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Antisémitisme sur les campus américains: la présidente de Harvard maintenue à son poste

La présidente de l'université américaine Harvard , Claudine Gay. REUTERS/Brian Snyder/File Photo

La présidente de l'université Harvard a été maintenue mardi dans ses fonctions malgré les « pressions politiques » aux Etats-Unis et en Israël, après ses propos jugés ambigus sur la lutte contre l'antisémitisme sur le campus, secoué par le conflit meurtrier à Gaza.

« En tant que membres de la Corporation de Harvard, nous réaffirmons ce jour notre soutien à la poursuite du mandat de direction de la présidente (Claudine) Gay », indique la plus haute instance de la prestigieuse université, fondée il y a 368 ans à Cambridge, dans l'agglomération de Boston.

Après un conseil d'administration extraordinaire lundi soir, l'instance a exprimé sa « confiance dans le fait que la présidente Gay est la bonne dirigeante pour aider notre communauté (universitaire) à traiter des très graves questions sociétales auxquelles nous sommes confrontés ».

Claudine Gay, 53 ans, née à New York dans une famille d'immigrés haïtiens, est une professeure de sciences politiques devenue en juillet la première présidente noire de l'université Harvard.

Passions 

Depuis ce week-end, une pétition de près de 700 professeurs s'opposait aux appels et aux « pressions politiques » visant à obtenir la démission de Claudine Gay, accusée d'avoir mal géré des problèmes d'antisémitisme sur le campus.

Rabbin et dirigeant du groupe d'étudiants juifs Harvard Hillel, Getzel Davis a réagi au maintien en poste de Claudine Gay: « Le plus important pour les étudiants juifs d'Harvard, c'est que la culture change, et que nous ayons une administration qui les soutienne, qui nomme, dénonce et lutte contre l'antisémitisme partout où il survient ».

Depuis l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard.

Mardi, le campus historique au coeur de Cambridge, petite ville à l'allure coloniale britannique, était calme, loin de la tension qui entourait les manifestations pro-palestiniennes du mois d'octobre.

Les quelques étudiants qui ont accepté de répondre à l'AFP ont exprimé le désir qu'une institution aussi réputée qu'Harvard reste neutre sur le conflit israélo-palestinien, tout comme les Etats-Unis: « Notre pays devrait se tenir à l'écart des conflits d'autres pays », a ainsi dit Daniel Awgchew, 20 ans.

Quant à Tad Elmer, un retraité de Cambridge, il « pense que les universités ne devraient pas être politisées ».

De riches donateurs et des voix dans le camp républicain, mais aussi démocrate, ont dénoncé une flambée d'incidents antisémites sur les campus et critiqué une réponse trop faible des présidents d'universités, sur fond de critiques récurrentes des conservateurs contre les campus américains qu'ils jugent trop à gauche.

Pour le professeur de sciences politiques Ryan Enos, l'un des 700 signataires de la lettre de soutien, « les conservateurs veulent faire cesser la liberté d'expression sur les campus ». « Et ils ont déjà réussi dans une certaine mesure à faire taire les voix pro-palestiniennes sur les campus universitaires », a-t-il ajouté à l'AFP.

« Contexte » 

Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l'université de Pennsylvanie (UPenn) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, ont répondu cinq heures durant aux questions d'élus de la Chambre des représentants.

Parmi eux, la républicaine Elise Stefanik, qui assimilait les appels à l' »intifada » d'étudiants pro-palestiniens à une exhortation au « génocide contre les juifs en Israël et dans le monde ».

Lorsque Mme Stefanik avait demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Mme Gay avait répondu: « Cela peut, en fonction du contexte », avant d'ajouter: « Si c'est dirigé contre une personne. »

La polémique provoquée par ces propos a contraint Elizabeth Magill à quitter samedi la présidence de UPenn, et 70 élus, surtout républicains, ont réclamé le départ de Mme Gay.

« La présidente Gay a présenté ses excuses pour la manière dont elle a témoigné devant le Congrès et s'est engagée à redoubler les efforts de l'université pour combattre l'antisémitisme », a souligné mardi la Corporation de Harvard.

En Israël, allié militaire des Etats-Unis, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait dénoncé dimanche une « flambée d'antisémitisme sur les campus » américains, que le mémorial de la Shoah, Yad Vashem, a comparé à un « cancer ».

La présidente de l'université Harvard a été maintenue mardi dans ses fonctions malgré les « pressions politiques » aux Etats-Unis et en Israël, après ses propos jugés ambigus sur la lutte contre l'antisémitisme sur le campus, secoué par le conflit meurtrier à Gaza.« En tant que membres de la Corporation de Harvard, nous réaffirmons ce jour notre soutien à la...