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À La Une - Crise

Ankara évoque "les scénarios du pire" en Syrie

Offensive contre la région de Homs et nouveau bombardement turc.

Des soldats de l'armée syrienne lors d'une opération, le lundi 8 octobre 2012, à Alep. STR/AFP

Le président turc Abdullah Gül a déclaré lundi que "les scénarios du pire" étaient en train de se matérialiser en Syrie, appelant la communauté internationale à agir.

 

Le chef de l'Etat, qui s'adressait à des journalistes à Ankara, a ajouté que son pays continuerait de faire tout le nécessaire pour protéger ses frontières. "Notre gouvernement est en consultation permanente avec l'état-major. Tout ce qui est nécessaire est fait immédiatement, comme vous pouvez vous en apercevoir, et cela va continuer".

 

Il a ajouté: "Un changement, une transition se produira tôt ou tard (...) Il est impératif que la communauté internationale agisse de manière effective avant que la Syrie ne devienne une épave et que l'effusion de sang ne s'accélère - tel est notre voeu principal".

 

A la frontière syro-turque, Ankara a d'ailleurs riposté lundi pour le sixième jour consécutif à un obus syrien tombé en territoire turc, dans la province de Hatay (sud-est), selon un responsable turc qui a requis l'anonymat.
Depuis un bombardement mercredi dernier d'un village frontalier qui a causé la mort de cinq civils turcs, Ankara répond coup pour coup aux tirs syriens, dont l'armée régulière syrienne est tenue pour responsable.

 

Jeudi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait assuré que la Turquie n'a "pas l'intention de déclencher une guerre avec la Syrie" mais il avait toutefois appelé Damas à ne pas mettre la patience d'Ankara à l'épreuve. L'incident survenu mercredi à Akçakale est le plus grave entre Damas et Ankara depuis la destruction d'un avion de combat turc par la défense antiaérienne syrienne en juin. Il a provoqué un brusque regain de tension et ravivé les craintes d'une propagation du conflit syrien.

 

Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a pour sa part qualifié d'"extrêmement dangereuse" l'escalade du conflit à la frontière entre la Syrie et la Turquie, à l'ouverture lundi à Strasbourg du premier "Forum mondial de la démocratie".

"La situation en Syrie a empiré de manière dramatique. Elle pose des risques sérieux à la stabilité des voisins de la Syrie et à l'ensemble de la région", a déclaré M. Ban dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe, qui a réuni pour ce Forum plus de mille dirigeants politiques, experts et militants. "L'escalade du conflit à la frontière Syrie-Turquie et l'impact de la crise sur le Liban sont extrêmement dangereux", a-t-il poursuivi.

 

Damas a de son côté rejeté une proposition faite par Ankara samedi, consistant en une période de transition dirigée par l'actuel vice-président syrien Farouk el-Chareh, qui remplacerait le président Bachar el-Assad.
Cette proposition "reflète un embarras et une gêne politique et diplomatique flagrants", a estimé le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi.

 

Sur un autre plan, le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition d'opposition en exil, s'est rendu lundi en Syrie pour la première fois depuis sa désignation en juin dernier, ont indiqué à l'AFP des responsables de la rébellion.
Abdel Basset Sayda a visité la localité de Bab al-Hawa, frontalière de la Turquie, dans la province d'Idleb, où il a rencontré plusieurs responsables de l'Armée syrienne libre (ASL).

 

Offensive contre la "capitale de la révolution"

Sur le terrain, l'armée syrienne a lancé une offensive généralisée pour tenter d'anihiler d'ici la fin de la semaine les poches de résistance à Homs, surnommée par les rebelles "capitale de la révolution", et s'emparer de la localité voisine de Qousseir, assiégée depuis près d'un an.


"L'armée tente de nettoyer les derniers quartiers rebelles de Homs", a affirmé à l'AFP une source au sein des services de sécurité syriens. Poumon industriel de la Syrie, Homs fut à l'avant-garde de la contestation contre le régime.
"L'armée a également nettoyé des villages autour de Qousseir et essaie maintenant de s'emparer de la ville", a ajouté cette source.

Les deux localités sont distantes d'une trentaine de km.

 

Des militants à Homs ont estimé qu'il s'agissait d'un "assaut sans précédent". "Les destructions sont énormes", a déclaré un dissident se présentant sous le nom d'Abou Bilal. "Si l'armée rentre, ce sera un massacre".


La province de Homs est la plus grande et la plus stratégique du pays. Frontalière du Liban et de l'Irak, elle relie le nord et le sud de la Syrie.

Encerclée depuis fin 2011, Qousseir, où résidaient avant la révolution 30.000 habitants, est quasiment déserte.
"L'armée tente de prendre Qousseir à partir des trois entrées de la ville", a déclaré Hadi al-Abdallah, un membre local de la Commission générale de la révolution syrienne.



A Alep, les habitants ne savent plus où aller
Dans le nord du pays, les troupes syriennes ont à nouveau bombardé Alep, deuxième ville de Syrie et enjeu d'une bataille cruciale depuis mi-juillet, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'armée a visé en fin de soirée les quartiers de Tariq al-Bab, Boustane al-Qasr et Kalassé (sud).


"Les gens ont peur et ne savent plus où aller", a déclaré à l'AFP Khaled, un père de cinq enfants, qui a fui pendant l'été le quartier de Salaheddine, devenu un champ de bataille.
"Maintenant que vient l'hiver, nous sommes encore plus tendus. La situation économique est un désastre. A part pour les fonctionnaires, il n'y a plus de gagne-pain", a expliqué cet homme de 47 ans, réfugié dans les dortoirs de l'université de la ville.


Lors d'une offensive lancée par l'armée loyaliste dans la région de Deraa (sud), vingt personnes ont été tuées dans la ville de Karak al-Charqi, assiégée depuis trois jours par l'armée, a indiqué l'OSDH, basée en Grande-Bretagne.


A Damas, les forces loyales détruisaient des maisons dans les quartiers de Qaboun et Barzé, déclenchant un mouvement d'exode de la population, selon l'OSDH qui se base sur un large réseau de militants et de médecins sur le terrain.

 

Les violences en Syrie ont fait au moins 132 morts lundi, dont 48 civils, 53 soldats et 31 rebelles, selon un bilan provisoire de l'OSDH. Le conflit a fait au moins 32.000 morts, en vaste majorité des civils, depuis mars 2011, selon un nouveau décompte de l'OSDH.


Par ailleurs, le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki s'est envolé vers Moscou pour des entretiens centrés entre autres sur la Syrie. Moscou, un allié du régime syrien, et Bagdad plaident régulièrement pour une solution politique au conflit. En revanche, le candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney a lancé un nouvel appel à armer l'opposition syrienne.

 


 

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