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Liban - La situation

Glissement sur commande

La politique consistant à tenir le Liban à l’écart des événements de Syrie, si chère à Nagib Mikati, a donc vécu. Elle a définitivement rendu l’âme hier, à un barrage militaire du Akkar... des suites d’une longue maladie, pourrait-on préciser.
Depuis quelques jours, les indices se multiplient à un rythme infernal sur les évidentes intentions du régime syrien de passer enfin à l’acte au Liban, l’objectif étant de faire comprendre au Premier ministre libanais que son slogan n’est plus de mise et que le gouvernement qu’il dirige se doit d’être plus coopératif.
Entretenir la discorde au Liban a constamment été le principal moyen utilisé par Damas, dans ses meilleurs jours, pour faire plier toutes les résistances libanaises. Voudrait-on qu’il en soit autrement à présent que le régime syrien est placé dos au mur ?
Il est vrai que M. Mikati et sa politique fétiche sont, depuis quelque temps déjà, la cible d’attaques verbales sans précédent de la part des milieux politiques libanais organiquement liés à la Syrie. On a entendu des créatures de Damas dire à diverses reprises combien Nagib Mikati paraissait, à leurs yeux, être pire encore que... Saad Hariri.
Sans aller jusque-là, l’ambassadeur du régime syrien à Beyrouth, Ali Abdel Karim Ali, s’égosille depuis des semaines à dénoncer les « méfaits » pour son pays de la « tenue à l’écart » du Liban. Ses appels ne sont pas restés vains d’ailleurs, dans la mesure où certains membres du gouvernement, en particulier les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, ne sont pas, à la base, du genre à se faire prier pour avoir l’honneur de rendre de menus services au régime voisin.
Mais voilà, s’agissant de choses menues, il paraît évident qu’aux yeux de la Syrie, ces ministres-là ne sont, justement, que du menu fretin. D’autant qu’en ce qui concerne le chef de la diplomatie, s’il se révèle être lui-même un assistant zélé du ministère syrien des Affaires étrangères, ce n’est peut-être que par souci de donner le change et dissimuler le mutisme éloquent de son instance politique de référence à l’égard de la situation en Syrie. C’est peu de dire, en effet, que Nabih Berry, autrefois principal allié de la Syrie au Liban, s’en tient depuis de longs mois au minimum requis en la matière.
Même le Hezbollah entretient depuis quelque temps une attitude ambigüe au sujet des événements de Syrie. La vieille littérature pro- « moumanaa » est toujours de mise, naturellement, dans les discours de son secrétaire général, mais il est clair qu’un processus de distanciation politique a été, dans une certaine mesure, entamé par le parti.
Cette ambiguïté chez les pôles chiites se fait d’ailleurs ressentir dans le fait qu’ils ne se sont pas joints aux critiques adressées à la politique officielle de « tenue à l’écart », lesquelles viennent exclusivement des milieux plus organiquement dépendants de Damas.
Il paraît donc clair, comme le relèvent nombre d’observateurs de divers horizons, que le régime syrien a pris la décision de traduire en actes son mécontentement à l’égard de l’évolution prise par le Liban. À moins de croire aux effets d’un improbable hasard, on ne peut que constater, en effet, le lien évident reliant la suite d’événements qui se sont produits ces derniers jours.
De l’arrestation rocambolesque de Chadi Mawlaoui, contenant en elle-même tous les ingrédients d’un acte de provocation – nonobstant la culpabilité ou pas du jeune islamiste – au meurtre hier d’un dignitaire religieux sunnite et de son compagnon dans le Akkar, en passant par les informations de presse sur la liste de personnes réclamées par la Syrie, l’appel d’un pion syrien de Tripoli à l’intervention de « l’armée-sœur » et les accusations contre Beyrouth du représentant de Damas à l’ONU, tout cela illustre bien un regain de fébrilité sur les rives du Barada à propos du Liban.
Le fait que Mawlaoui et le dignitaire tué hier soient ou ont été des partisans notoires de la révolution syrienne ne peut qu’ajouter au sentiment répandu que ce qui se passe est une énième tentative de la part de la Syrie de déstabiliser le Liban. Trois pays du Golfe – le Qatar, Bahrein et les Émirats arabes unis – ne s’y sont pas trompés en appelant leurs ressortissants à quitter au plus tôt le pays.
Mais la cerise sur le gâteau a été la soudaine décision syrienne la semaine dernière de livrer aux autorités libanaises les ravisseurs des cyclistes estoniens. On voit bien là le procédé classique utilisé par le régime syrien au Liban depuis des décennies : semer autant que possible le chaos dans ce pays, puis venir se présenter face à la communauté internationale, et l’Occident en particulier, comme étant l’unique acteur capable de remettre de l’ordre dans les affaires de ces incorrigibles Libanais.
La ficelle est plus grosse que jamais, mais il existe hélas des Libanais – et des plus inattendus – qui refusent de la voir.
On cherche manifestement, et par des moyens provocateurs et même criminels, à dresser la communauté sunnite contre l’armée libanaise, comme pour à la fois discréditer la première et neutraliser la seconde. Conscients du piège, les dirigeants de l’opposition, à commencer par Saad Hariri et Fouad Siniora, multiplient les appels au calme et tancent même des députés du Nord un peu trop zélés qui s’en prennent en bloc à l’institution militaire.
Il est à présent devenu notoire que la population sunnite, notamment dans ses couches défavorisées, est de plus en plus excédée par les abus qu’elle subit et que le courant du Futur a toutes les peines du monde à la contenir. En dépit de cela, des membres du bloc du Changement et de la Réforme n’en démordent pas : « Le Futur veut frapper l’armée », affirmait ainsi hier le député Ziad Assouad (Jezzine). Est-il encore temps de lui expliquer qu’aucun des deux ne veut manifestement frapper l’autre et que ce sont ses nouveaux amis, au-delà de la frontière, qui font du « business as usual » en cherchant à frapper les deux à la fois ?
Reste Nagib Mikati. Sa réponse vendredi aux accusations syriennes à l’ONU était certes louable. Mais il lui faudra désormais redoubler d’efforts et déployer des trésors d’imagination pour renflouer de manière crédible sa politique visant à maintenir le pays à l’écart du conflit syrien. Pour cela, il devra réussir un double pari : empêcher le Liban de glisser vers l’abîme tout en tenant tête à Damas.
Il lui faudra aussi cesser d’être, comme on le lui a reproché récemment, « un Premier ministre à temps partiel ».
La politique consistant à tenir le Liban à l’écart des événements de Syrie, si chère à Nagib Mikati, a donc vécu. Elle a définitivement rendu l’âme hier, à un barrage militaire du Akkar... des suites d’une longue maladie, pourrait-on préciser.Depuis quelques jours, les indices se multiplient à un rythme infernal sur les évidentes intentions du régime syrien de passer enfin à...

commentaires (5)

Evidemment sur Commande et RIEN à faire ça ne sert à RIEN !

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 01, le 21 mai 2012

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Commentaires (5)

  • Evidemment sur Commande et RIEN à faire ça ne sert à RIEN !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 01, le 21 mai 2012

  • - - Je voudrai qu'on m'explique comment un courant politique qui a comme slogan LOUBNAAN AWWALANN , qui n'a de cesse de réclamer depuis 2005 que les armes doivent être uniquement en la possession de l'armée nationale qui reste et toujours selon eux , la seule garante de l'unité du pays et de la sécurité des citoyens , lance depuis quelques temps , depuis que cette armée à arraisonné 2 bateaux transportants des armes illégales aux combattants Syriens et confisqué leurs cargaisons , des attaques verbales contre cette même armée et aujourd'hui , des attaques an règles avec des voix qui s' élèvent et non des moindres , qui réclament la démission de son commandant en chef le General Ahwagi !! Que s'est-il passé pour en arriver la ? Est-ce un hasard ou un complot ??

    JABBOUR André

    03 h 40, le 21 mai 2012

  • Monsieur Halim Abou Chacra, vous avez TOUT dit !

    SAKR LEBNAN

    03 h 31, le 21 mai 2012

  • Les "Malsains, pseudo-laïcs ou islamistes chiito-sunnites", same, Collaborent avec les mêmes "sbir es pions" suite à une longue expérience dans ce milieu à "la truffe" vive et l'œil au vent ! Il y a ceux qui déblatèrent depuis des décennies sur leur "pseudo-arabisme Sectaire waliyyo-nusayrisé" à la noix ; et leurs affidés imprimant des timbres montrant le grimpant petit dernier, "Grimpion", sur les genoux de Grosse voix … Super crispante ! Et, y a "le Reste" Gros morceau à l'air "Très Mauvais" partout disséminé, ne trouvant sa place Nulle part car Grave "Nullité" alors : autant Poser à l'air Mauvais. Et là, leurs "fameux diplômés" qui voilà, style "garagistes ou dentistes" kifkif, avec dédain ce "Reste" dévisageant, comme s’il n'était pas Assez Mauvais ; pondant ainsi des "théories" à 2 Aracks i m b u v a b l e s. Pas dupes, on sait que "cez-ébaubis" auront Sûr toujours "l'Air Mauvais" ya hassérté, et resteront Pas Trop "beau". Mais bon, y a un plan : non peut-être !? Ne l'ayant pas pensé plus tôt, bassîîta maäléééch. Alors, aux Sains qui Sentent Bons et sont Beaux de ce Beau Pays, chrétiens et musulmans : qu'en signe de protestation, ils se lèvent aux "vêpres et aux salâtes" pour crier au ciel : Mon dieu, ya allah hanoûn et miséricordieux, débarrassez-nous une bonne fois de tous ces "Malsains-là", please merci ! Allâhouakbar, inchallah, éémîne et ainsi soit-iiiiiiL sur "leurs Crânes", dieu merci.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    03 h 29, le 21 mai 2012

  • Merde ! Quel pays ! Malgré l'abîme dans lequel se trouve le régime de Damas, ce régime criminel réussit, à n'importe quel moment, à faire "glisser le Liban vers l'abîme". Et pourquoi? Parce qu'il y a des traîtres au service de ce régime. C'est tout ce que je peux dire, car c'est ce que je dois dire !

    Halim Abou Chacra

    21 h 54, le 20 mai 2012

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