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À La Une - Vote

La Constitution égyptienne examinée à la hâte

La référence à la charia conservée dans la nouvelle Loi fondamentale.

Des membres de la commission constituante égyptienne, dominée par les islamistes, discutaient hier des dispositions de la nouvelle Loi fondamentale avant d’entamer la longue procédure de son vote. Gianluigi Guercia/AFP

La commission constituante égyptienne, dominée par les islamistes, a entamé hier le vote d’un projet de Loi fondamentale, en maintenant la référence aux « principes » de la charia comme « principale source de la législation », qui y figurait déjà sous Hosni Moubarak. Ce vote d’un projet en panne depuis des semaines en raison de profondes divergences entre islamistes et non-islamistes a été annoncé mercredi à la surprise générale, alors que le pays traverse une grave crise politique et que de nouvelles manifestations sont attendues.
L’article 2 du projet de Constitution voté par la commission prévoit que les « principes de la charia » constituent la « principale source de la législation », une formulation assez consensuelle en Égypte, qui ne fait pas des préceptes au sens strict de la loi islamique la source unique de la loi. L’article a été adopté à l’unanimité. Les fondamentalistes salafistes souhaitaient rendre la référence à la charia plus contraignante. En revanche, de nombreux libéraux de même que l’Église copte avaient dit ne pas vouloir aller au delà de la formulation de l’ancienne Constitution. Toutefois, d’autres dispositions qui restent encore à voter, très critiquées dans les milieux libéraux et chrétiens qui boycottent la commission constituante, pourraient permettre d’élargir les domaines d’application de la charia.
Certaines dispositions sur la liberté d’expression ont également soulevé l’inquiétude dans les milieux de la presse et les défenseurs des droits civiques. En soirée hier, la moitié des 234 articles avait été adoptée. Le projet une fois voté sera transmis au président Morsi, qui doit le soumettre à référendum sous deux semaines. La nouvelle Constitution est destinée à remplacer celle en vigueur sous Hosni Moubarak, qui avait été abrogée peu après sa chute en février 2011 sous la pression d’une révolte populaire.
Ce vote survient alors que l’Égypte traverse sa plus grave crise puis l’élection en juin de M. Morsi, en raison de sa décision de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, pour éviter notamment tout blocage du processus constitutionnel par des recours en justice. L’adoption rapide de la Constitution pourrait permettre à M. Morsi de mettre rapidement derrière lui ce dossier épineux, mais pourrait aussi provoquer un regain de colère de la part de ses opposants. Les anti-Morsi qui occupent la place Tahrir au Caire depuis une semaine dénoncent une procédure hâtive, qui aggrave les tensions. « Les Frères musulmans font leur propre Constitution, pas celle de l’Égypte », assure un jeune manifestant. Certains opposants appellent à une nouvelle manifestation anti-Morsi aujourd’hui place Tahrir, tandis que les islamistes préparent de leur côté des rassemblements de soutien au président demain. Les Frères ont toutefois indiqué hier que leur manifestation au Caire ne se tiendrait pas sur Tahrir, contrairement à ce qui avait été annoncé, laissant entendre que les risques d’affrontements étaient trop élevés.
Pour sa part, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Time Magazine, M. Morsi a déclaré : « Nous apprenons. Nous apprenons à être libres. Nous n’avons jamais connu ça avant. Nous apprenons à débattre. À avoir des avis différents. À devenir une majorité ou une minorité. » « Quand nous aurons une Constitution, tout ce que j’ai fait ou dit la semaine dernière s’arrêtera », ajoute-t-il, « quand nous aurons une Constitution, toutes les décisions que j’ai prises (récemment) prendront fin immédiatement ». Interrogé sur les opposants, qui l’accusent de devenir un « nouveau pharaon », il s’esclaffe, incrédule : « Nouveau pharaon ? Est-ce que je peux l’être ? » avant d’ajouter : « Je fais très attention et je ferai toujours attention à transférer le pouvoir. Je suis un président élu. » « Ma responsabilité principale est de maintenir le navire national à flots pendant cette période de transition. Ça n’est pas facile. Les Égyptiens sont déterminés à avancer sur le chemin de la liberté et de la démocratie », explique-t-il.
(Source : AFP)
La commission constituante égyptienne, dominée par les islamistes, a entamé hier le vote d’un projet de Loi fondamentale, en maintenant la référence aux « principes » de la charia comme « principale source de la législation », qui y figurait déjà sous Hosni Moubarak. Ce vote d’un projet en panne depuis des semaines en raison de profondes divergences entre islamistes et...
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