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Liban - Loi electorale

Vague de réprobation au sein du 14 Mars contre le document orthodoxe

La loi proposée par le Rassemblement orthodoxe et adoptée par la commission de suivi de Bkerké a soulevé hier une vague de réprobation dans les milieux du 14 Mars, notamment chrétiens.


Le chef du Parti national libéral, le député Dory Chamoun, a ainsi affirmé qu’il « n’était pas d’accord sur la proposition orthodoxe ». « Le problème le plus grave, au Liban, c’est le confessionnalisme. Cette loi consacre et consolide encore plus le confessionnalisme. Je ne lui donne pas ma caution, a-t-il indiqué. Comment, au XXIe siècle, certains peuvent encore penser politiquement de cette façon ? » a ajouté M. Chamoun, estimant que le chef du Courant patriotique libre, le député Michel Aoun, « souhaite faire passer cette loi pour montrer qu’il est le roi tout-puissant de la jungle et se tailler une loi à sa propre mesure ».


Le député Boutros Harb a lui aussi exprimé son rejet du projet Ferzli. « J’avais déjà informé le patriarche maronite et la commission, en marge de la réunion à laquelle je n’ai pas assisté, que j’étais contre la loi du Rassemblement orthodoxe, de même que je refuse l’adoption de la proportionnelle à l’ombre des armes illégales, a-t-il indiqué. Ce projet menace l’unité du Liban, la présence chrétienne et le rôle actif des chrétiens, contrairement aux arguments avancés », a ajouté M. Harb, affirmant qu’il mène des concertations avec les députés indépendants pour adopter une position unie sur la question.

Michel Moawad
Le chef du Mouvement de l’Indépendance, Michel Moawad, qui a été reçu hier à Baabda par le président de la République, Michel Sleiman, a salué la position du chef de l’État hostile au projet Ferzli. Saluant l’initiative de Bkerké de tenter de réunir les forces chrétiennes autour d’un seul projet de loi électorale et proclamant son « attachement au principe d’un assainissement de la représentation chrétienne et des fondements du partenariat national, mutilés depuis 1992 en raison des lois électorales élaborées », M. Moawad a mis en garde contre « les graves dangers qui résident dans la loi Ferzli au niveau de l’entité libanaise et de la présence chrétienne libre au Liban ». M. Moawad a ensuite développé une série d’arguments pour rejeter la loi en question. Il a ainsi plaidé pour le projet fondé sur la petite circonscription, qui « corrige la représentation chrétienne sans torpiller la coexistence ». Il a ensuite mis en garde contre « le cloisonnement identitaire-communautaire » que la loi dite orthodoxe générerait, transformant le pays « en arène de conflits communautaires ». Pour lui, les chrétiens doivent « préserver l’identité libanaise ouverte et moderne, la République, ses valeurs et ses institutions ainsi que le pacte », et « édifier un État fort, capable d’imposer la souveraineté de la loi à l’ensemble du territoire et à chaque citoyen ».


Cette loi « ouvre la voie à une descente aux enfers vers la logique numérique et pave donc la voie à la formule de la tripartition, a en outre ajouté Michel Moawad. De plus, les chrétiens, dont le nombre se réduit, devraient compenser cette donne en s’inscrivant davantage dans leur environnement et en créant encore plus d’espaces communs intercommunautaires en faveur de la modération », a-t-il souligné, en se référant au synode, qui stipule que les chrétiens ne sont pas une minorité, mais une société active qui participe activement à une prise de décision commune pour l’avenir de tous. Or la loi Ferzli « remplace la participation par une cohabitation », ce qui renforcera au final le radicalisme et affaiblira la modération, mettant en danger la présence chrétienne, a noté Michel Moawad. En définitive, cette loi n’assainit pas la représentation, mais « torpille l’État, le pacte, la modération et, partant, tous les piliers réels de la présence chrétienne libre au Liban », a-t-il conclu.

Majdalani
Le député Atef Majdalani a rejeté, pour sa part, la dénomination de « loi orthodoxe ». « Nous en sommes très loin dans la réalité. Il s’agit de la loi d’Élie Ferzli et la communauté orthodoxe en est innocente, a-t-il souligné. Ce qui m’a frappé, c’est que cette loi, adoptée par la commission de Bkerké, est aux antipodes du slogan du patriarche maronite, communion et partage. Cette loi annihile le partenariat, qui est la communion, et le partage disparaîtra de lui-même parce que l’extrémisme s’installera dans chaque communauté pour y consolider la haine, a souligné M. Majdalani. Par ailleurs, cette loi va à l’encontre de Taëf et de ses fondements, à savoir la formule de coexistence, ce qui est dangereux pour l’avenir. Elle risque, dans ce sens, de créer un précédent dans le sens d’un écart par rapport aux fondements de Taëf », a-t-il conclu.


Le député Hadi Hobeiche a estimé que l’adoption de cette loi serait « la fin du pays ». « Nous sommes pour la saine représentation, mais nous devons consolider la coexistence, et non pas consacrer le communautarisme », a-t-il noté, estimant que « la surenchère entre partis chrétiens provoque une régression générale ».


Le député Henchag Sebouh Kalbakian a déploré le retour du débat sur cette loi, qui « s’oppose à l’esprit de Taëf et menace la coexistence dans son essence ». « Cette loi nous sert, dans la forme, car elle ôte toute influence des autres communautés sur les Arméniens, mais nous y sommes fortement opposés dans une perspective nationale. Nous ne voulons pas renouveler les guerres sectaires, or cette loi renforce le discours radical des partis et des communautés dans une tentative de séduire l’opinion publique, et nous ramène des années en arrière. Nous aspirons, au contraire, à une loi qui puisse renforcer les liens entre nous et non pas nous replier sur nous-mêmes », a-t-il ajouté.
Les députés Tammam Salam et Ammar Houry ont également rejeté le projet de loi dite « orthodoxe ».

 

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commentaires (3)

Pauvres.... "chréti(e)ns" !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 45, le 10 janvier 2013

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Commentaires (3)

  • Pauvres.... "chréti(e)ns" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 45, le 10 janvier 2013

  • Pourquoi toute cette hystérie ? Les chrétiens ne veulent plus être des suivistes. Un point c'est tout !

    SAKR LEBNAN

    06 h 37, le 10 janvier 2013

  • Je comprends bien que "les plus représentatifs" de leur communauté sont contre le projet de la rencontre Orthodoxe

    Chadarev

    02 h 16, le 10 janvier 2013

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