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Liban - Parlement

Suspense général à l’approche de l’échéance du 15 mai

Un accord de la dernière minute sur une loi électorale mixte n’est pas exclu, assurent les FL et le courant du Futur. Chamoun : « Je ne sais pas ce que Geagea a promis à Hariri. »

À la veille d’une semaine fatidique non seulement pour la loi électorale ou pour le gouvernement, mais pour le principe même du renouvellement des élites, la confusion la plus grande règne dans les milieux politiques concernés. C’est Dory Chamoun lui-même qui l’a avoué candidement, hier, dans une de ces déclarations dont il a le secret.
« Samir Geagea s’est-il ou non engagé devant le courtant du Futur à rejeter le projet de loi électorale dit orthodoxe, en vertu duquel chaque communauté vote pour ses députés ? » a-t-on demandé à M. Chamoun, qui a répondu : « Je ne sais pas ce que Samir Geagea a promis à Saad Hariri. Nous sommes dans un grand moulin ou tout le monde parle en même temps. Les indiscrétions sont si nombreuses que l’on ne sait plus qui croire. »
Voilà donc comment l’une des composantes du 14 Mars parle de l’autre, et il y a fort à parier qu’il en va de même partout. La scène politique locale s’est transformée en une véritable tour de Babel.
M. Chamoun a ajouté, tout aussi franchement et candidement : « S’ils avaient une once d’intelligence, s’ils avaient une seule once de pitié pour ce peuple, ils auraient repris la loi de 1960 avec quelques amendements, parce qu’elle est préférable à tous les projets qui se discutent actuellement. »
Curieusement, la position de M. Chamoun rejoint celle de Michel Pharaon, qui a jugé préférable « pour éviter un saut dans l’inconnu », un retour à la loi électorale de 1960, avec quelques amendements.
On sait en fait que la loi électorale de 1960, bien que stigmatisée par le siège patriarcal maronite et beaucoup de courants et partis représentatifs de l’électorat chrétien, continue d’avoir force de loi, au nom même de la continuité constitutionnelle.
D’ailleurs, M. Pharaon a rappelé que le chef de l’État a déclaré explicitement qu’il introduira un recours en invalidation contre tout vote de prorogation du mandat de la Chambre, estimant que le fonctionnement des institutions ne l’exige nullement, puisque la loi électorale de 1960 a cours.

Ferzli, l’homme d’Assad
Virulent contre Élie Ferzli, le parrain du projet de loi orthodoxe, M. Chamoun a affirmé que l’ancien vice-président de la Chambre ne l’a proposé à nouveau qu’au lendemain des audiences que le président syrien Bachar el-Assad a accordées à une cinquantaine de personnalités du 8 Mars.
M. Chamoun, qui appartient au bloc des personnalités chrétiennes indépendantes, a assuré que les députés rassemblés sous cette bannière voteront contre le projet de loi orthodoxe, s’il figure à l’ordre du jour de la séance du 15 mai, tout comme le feront les députés sunnites et druzes.
« Nous ne serons pas les seuls à voter contre ce projet », a-t-il dit.
Le PNL, pour sa part, a nuancé la prise de position de son chef, en affirmant que le parti est favorable à une loi électorale combinant les deux modes de scrutin majoritaire et proportionnel.
Toutefois, dans son analyse de la situation, le PNL estime que le temps ne permet plus à la classe politique de parvenir à un accord sur ce point, et que le 8 Mars « manœuvre » pour obtenir la prorogation du mandat de la Chambre, indifférent aux échéances constitutionnelles et à « la faillite » que cela représenterait pour l’État libanais, aux yeux de la communauté internationale. Et aux yeux de sa propre population, ajouterait-on.

Zahra promet « une bonne surprise »
Cependant, le député FL Antoine Zahra semble savoir que M. Chamoun ignore. En apparence du moins. « Le Courant patriotique libre (qui sollicitait l’adhésion des FL au projet de loi orthodoxe) a clairement été informé par Samir Geagea que notre priorité absolue va à une loi électorale consensuelle. Nous ne voulons pas nous perdre dans les méandres d’une politique de surenchères », a dit M. Zahra.
Ce qu’il sous-entend , c’est que les FL n’ont pas tout à fait renoncé au projet de loi orthodoxe, mais qu’ils entretiennent le flou à ce sujet, en attendant de voir venir.
Le parlementaire s’est également montré très détaché à l’égard de l’échéance du 15 mai, estimant que d’ici là « beaucoup d’eau peut encore couler sous les ponts ».
Enfin, M. Zahra a annoncé pour bientôt « la bonne surprise d’un accord sur un projet de loi mixte », estimant qu’un accord à ce sujet est « préférable au vide », d’autant plus que le Liban doit aujourd’hui assumer contre son gré la conséquences des défis lancés par le secrétaire général du Hezbollah à Israël.

Confirmation
La promesse d’une bonne surprise semble être confirmée par le député Jamal Jarrah (Futur), qui a affirmé qu’un accord sur une loi électorale mixte est à portée de main, à l’exception d’un détail ou deux relatifs au découpage des circonscriptions surtout touchant Walid Joumblatt.
Or on sait que cette « exception » n’est pas un détail négligeable, et qu’elle touche à la circonscription de Baabda, que les FL veulent rattacher à celle d’Aley et du Chouf, alors que le chef du PSP souhaite que ces deux cazas soient considérés comme une seule circonscription... ce qui équivaut en définitive à faire élire les députés druzes par une majorité druze.
Toujours est-il que Samir Geagea lui-même a confirmé hier, au cours d’une rencontre à Meerab avec une grande délégation de la famille Daccache conduite par Pierre Daccache, venue le remercier d’avoir choisi Chaouki Daccache comme candidat des FL à l’un des sièges maronites du Kesrouan, que « le retour à la loi de 1960 est exclu », et qu’il existe de bonnes chances de parvenir à un projet de loi équitable et représentative d’ici au 15 mai.
De leur côté, et à l’unisson, les députés Ammar Houri (Futur), Mohammad Kabbani (Futur) et Nabil de Freige (Futur) ont jugé que le projet de loi orthodoxe est hors de question. « C’est le suicide du Liban », a dit M. Kabbani qui assure que les députés du Futur se retireront de la Chambre si le projet est soumis au vote. « Cela nous conduira à une guerre civile », a renchéri M. de Freige.
Le Bloc national a critiqué lui aussi le projet de loi orthodoxe, vilipendant une classe politique dont le seul souci est de rester en place, fût-ce au prix « de la partition du peuple libanais ».
Pour Ziad Kadri du Futur « le spectre du vide institutionnel menace ». C’est pourquoi le député a jugé tout aussi urgent que l’approbation d’une nouvelle loi électorale, le vote de la proposition de loi revêtue du caractère de double urgence soumise à la Chambre le 11 mars dernier reculant l’âge de la retraite des officiers supérieurs de l’armée comme des autres forces de sécurité. Un projet de loi qui doit assurer la reconduction dans ses fonctions pour deux ans supplémentaires du commandant de l’armée, Jean Kahwagi, et peut-être le maintien à son poste, par effet rétroactif, du général Achraf Rifi, commandant des FSI.

Préférences
Par ailleurs, le député Imad el-Hout, de la Jamaa islamiya (le nom des Frères musulmans au Liban), a affirmé hier que son parti avait une préférence pour une loi électorale basée sur la petite circonscription, et, qu’à défaut, il opte pour la loi mixte.
De son côté, Ali Hassan Khalil, numéro 2 du mouvement Amal, a affirmé que la séance du 15 mai était là pour assurer le vote d’une nouvelle loi électorale « en dépit des obstacles » sur lesquels bute cet effort.
M. Khalil a mis en garde contre « un vide institutionnel » à la lumière des développements régionaux et mondiaux qui se produisent, et s’est dit convaincu que l’on parviendra à des solutions permettant aux institutions de fonctionner selon les règles constitutionnelles. Il a enfin demandé à tous les protagonistes de la scène politique d’agir « de façon responsable ».
Défendant jusqu’au bout le projet de loi orthodoxe, le député du bloc aouniste Nehmetallah Abi Nasr a affirmé qu’à sa connaissance, les FL et le CPL sont tombés d’accord sur la question.
Pourquoi avance-t-on sa candidature sur une base confessionnelle, et ne vote-t-on pas sur une base confessionnelle ? s’est encore interrogé le parlementaire.
C’est par des sophismes semblables que M. Kanaan a défendu lui aussi le projet de loi orthodoxe, répétant que c’est la seule formule permettant aux chrétiens d’élire leurs propres députés, et de faire respecter de la sorte le principe de la parité, inscrit dans la Constitution.

 

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À la veille d’une semaine fatidique non seulement pour la loi électorale ou pour le gouvernement, mais pour le principe même du renouvellement des élites, la confusion la plus grande règne dans les milieux politiques concernés. C’est Dory Chamoun lui-même qui l’a avoué candidement, hier, dans une de ces déclarations dont il a le secret.« Samir Geagea s’est-il ou non engagé...

commentaires (1)

Chacun va de sa petite déclaration et ce tour d’horizon montre un désaccord, une méfiance entre les Chrétiens du 14 mars qui seront encore une fois mis sur le compte d’un "malentendu". Chacun épie l’autre comme au poker et comme disait Le comédien Newman "Si vous êtes à une table de poker et que vous n’arrivez pas à savoir lequel de vos adversaires va être le pigeon de la soirée, c’est qu’il y a de bonnes chances que ce soit vous." Méfiance à tel point que peut-être ceux qui n’étaient pas complètement éliminés par le feu, le seront par la loi électorale. "Projet de loi équitable et représentatif"??? devant la délégation de la famille Daccache…

Charles Fayad

15 h 15, le 12 mai 2013

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Commentaires (1)

  • Chacun va de sa petite déclaration et ce tour d’horizon montre un désaccord, une méfiance entre les Chrétiens du 14 mars qui seront encore une fois mis sur le compte d’un "malentendu". Chacun épie l’autre comme au poker et comme disait Le comédien Newman "Si vous êtes à une table de poker et que vous n’arrivez pas à savoir lequel de vos adversaires va être le pigeon de la soirée, c’est qu’il y a de bonnes chances que ce soit vous." Méfiance à tel point que peut-être ceux qui n’étaient pas complètement éliminés par le feu, le seront par la loi électorale. "Projet de loi équitable et représentatif"??? devant la délégation de la famille Daccache…

    Charles Fayad

    15 h 15, le 12 mai 2013

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