Il est des limites de l’indécence que l’on croyait infranchissables. Peine perdue. Ces limites, aussi élastiques soient-elles, n’existent pas pour Gebran Bassil. Le lumineux ministre de l’Énergie, mais néanmoins gendre idéal, s’est plaint hier soir à la télévision de la panne qui a paralysé le générateur électrique qui éclaire son palais batrouniote. Rendez-vous compte ! C’était en plein anniversaire de ma femme. Et boum ! Le moteur est hors service. Nous étions dans le noir. Nous avons été obligés d’aller dîner au restaurant pour pouvoir continuer la fête... Les Libanais qui par centaines de milliers n’arrivent même plus à allumer l’air conditionné parce que les moteurs, fonctionnant au mieux 21 heures sur 24 dans l’immense majorité des cazas du pays, ne le supporteraient pas en ont la larme à l’œil. Ils n’en oublient pas pour autant de souhaiter un très joyeux et très survolté anniversaire à madame. En se posant une question à l’infernal suspens : pourquoi, diable, lorsque l’on peut se permettre d’acheter un jet privé à un collègue, ne pense-t-on pas faire l’acquisition d’un deuxième générateur à même de pallier cette catastrophe humanitaire d’une birthday party tombée à l’eau ? C’est d’ailleurs la seule interrogation existentielle qui pourrait être résolue. Le reste relève de la science-fiction. Inutile donc de se demander pourquoi Gebran Bassil, la chair de la chair de Michel Aoun, n’essaie pas de convaincre son généralissime beau-père, un matin au petit déjeuner au lit, de mettre un terme à son hallucinante, son obscène croisade antisunnite, dignitaires religieux en tête : rarement le mufti Kabbani aura été aussi virulent – et on voit mal quelles excuses pourraient calmer une communauté entière. Surtout qu’en se livrant à de telles extrémités, Michel Aoun cautionne, légitime même, les excès d’un autre clown : Ahmad el-Assir a exigé hier que le député du Kesrouan soit transféré en asile psychiatrique... Le nivellement par l’ultrabas. Inutile aussi de se demander pourquoi Gebran Bassil, la chair de la chair etc., n’essaie pas de convaincre Michel Aoun de ne plus prendre les Libanais pour d’infinis crétins, de ne plus jouer au don Quichotte lancé sur son cheval orange à la défense d’une armée qu’il a totalement méprisée quand il s’agissait des incidents de Mar Mikhaïl, ou de la mort du capitaine Hanna. Les partisans CPL brûlant des pneus et bloquant les autoroutes nord : et dire que la veille, ils critiquaient pour ces mêmes raisons les sunnites du Akkar. En réalité, l’idéal serait que ce brave homme des Lumières convainque son beau-père de pourrir la vie des Libanais en provoquant chaque jour d’encore plus monstrueux embouteillages. Chaque jour jusqu’aux prochaines élections. Là, ce ne sera plus 48 % qu’il fera au Kesrouan et au Metn. Mais 5 %. La majorité des Libanais en rêve, M. Bassil pourrait le faire. L’hypocrisie, la mauvaise foi, l’indécence peuvent, parfois, avoir du bon.
Liban
Bassil à Mach 2
OLJ / Par Ziyad MAKHOUL, le 21 juillet 2012 à 01h30
Il est des limites de l’indécence que l’on croyait infranchissables. Peine perdue. Ces limites, aussi élastiques soient-elles, n’existent pas pour Gebran Bassil. Le lumineux ministre de l’Énergie, mais néanmoins gendre idéal, s’est plaint hier soir à la télévision de la panne qui a paralysé le générateur électrique qui éclaire son palais batrouniote. Rendez-vous compte ! C’était en plein anniversaire de ma femme. Et boum ! Le moteur est hors service. Nous étions dans le noir. Nous avons été obligés d’aller dîner au restaurant pour pouvoir continuer la fête... Les Libanais qui par centaines de milliers n’arrivent même plus à allumer l’air conditionné parce que les moteurs, fonctionnant au mieux 21 heures sur 24 dans l’immense majorité des cazas du pays, ne le supporteraient pas en ont la larme à l’œil. Ils n’en oublient pas pour autant de souhaiter un très joyeux et très survolté anniversaire à madame. En se posant une question à l’infernal suspens : pourquoi, diable, lorsque l’on peut se permettre d’acheter un jet privé à un collègue, ne pense-t-on pas faire l’acquisition d’un deuxième générateur à même de pallier cette catastrophe humanitaire d’une birthday party tombée à l’eau ? C’est d’ailleurs la seule interrogation existentielle qui pourrait être résolue. Le reste relève de la science-fiction. Inutile donc de se demander pourquoi Gebran Bassil, la chair de la chair de Michel Aoun, n’essaie pas de convaincre son généralissime beau-père, un matin au petit déjeuner au lit, de mettre un terme à son hallucinante, son obscène croisade antisunnite, dignitaires religieux en tête : rarement le mufti Kabbani aura été aussi virulent – et on voit mal quelles excuses pourraient calmer une communauté entière. Surtout qu’en se livrant à de telles extrémités, Michel Aoun cautionne, légitime même, les excès d’un autre clown : Ahmad el-Assir a exigé hier que le député du Kesrouan soit transféré en asile psychiatrique... Le nivellement par l’ultrabas. Inutile aussi de se demander pourquoi Gebran Bassil, la chair de la chair etc., n’essaie pas de convaincre Michel Aoun de ne plus prendre les Libanais pour d’infinis crétins, de ne plus jouer au don Quichotte lancé sur son cheval orange à la défense d’une armée qu’il a totalement méprisée quand il s’agissait des incidents de Mar Mikhaïl, ou de la mort du capitaine Hanna. Les partisans CPL brûlant des pneus et bloquant les autoroutes nord : et dire que la veille, ils critiquaient pour ces mêmes raisons les sunnites du Akkar. En réalité, l’idéal serait que ce brave homme des Lumières convainque son beau-père de pourrir la vie des Libanais en provoquant chaque jour d’encore plus monstrueux embouteillages. Chaque jour jusqu’aux prochaines élections. Là, ce ne sera plus 48 % qu’il fera au Kesrouan et au Metn. Mais 5 %. La majorité des Libanais en rêve, M. Bassil pourrait le faire. L’hypocrisie, la mauvaise foi, l’indécence peuvent, parfois, avoir du bon.
commentaires (14)
Trop c'est trop! L'indécence personnifiée.
Nayla Sursock
08 h 45, le 22 juillet 2012