En dépit de leur discours qui insinue souvent le contraire, certaines composantes du 8 Mars continuent de lier l'échéance présidentielle au dossier régional et plus particulièrement à la crise syrienne. C'est ce qui apparaît notamment à la lumière des solutions proposées par le président du Parlement, Nabih Berry, qui ont abouti à compliquer encore plus la situation et à exacerber la crise.
Les récentes rumeurs qui ont circulé à propos des demandes et des conditions posées par le chef du législatif et le Hezbollah pour la période à venir lèvent le voile sur les intentions du parti chiite qui ne veut pas d'une élection présidentielle. Tel est le message véhiculé dans les milieux du parti de Hassan Nasrallah, où on laisse entendre qu'il n'est pas suffisant d'élire un président quant bien même il s'agirait du chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun. Ce qui est demandé, précise-t-on encore dans ces milieux, c'est une entente autour de certains portefeuilles ministériels et postes administratifs. Selon les rumeurs, M. Berry est attaché aux deux portefeuilles des Finances et de l'Énergie. Pour sa part, le Hezbollah refuse que soient octroyés aux Forces libanaises le ministère de l'Intérieur, encore moins la Défense, les Finances, le commandement de l'armée, la gouvernance de la Banque du Liban ou le parquet.
Autant de postes qui constituent des lignes rouges pour le parti chiite qui réclame par ailleurs que soit définies les prérogatives du Premier ministre par le biais d'un règlement intérieur. Également parmi les conditions qu'il place, l'introduction de réformes à la Constitution et le fait que certaines caisses publiques doivent désormais relever de la présidence de l'État et non de la présidence du Conseil.
Il apparaît ainsi de plus en plus clair à chaque fois qu'un règlement de la crise est en gestation, que les composantes du 8 Mars se braquent et affichent des positions qui mènent à l'escalade et compliquent encore plus la situation.
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On l'a notamment vu avec les tentatives déployées par le chef du courant du Futur, Saad Hariri, pour sortir le Liban de l'ornière, auxquelles les forces du 8 Mars ont opposé une série d'entraves suivies d'une série de rumeurs que des figures politiques de ce camp se sont chargées de faire circuler. Cette campagne est venue relayer les propos du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, qui a soutenu que la solution à l'élection d'un chef de l'État passe par Rabieh, et par un vote octroyé à Michel Aoun. Cette mesure devrait aller de pair avec un accord autour du package-deal proposé par M. Berry. Un responsable politique rappelle à ce propos l'accord qui avait eu lieu en 2008 à Doha, autour de Michel Sleiman en tant que président et d'une série de mesures parallèles, accord parrainé par le Qatar à l'époque.
Les récentes positions affichées par le président de la Chambre, aussi surprenantes qu'elles soient, indiquent une seule et même chose, comme le soulignent des sources parlementaires : M. Berry ne peut avaliser la candidature de Michel Aoun, tant que ce dernier n'a pris aucune initiative en direction de Aïn el-Tiné de sorte à atténuer l'adversité de M. Berry à son égard, et ce en ce dépit des conseils prodigués par le Hezbollah à l'adresse du député du Kesrouan.
Dans certains milieux diplomatiques, on signale que quand bien même le package deal que parraine M. Berry constituerait le contexte général d'un règlement, il n'est pas admissible que l'échéance présidentielle soit hypothéquée par un autre dossier.
Aujourd'hui, on évoque désormais l'éventualité de la constitution d'un front politique islamo-chrétien qui regrouperait les Kataëb, les Marada, le courant du Futur, Amal et le Parti socialiste progressiste. Ce front serait chargé d'œuvrer en vue de parvenir à un accord autour d'un candidat consensuel, dans le cas de figure où l'un ou l'autre candidat en lice, Michel Aoun ou Sleiman Frangié, auraient échoué à assurer le quorum nécessaire.
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LA LIBRE EXPRESSION
20 h 21, le 02 octobre 2016