Attendu dimanche matin au Liban pour une visite de quelques heures avant de reprendre l’avion pour l’Arabie saoudite puis le Laos, le président François Hollande veut apporter de la manière la plus directe le soutien de la France au Liban et à ses institutions.
En commençant par la présidence de la République où il rencontrera le chef de l’État, M. Michel Sleiman, en tête à tête, puis, éventuellement, en tenant à Baabda des réunions avec de hauts responsables du pays, pour réaffirmer la position de la France favorable à un dialogue interne pour régler les problèmes politiques en suspens, ainsi qu’au maintien de la « politique de distanciation » à l’égard des événements de Syrie.
Dans les milieux politiques et diplomatiques français, on continue d’exprimer une inquiétude grandissante tant face à ce que l’on aime à appeler ici « la contamination » du pays du Cèdre par le conflit en Syrie que par rapport à la dégradation de la situation dans le pays voisin.
Le président Hollande, qui réaffirmera que la France soutient fermement la ligne politique gouvernementale libanaise, ne cache pas sa grande inquiétude face à un vide gouvernemental et préconise que les diverses parties libanaises s’entendent sur une alternative au cabinet Mikati.
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Le moyen d’y parvenir, expliquent des sources proches de l’Élysée, est de s’unir autour du président Michel Sleiman qui reste, disent-elles, le seul garant de la stabilité du pays et qui prône depuis des mois un dialogue national à Baabda. Faute d’un tel dialogue et d’une confiance des diverses parties en l’action du chef de l’État libanais, Paris pense que le gouvernement doit rester en place.
Dans cet ordre d’idées et sauf imprévu, une visite de travail du président Mikati sur les bords de la Seine est prévue du 19 au 23 novembre, avec, au programme, des entretiens avec le président Hollande, le Pemier ministre Jean-Marc Ayrault, le ministre des AE, Laurent Fabius, des groupes parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale ainsi que des personnalités des milieux économique et financier.
La délégation libanaise comprendra cinq ministres, apprend-on de source bien informée. Ces derniers rencontreront leurs homologues français pour discuter de dossiers bilatéraux. Le chef du gouvernement pourrait assister le 22 novembre à la réception traditionnelle que donne chaque année l’ambassadeur Boutros Assaker à l’occasion de la fête de l’Indépendance.
Salafisme et prudence
Pour en revenir à la notion de « distanciation », on laisse entendre de source proche du Quai d’Orsay que la plus grande prudence s’impose aujourd’hui du fait de l’accroissement du nombre d’éléments armés étrangers qui affluent de divers pays vers la Syrie.
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Il s’agit maintenant de groupes « salafistes » connus que l’opposition syrienne aura du mal à maîtriser dans la Syrie de demain, dit-on de même source.
Et d’admettre que les lenteurs de la diplomatie internationale, le manque de fermeté de l’Occident dans cette confrontation, devenue maintenant régionale avec une connotation internationale, sont en partie responsables de la transformation du mouvement pacifique de l’opposition au régime de Damas en une véritable guerre à armes inégales.
Tiédeur des USA
Dans les milieux diplomatiques arabes à Paris mais proches de Washington, on explique que la « tiédeur » des USA n’est pas due uniquement à l’élection présidentielle américaine, mais aussi à des réserves US pour la fourniture aux insurgés syriens d’armes sophistiquées qui leur permettraient d’améliorer leurs positions et de harceler réellement l’armée régulière.
Des politiciens américains proches du Pentagone auraient confié à des diplomates arabes en poste en France qu’un tel armement (même les célèbres « Stinger ») pourrait tomber entre les mains d’islamistes et que, pour l’instant, aucune autorité opposante syrienne ne peut rien garantir sur ce chapitre.
Cette réserve américaine aurait été bien entendu prise en compte par les stratèges du Quai d’Orsay qui avaient adopté des positions en flèche contre le régime de Damas.
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commentaires (7)
Il faudra lui faire goûter les croissants au zaatar. Ce serait bien qu'il les généralise dans les boulangeries de France et de Navarre. Son voyage aura au moins servi à quelque chose.
Robert Malek
07 h 41, le 03 novembre 2012