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Liban - Crise

À Saïda, les bases d’un conflit semblent se consolider

Un haut responsable sécuritaire affirme à « L’Orient-Le Jour » que « l’entente politique est au seuil zéro ».

Un vendredi entre une énième manif à Saïda de cheikh Assir et une accusation lancée par le chef de la gendarmerie selon lequel « certaines parties » ont coordonné hier des activités d’islamistes sur tout le territoire libanais, notamment à la prison de Roumieh, où plusieurs gardiens ont été pris en otages par des prisonniers (islamistes) qui réclamaient une amnistie générale. Ahmad Mantach/Wissam Moussa/Archives

Même si la prière du vendredi, convertie en manifestation hebdomadaire des partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir à Abra (à l’est de Saïda), s’est achevée sans troubles hier, au milieu de mesures sécuritaires draconiennes, rien ne présage que l’épisode de la confrontation entre l’imam de la mosquée Bilal ben Rabah, d’une part, et le Hezbollah, d’autre part, dont certains membres habiteraient deux appartements dans le même secteur (selon el-Assir), est près d’être clos.
D’abord, la manifestation organisée hier à Abra s’est achevée sur un appel de cheikh el-Assir à une nouvelle manifestation aujourd’hui. Il a affirmé plus tard en soirée, lors d’un entretien télévisé, que la manifestation de ses partisans « s’effectuera désormais au quotidien, selon une méthode d’escalade pacifique ». « Nous ne provoquons personne, ce sont les autres qui nous agressent », a-t-il encore ajouté. Une source salafiste citée par le site d’informations nowlebanon a affirmé que « le Liban brûlera au cas où un mal arrive à cheikh Ahmad el-Assir ».

« Au seuil zéro »...
En outre, un haut responsable sécuritaire interrogé par L’Orient-Le Jour a rappelé « l’état d’alerte des services sécuritaires visant à faire face à une situation délicate ». « L’entente politique, qui reste la seule garantie de sécurité dans le pays, est aujourd’hui au seuil zéro », a-t-il déploré, en réponse à une question.
Un retour sur la manifestation d’hier... La tension était vive dès le matin à Saïda, avant le début de la manifestation salafiste visant à dénoncer la présence armée de partisans du Hezbollah près de la mosquée Bilal ben Rabah dont cheikh el-Assir a la charge à Saïda. Au moment de la manifestation, vers 13h, la tension était un peu retombée, Ahmad el-Assir ayant appelé ses partisans à ne pas porter atteinte à la sécurité.

« L’armée était partout »
La manifestation s’est donc déroulée dans le calme, au milieu d’un dispositif de sécurité radical et d’un déploiement massif de l’armée et des FSI (y compris leurs unités spéciales) pour éviter tout débordement. « L’armée était partout », a témoigné à L’OLJ un habitant des environs de la mosquée. En effet, la section Liban-Sud du Conseil central de sécurité, réunie dans la matinée au sérail de Saïda, avait interdit toute présence armée dans les rues de Saïda et confiné la manifestation de cheikh el-Assir à la cour de la mosquée, dans le cadre d’un plan sécuritaire visant à prévenir de dangereux clashs durant le sit-in. Cheikh el-Assir aurait même conseillé à ses proches et ceux qui habitent dans les environs de la mosquée Bilal ben Rabah d’éviter de rester chez eux lors de la manifestation, à titre préventif. Selon des sources citées par al-Akhbar, « certaines familles apolitiques ont pris l’initiative de sortir du quartier lors de la manifestation, afin d’éviter à leurs enfants un nouveau chapitre de la guerre ».
Les Forces de sécurité intérieure ont déclaré « zone militaire » la zone de Abra (quartier de Saïda où se situent la mosquée Bilal ben Rabah et les appartements qui abriteraient, selon cheikh el-Assir, des éléments du Hezbollah), interdisant l’accès à toute personne n’ayant pas un permis accordé par les services de sécurité. Une source sécuritaire citée par le quotidien al-Akhbar avait d’ailleurs assuré qu’un « feu vert a été donné à l’armée et aux FSI de réagir avec fermeté au moindre trouble ou manifestation armée lors de l’apparition d’Ahmad el-Assir ». D’ailleurs, ce dernier avait été notifié la veille, par le mohafez du Sud, de la décision ferme des autorités d’interdire toute manifestation armée et toute tentative de s’approcher ou d’entrer par effraction dans les appartements habités par les éléments du Hezbollah.

Les salafistes craignent la réédition du 7 mai
Toutes ces mesures ont été prises en réaction à une précédente manifestation organisée, vendredi dernier, par cheikh el-Assir, au cours de laquelle ses partisans, armés, avaient investi le périmètre de la mosquée, faisant craindre des heurts avec des militants chiites. Cette manifestation avait pour prétexte l’existence d’éléments armés du Hezbollah dans les deux appartements de Abra, et qui menaceraient la sécurité du cheikh salafiste. Ces éléments auraient effectué des va-et-vient suspects autour de la mosquée vendredi dernier, au moment où il prêchait, toujours selon cheikh el-Assir.
L’attaché de presse du cheikh salafiste, Mohammad Kawwam, a rapporté pour sa part que « l’armée a imposé un cordon sécuritaire autour de la mosquée de manière à en couvrir toutes les entrées. Chaque croyant est minutieusement contrôlé avant d’entrer faire sa prière. Les caméras et autres appareils de diffusion directe sont confisqués aux journalistes, qui ont d’ailleurs été empêchés de traverser le rond-point Kanaya, situé à près de trois kilomètres de la mosquée ».
« Les points de parking habituellement utilisés par les croyants ont été occupés par les tanks militaires », a-t-il observé, ajoutant que « la ville de Saïda n’a pas connu de déploiement sécuritaire de cette ampleur, même lors de l’occupation israélienne ». Mais pour lui, ce renforcement du contrôle sécuritaire présagerait d’une possible attaque du Hezbollah.
« Nous craignons que ce déploiement prélude à un coup que prévoit de porter contre nous le Hezbollah, afin de déclencher des affrontements (...). De deux choses l’une : soit ils voudraient interdire la manifestation, soit ils veulent orchestrer une opération qui ressemble à l’attaque du 7 mai (2008). »

 

(Pour mémoire : Nasrallah hausse le ton face aux accusations sunnites contre le Hezbollah)

El-Assir : L’Iran a assujetti l’armée
D’ailleurs, dans son prêche hier, cheikh el-Assir a associé l’armée et les FSI aux intérêts iraniens. Le cheikh salafiste a estimé que l’interdiction faite aux médias de couvrir la manifestation servirait à mettre en œuvre l’agenda iranien dans la région. « Ce dont nous témoignons aujourd’hui est la preuve de l’occupation iranienne masquée du Liban, telle que l’avait voulue, depuis les années 80 (le secrétaire général du Hezbollah Hassan) Nasrallah, a déclaré cheikh el-Assir. Mais vu la spécificité du Liban, cette occupation ne pouvait se produire que par l’assujettissement des institutions de l’État et de ses services sécuritaires. Mais nous ne nous tairons pas jusqu’à ce que cet assujettissement soit levé et nous n’accepterons pas une réédition du scénario du 7 mai. »
Cheikh el-Assir a réitéré dans ce cadre son refus catégorique des « appartements lourdement armés, relevant du parti d’Iran (le Hezbollah) et répandus dans les environs de la mosquée (Bilal ben Rabah) ». « Faudrait-il que nous portions plainte devant les autorités judiciaires, sans que celles-ci ne bronchent ? Est-il demandé que des éléments armés se manifestent autour de la mosquée sans que nous ayons le droit de nous défendre ? Pire, des mandats d’arrêt sont émis contre nous ! s’est-il indigné. C’est contre toute logique que d’aucuns veulent nous taxer de fanatisme », a-t-il ajouté, avant d’appeler les manifestants à marcher pacifiquement vers les deux appartements présumés du Hezbollah, non loin de la mosquée, jusqu’à ce que l’armée déployée sur les lieux leur fasse signe de s’arrêter.

Une mise en garde de Daher ?
C’est à la fin de son discours qu’il a appelé ses partisans à une nouvelle manifestation aujourd’hui dans la cour de la mosquée Bilal ben Rabah. La section Liban-Sud du Conseil central de sécurité a confirmé plus tard qu’il a été convenu que la manifestation se déroule aujourd’hui dans l’enceinte de la mosquée.
Au niveau des concertations politiques, une réunion aurait eu lieu jeudi soir entre les députés Khaled Daher et Mouïn Merhebi, et le fondateur du courant salafiste au Liban cheikh Daï al-Islam Chahhal, selon une source salafiste anonyme citée par nowlebanon. La même source a rapporté des propos que le député Daher aurait adressés par téléphone au ministre de l’Intérieur. « Si quelque chose devait arriver à cheikh Ahmad el-Assir, le Liban s’enflammera littéralement », aurait lancé Khaled Daher au ministre.

Le refus du Futur, les accusations du 8 Mars
Néanmoins, le courant du Futur continue de se démarquer clairement du cheikh salafiste. Hier encore, le député Mohammad Kabbani, membre du bloc du Futur, a réitéré « le refus par le courant du Futur du phénomène Ahmad el-Assir ». Rejetant « le recours à la rue et aux armes pour imposer une opinion par la force », il a affirmé que « le courant du Futur ne couvre absolument pas le mouvement d’el-Assir ». Pour sa part, le coordinateur du courant du Futur à Saïda a effectué une tournée auprès des responsables sécuritaires au Sud, insistant sur « le refus de tout acte susceptible de nuire à Saïda ou de provoquer un schisme entre les fils de la ville ».
Du côté du 8 Mars, c’est le même appel à la stabilité qui est lancé. Le secrétaire général de l’Organisation populaire nassérienne, Oussama Saad, a affirmé, lors d’une conférence de presse, que « Saïda vaincra la tentative de semer la discorde confessionnelle ». Il a estimé que « le courant du Futur est le père spirituel des mouvements provocateurs et anormaux », dans une allusion à cheikh el-Assir. En outre, cheikh Afif Nabulsi, proche du Hezbollah, a affirmé que « les habitants de Saïda préserveront l’identité de la ville, qui a été un terrain de rencontre entre sunnites et chiites ».

 

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Tripoli-Ersal-Aïn el-Héloué, le triangle de la déstabilisation, l'article de Scarlett HADDAD

Même si la prière du vendredi, convertie en manifestation hebdomadaire des partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir à Abra (à l’est de Saïda), s’est achevée sans troubles hier, au milieu de mesures sécuritaires draconiennes, rien ne présage que l’épisode de la confrontation entre l’imam de la mosquée Bilal ben Rabah, d’une part, et le Hezbollah, d’autre part, dont...

commentaires (6)

L'analyse objective dit que les interventions d'éléments Libanais, de qui que ce soit, dans le conflit d'à côté, sèment la spore empoisonnée et pavent la base des conflits dans la maison...

SAKR LEBNAN

10 h 27, le 03 mars 2013

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • L'analyse objective dit que les interventions d'éléments Libanais, de qui que ce soit, dans le conflit d'à côté, sèment la spore empoisonnée et pavent la base des conflits dans la maison...

    SAKR LEBNAN

    10 h 27, le 03 mars 2013

  • Si le futur en déliquescence totale mais qui se déssolidarisede son clown ( ??? !!! ), Mikati et les notables de Tripoli dans le refus et l'espectative de cette frange sunnite libanaise, la question sera de savoir si ce clown est celui qui parle pour cette honorable communauté ? est il leur représentant, leur recours leur bouée de sauvetage , on voudrait bien savoir quel est son rôle, parce que là , comme on dit en Afrique , "Golo amna allimettes" : le singe joue avec des allumettes en terre aride.

    Jaber Kamel

    21 h 04, le 02 mars 2013

  • Le courant du Futur qui continue de se démarquer clairement du cheikh salafiste Assir est vraiement un humour noir . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    13 h 04, le 02 mars 2013

  • Tant qu'il s'agit de manifestations pacifiques, ça va, mais les diatribes contre l'Etat et l'Armée devraient cesser. Si, comme a dit le Sayed H.N. les appartements faisant face à la Mosquée étaient habités par le Hezb bien avant que la Mosquée soit bâtie, on en voit pas alors pourquoi aujourd'hui il devrait y avoir problème. A Saïda, un frein devrait être mis quelque part...

    SAKR LEBNAN

    10 h 24, le 02 mars 2013

  • Sans déconner....là,ils sont bons à enfermer ces mecs là...ils peuvent se mettre là où je pense leur rhétorique pyromane,et aller épouiller leurs nids à poux hirsutes!Non,mais!Qu'est ce que c'est que ces façons de parler du Liban? Et de l' Armée?

    GEDEON Christian

    03 h 14, le 02 mars 2013

  • ce barbu, commence à se prendre pour le roi, et ce Daher fait des menaces, et personne ne dit rien !!!!!

    Talaat Dominique

    02 h 23, le 02 mars 2013

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