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Culture - Réflexion

Bibliothèque nationale et patrimoine

Quand on parle de patrimoine, on entend l’ensemble des biens (matériels ou immatériels) considérés comme une richesse transmise par les ancêtres, ayant une importance certaine et qui appartiennent soit à une entité privée, soit à une entité publique. Cet ensemble, s’il est public, est en général préservé, restauré, sauvegardé, enseigné et mis à la disposition de toute personne qui s’y intéresse.
L’Unesco, d’ailleurs, dans le cadre de son programme «Mémoire du monde», accorde depuis 1993 beaucoup d’importance à ce sujet et soutient les initiatives visant à sauver et à rendre accessibles les patrimoines de tous les peuples.
L’aspect culturel de ce patrimoine représente tout ce qui est hérité de notre passé proche ou lointain, en us et coutumes, arts et traditions, acquis, en général, de génération en génération, par les divers moyens d’expressions, dont les manuscrits et les livres.
Or ces précieux transmetteurs d’une richesse nationale nécessitent un entretien permanent de leur forme physique pour qu’ils continuent de remplir leur rôle de diffusion des connaissances ancestrales vers le présent et le futur.
Bien que le Liban soit un pays à «haute teneur patrimoniale», peu d’institutions publiques y sont chargées de la conservation du patrimoine, comme la Direction générale des antiquités et surtout la Bibliothèque nationale.
Dans cette dernière, la notion de patrimoine est bien définie car, parmi les missions dévolues par le législateur à la Bibliothèque nationale, les deux principales sont de:
– recueillir et conserver tout ce qui est écrit, mis en musique, édité ou filmé à propos du Liban, et ceci quels qu’en soit la langue ou le pays d’origine;
– recueillir et conserver tout ce qui est écrit, mis en musique, édité ou filmé par un Libanais, et ceci quels qu’en soit la langue d’expression ou le pays de parution.
Ce qui nous est transmis par les anciens représente donc un trésor souvent caché dans les bibliothèques publiques et privées sous forme de manuscrits et de livres. Or ces deux formes se différencient non seulement chronologiquement (le manuscrit venant historiquement avant le livre), mais aussi par la forme physique, le mode de production, le support extérieur, ainsi que les moyens techniques de restauration, de conservation et de préservation contre les facteurs de dégradation.
À l’origine, les supports du manuscrit étaient variés: pierre, cuir, papyrus principalement. Ils ont laissé plus tard la place au papier. Après l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, les progrès significatifs que le livre a entraînés dans la quantité produite et dans l’expansion de la lecture ont permis la diffusion de la culture sur une échelle bien plus large. Mais quel que soit le support, les agressions et les phénomènes de dégradation auxquels il est exposé sont les mêmes: principalement, l’érosion, les insectes prédateurs, les maladies.
S’agissant de conservation, chacun de ces supports a ses particularités propres.
Les manuscrits nécessitent un très haut niveau de performance technique pour assurer un entretien spécial et une reconstitution à l’identique: traitement du cuir, caractères utilisés, technique d’écriture, ornements et présentation finale (rouleau ou ensemble type dossier, etc.).
Quant au traitement conservatif du livre, il s’effectue en plusieurs étapes: dépoussiérage, démantèlement, lavage du papier (avec des produits spéciaux) et restauration avec un style de reliure contemporain à sa période de production initiale. Enfin, en cas d’impossibilité de remontage total, la conservation du livre se fait dans des boîtes en matières non acides et stockées dans des locaux aux normes adéquates.
Qu’il s’agisse de manuscrits ou de livres, ces interventions exigent un outillage bien spécifique, des actions ciblées de désacidification de toutes les matières premières (en commençant, par exemple, par la couverture d’un ouvrage restauré, en passant par l’étiquette qui y est apposée, jusqu’au contenant où il sera conservé et au ruban qui le fermera) et de désinfection des ateliers et des aires de stockage, ainsi que des capacités de conservation physique, tous soumis à des normes très précises.
«Toute cette opération nécessite un savoir-faire acquis dans des ateliers tenus par des maîtres artisans, un labeur basé sur la volonté et la patience, dont le résultat est le fruit d’un défi quotidien visant à sauvegarder et conserver un patrimoine qui représente un trésor pour toute nation», souligne M. Nizar Fawaz, maître artisan et restaurateur au Projet de réhabilitation de la Bibliothèque nationale du Liban.
Depuis le début du projet, en 2002, après 24 ans de stockage dans des conditions souvent déplorables, une petite équipe de spécialistes s’applique à remédier aux dégâts du temps et de la négligence, dans le cadre d’un inventaire général et d’un programme continu de catalogage, de restauration et de reliure, d’une part, et d’autre part, d’un plan de recherche sur le développement des collections et la récupération de ce qui a été perdu à cause des longues années de guerre.
Il est clair que cette mission de préservation du patrimoine culturel du Liban commence par le travail d’une équipe au Liban, mais se complète par celui de toutes les ambassades, consulats et autres représentations diplomatiques dans le monde qui contribuent à recueillir les informations et les œuvres qui concernent cette richesse car, après tout, ce patrimoine est celui de tous les Libanais.

* Chef du Projet de réhabilitation de la Bibliothèque nationale de 2002 à 2006 et, depuis 2007, coordinateur exécutif du Projet de renaissance de la Bibliothèque nationale.
Quand on parle de patrimoine, on entend l’ensemble des biens (matériels ou immatériels) considérés comme une richesse transmise par les ancêtres, ayant une importance certaine et qui appartiennent soit à une entité privée, soit à une entité publique. Cet ensemble, s’il est public, est en général préservé, restauré, sauvegardé, enseigné et mis à la disposition de toute...

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