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Liban - L’éclairage

Quand Berry manœuvre pour faire pression sur Salam...

Les milieux du président de la Chambre Nabih Berry tentent de transposer le clivage constitutionnel sur la tenue d’une réunion parlementaire à l’ombre d’un cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes en clivage politique visant le camp du 14 Mars. Nabih Berry estime en effet que ce dernier s’est défilé des accords politiques qu’il avait contractés avec le tandem chiite Amal-Hezbollah et le Parti socialiste progressiste afin de proroger le mandat de la Chambre.  

 

Selon les milieux berrystes, les positions du président de la Chambre sont donc une réponse à ce qu’il considère comme une dérobade du 14 Mars. La réunion parlementaire n’est en ce sens qu’un corollaire de la décision de proroger le mandat de la Chambre et un moyen de couper court aux tentatives de certains de contester la validité de cette décision, notamment après le torpillage du Conseil constitutionnel par Walid Joumblatt et le duopole chiite.
La position de Nabih Berry n’a pas été sans jeter une grosse brise glaciale dans ses relations avec son allié, le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun. Aussi, ce dernier a-t-il décidé d’adopter une position indépendante vis-à-vis de son camp, après avoir constaté que ses alliés d’Amal et du Hezbollah l’avaient successivement lâché sur le projet dit « orthodoxe », puis sur son opposition à la prorogation du mandat de la Chambre, ou encore sur son refus de l’extension du mandat du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi. Mieux encore, un certain nombre de cadres du CPL seraient en train de préparer un document à l’attention du général Aoun comprenant une liste exhaustive de griefs et autres reproches à l’adresse du Hezbollah... 

 

(Lire aussi: Makari propose une réunion d’explication de la Constitution avant le 16 juillet)


Au lendemain de la prorogation du mandat de la Chambre, Nabih Berry a annoncé sa volonté d’aider le Premier ministre désigné Tammam Salam dans sa mission de formation du nouveau cabinet. Le président de la Chambre estimait qu’il s’agit là d’une priorité pour lui après la prorogation. Mais le « repli stratégique » du 14 Mars – à travers notamment une rétractation sur la prorogation et un rejet de la participation du Hezbollah au cabinet – a fait sur lui l’effet d’une douche froide. Pour le 8 Mars, toutes ces positions du camp adverse sont le fruit d’une « inspiration étrangère » à la suite de l’annonce par le Hezbollah de sa participation à la guerre syrienne et comme réponse à la chute de Qousseir.


Cependant, dans les milieux du bureau de la Chambre et du 14 Mars, on rejette toutes les insinuations en provenance de Nabih Berry et de ses députés. Selon un député membre du bureau de la Chambre, le président Berry a convoqué les membres du bureau à une réunion pour étudier les possibilités de relancer les travaux de la commission (élargie) de suivi de la loi électorale. Mais quelle n’a pas été leur stupeur lorsqu’il leur a exposé un ordre du jour d’une réunion parlementaire comportant notamment une proposition de revoir l’âge de la retraite des chefs sécuritaires pour empêcher le vide à la tête du commandement de l’armée, selon ses dires. Toujours selon ce député, Nabih Berry aurait prétendu avoir consulté les autorités concernées sur la légalité de cette démarche d’ouverture d’une session sans décret et obtenu leur aval... Durant un moment, les membres du bureau acceptent l’initiative Berry et approuvent l’ordre du jour. Mais, après consultation, ils se rétractent : la séance ne saurait être légale et nécessite un décret d’ouverture de cette séance extraordinaire fixant l’ordre du jour et les délais, dans la mesure où la Chambre ne peut légiférer avec toutes ses prérogatives en présence d’un cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes, sauf en cas d’urgence et sur des questions précises.

 

(Lire aussi: Oghassabian pour un gouvernement neutre)


Pour le 14 Mars, ce que propose Nabih Berry relève donc de l’hérésie constitutionnelle et d’un contournement de l’article 69 de la Constitution. Le président de la Chambre n’a d’ailleurs consulté personne avant de prendre sa décision. Il a ainsi profité de l’urgence d’empêcher le vide à la tête de l’armée – réclamée par Saad Hariri et le 14 Mars après les incidents de Saïda – pour « glisser » 45 points à l’ordre du jour de la séance parlementaire, afin de montrer que la Chambre peut légiférer à l’ombre du cabinet démissionnaire et sans décret d’ouverture d’une séance extraordinaire... L’objectif étant le suivant : la Chambre pouvant légiférer en présence d’un cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes, à quoi bon, dès lors, former un nouveau cabinet sous l’égide de Tammam Salam, d’autant que ce dernier refuse de céder aux pressions du Hezbollah... Pour un ancien ministre de la Justice, l’atteinte au principe de la séparation des pouvoirs est flagrante...


Toute l’affaire de la séance parlementaire n’est donc, selon le 14 Mars, qu’un moyen supplémentaire de faire pression sur Tammam Salam pour le pousser à accepter les conditions posées par le Hezbollah, à savoir l’octroi du tiers de blocage au 8 Mars, le refus de l’alternance aux postes ministériels, ou encore le maintien de la formule « armée-peuple-résistance ». Salam jettera-t-il l’éponge? Cédera-t-il aux pressions?
La communauté sunnite acceptera-t-elle une gifle supplémentaire en laissant le duopole chiite présider aux destinées du nouveau cabinet? Pour le Premier ministre désigné, le calvaire continue... et l’abdication plus que jamais possible.

 

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YÎÎÎh ! ? "SACRÉ".... BÉRET VA !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 35, le 04 juillet 2013

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Commentaires (2)

  • YÎÎÎh ! ? "SACRÉ".... BÉRET VA !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 35, le 04 juillet 2013

  • GOUPILEMENT À L'ŒUVRE !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 09, le 04 juillet 2013

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