lancé au chef du législatif, M. Fatfat l'exhorte à revenir aux fondamentaux de la Constitution, en facilitant l'élection d'un chef de l'État en priorité. Et de conclure : « J'aimerais également lui dire que la tension suscitée dans les rangs chrétiens du fait de ce package deal est tout aussi vive sur la scène sunnite. »

 

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commentaires (7)

Pourquoi ne pas élire un Président de la République neutre et surtout compétent pour un mandat qui comprendrait spécifiquement un engagement de procéder a 2 référendums et mandat qui prendrait fin suite aux résultats du second référendum: 1) un référendum populaire proposant de lancer un chantier national d'une durée de 24 mois pour mettre au point de 2 ou trois projets de constitutions de système parlementaire ou mixte a la française, toujours sur base confessionnelle, incluant des projets d'une nouvelle loi électorale. 2) Suite à cela le Président de la République constituerait un comité d'experts constitutionnels et lancerait le chantier de 24mois 3) au bout des 24 mois, Soumettre le choix entre les projets constitutionnels a référendum populaire. Une fois que le peuple aura choisi sa nouvelle constitution, mettre cette dernière en application dans les 6 mois qui suivent: 1) élections législatives selon la nouvelle loi électorale 2) élection d'un nouveau président de république ou d'un exécutif collégial a la Suisse... Cela empêcherait le pays de sombrer économiquement et financièrement ce qui en ferait une proie facile. Ce plan mobiliserait le pays autour d'un projet national constructif et durable.

Bibette

12 h 03, le 06 octobre 2016

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Commentaires (7)

  • Pourquoi ne pas élire un Président de la République neutre et surtout compétent pour un mandat qui comprendrait spécifiquement un engagement de procéder a 2 référendums et mandat qui prendrait fin suite aux résultats du second référendum: 1) un référendum populaire proposant de lancer un chantier national d'une durée de 24 mois pour mettre au point de 2 ou trois projets de constitutions de système parlementaire ou mixte a la française, toujours sur base confessionnelle, incluant des projets d'une nouvelle loi électorale. 2) Suite à cela le Président de la République constituerait un comité d'experts constitutionnels et lancerait le chantier de 24mois 3) au bout des 24 mois, Soumettre le choix entre les projets constitutionnels a référendum populaire. Une fois que le peuple aura choisi sa nouvelle constitution, mettre cette dernière en application dans les 6 mois qui suivent: 1) élections législatives selon la nouvelle loi électorale 2) élection d'un nouveau président de république ou d'un exécutif collégial a la Suisse... Cela empêcherait le pays de sombrer économiquement et financièrement ce qui en ferait une proie facile. Ce plan mobiliserait le pays autour d'un projet national constructif et durable.

    Bibette

    12 h 03, le 06 octobre 2016

  • LE PACKAGE DEAL ? UNE BALLE QUI A RICOCHEE POUR ATTEINDRE SON POINT DE DEPART !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 38, le 05 octobre 2016

  • Il est parfois nécessaire de secouer le cocotier .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 29, le 05 octobre 2016

  • MONSIEUR FATFAT, C'EST MAINTENANT QUE VOUS RÉALISEZ QUE BERRI CONTROLE TOUT ? PERMETTEZ MOI DE VOUS DIRE QUE CE N'EST PAS À VOUS DE PRONONCER CETTE PHRASE QU'ON A LE GOUVERNEMENT QU'ON MÉRITE!

    Gebran Eid

    15 h 03, le 05 octobre 2016

  • La politique du blocage pour obtenir un deal. Technique classique. Le deal proposé par le parti le plus fort sur la composition du pouvoir au Liban ressemble à ce qui s’est passé en Belgique durant les deux dernières législatures. Les parties forts du côté flamand (nord du pays) ont octroyé le poste du premier ministre au francophone (sud du pays) contre une révision de la constitution pour une reforme comme souhaité le nord du pays. Ensuite ils ont octroyé durant la deuxième législature le poste du premier ministre au francophone contre le ministère des finances et les ministères régaliens du royaume.

    DAMMOUS Hanna

    14 h 01, le 05 octobre 2016

  • le blocage de l'election présidentielle au Liban montre clairement que les chiites, a travers leurs representants politiques, ne sont pas satifaits du partage confessionnel du pouvoir instauré par l'accord de Taef qu'ils veulent remettre en question

    Tabet Ibrahim

    11 h 11, le 05 octobre 2016

  • ET DONNE DES AILES DE PLUS DE FANATISME A LA RUE CHIITE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 05 octobre 2016

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