Le dessin de...

Le Dessin de Zeina Abi Rached

Le Dessin de Zeina Abi Rached

© Diego Ibarra Sánchez

Les images de Diego Ibarra Sánchez sont probablement familières aux lecteurs de la presse internationale. Souvent sombres, envoutées, elles véhiculent avec acuité les tensions et les douleurs des vies sur lesquelles le photographe espagnol porte son regard. Assurément, son travail questionne plus qu'il ne dit et nous entraîne loin dans nos réflexions, au-delà de la simple illustration d'un événement ou d'une situation.

Ses histoires visuelles explorent une grande variété de contrées. Après l'Amérique du Sud en 2006 et quelques années en Espagne où il travaille pour la presse catalane, Diego Ibarra Sánchez s'installe en 2009 au Pakistan, pays qu'il explore dans toutes les profondeurs de ses strates et de ses problématiques. Il couvre aussi à la même période différents sujets en Afghanistan, au Bahreïn, en Libye, au Nigéria et en Tanzanie. En 2014, le voilà à Beyrouth, sa nouvelle ville de cœur depuis plus de huit ans.

Loin de Talibans, des burkas et de l'odeur du chaï, il découvre avec stupeur un pays méditerranéen étrange où se côtoient misère et publicités pour la chirurgie plastique, soirées mondaines et faillite générale des services publics. Plus étonnamment, c'est dans le chaos de Beyrouth qu'il a trouvé le calme et la sérénité, par un renversement de perspective : « J'ai découvert que ce n'étaient pas les pièces qui étaient à l'envers mais la façon dont je les regardais. Au fil du temps, j'ai découvert que le Liban n'était plus un pays étranger rempli d'histoires de réfugiés, de travailleurs domestiques, de mascarades et du spectre de la guerre civile et du sectarisme. Le 4 août 2020, une partie de moi est morte dans l'ombre de l'explosion fatidique qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. J'ai découvert que le Liban était devenu une partie de moi, de nous. De manière douloureuse, le sentiment de temporalité s'est transformé en appartenance, perte et deuil. La révolution, l'ombre de l'explosion, le COVID, et la détérioration des conditions de vie à pas de géant semblaient engloutir l'héritage du passé, brisant les murs sociaux impénétrables et frappant, comme un torrent débordant, toute la société languissante dans une coma. »

C'est un peu tout cela que l'on retrouve dans sa première publication The Phoenician Collapse préfacée par Amin Maalouf. Cet ouvrage étonnant et mémoriel est à la fois son histoire et la tentative de retracer l'histoire de l'effondrement – tel que vécu de l'intérieur – du Liban. On y trouve autant d'images poignantes qui, dans une narration tendue, nous entraînent dans les tréfonds de la crise permanente dans laquelle le pays continue de s'enfoncer, que de textes et de documents utiles qui auscultent les convulsions de l'histoire libanaise.

The Phoenician Collapse de Diego Ibarra Sánchez, essai d'Ethel Bonet, préface d'Amin Maalouf, édition photo de Sarah Leen, ancienne éditrice photo du National Geographic, édition bilingue anglais-espagnol, FotoEvidence and Ediciones Universidad San Jorge, Jalón Ángel Collection, n° 3, 16 x 21 cm, 318 p.

Les images de Diego Ibarra Sánchez sont probablement familières aux lecteurs de la presse internationale. Souvent sombres, envoutées, elles véhiculent avec acuité les tensions et les douleurs des vies sur lesquelles le photographe espagnol porte son regard. Assurément, son travail questionne plus qu'il ne dit et nous entraîne loin dans nos réflexions, au-delà de la simple illustration...

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