Le Conseil des ministres réuni aujourd'hui à Baabda.
Le gouvernement a appelé mercredi le Conseil supérieur de la Défense à se réunir afin d’aborder le dossier relatif à la présence présumée d’el-Qaëda au Liban. "Le gouvernement a invité le Conseil supérieur de la Défense à se réunir afin de répondre aux allégations du ministre de la Défense Fayez Ghosn", a déclaré le ministre de l'Information, Walid al-Daouq, à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres à Baabda.
Le ministre de la Défense Fayez Ghosn, proche de Damas, avait fait état il y a quelques jours d’une infiltration en Syrie de membres présumés d’el-Qaëda à travers le village sunnite de Ersal, dans la Békaa.
Le ministre Ghosn a obtenu ces informations de sources sécuritaires, a affirmé M. Daouq, avant d’ajouter que le gouvernement a exhorté les forces de sécurité et l'armée à bien surveiller la frontière libano-syrienne.
M. Ghosn a présenté au cabinet les informations qu'il a obtenues sur cette question, considérant le débat créé sur ce plan comme étant motivé par des considérations politiques, a précisé le porte-parole du gouvernement.
Le Premier ministre Nagib Mikati avait démenti mercredi matin les propos de Ghosn. "Ces propos sont sans preuves", a-t-il assuré. "Le 21 novembre, l'armée est entrée dans le village de Ersal après des informations sur la présence d'une personne qui serait liée à une organisation terroriste internationale", selon un communiqué du bureau de M. Mikati. "Mais il n'y a pas eu d'information sur la présence de groupes organisés ou d'un groupe en particulier. Il n'y a pas de preuves indéniables de la présence d'el-Qaëda à Ersal", selon le texte, qui reprend des propos tenus par le Premier ministre à des journalistes accrédités à la présidence du conseil.
Les déclarations du ministre Ghosn ont provoqué l'ire de l'opposition hostile au régime syrien qui a dénoncé une campagne de "désinformation". Le député du Courant du futur, Mouïn el-Mereebi, a qualifié M. Ghosn mercredi de "ministre de la défense du régime d'Assad".
Les milieux du 14 Mars ont affirmé à ce sujet que l’attitude du ministre est essentiellement motivée par une volonté de se venger de la population de la localité en question, en raison de son soutien humanitaire aux opposants syriens réfugiés au Liban.
L'opposition a par conséquent mis en garde contre les tentatives d'impliquer le Liban dans la crise syrienne.
Sur cette question, M. Mikati a insisté, lors de la séance ministérielle, sur la nécessité que le Liban s’abstienne de s’ingérer dans les affaires internes des pays arabes.
"Cette position évitera au Liban de subir les répercussions des changements régionaux", a-t-il ajouté.
L'ancien Premier ministre Saad Hariri a, de son côté, assuré mercredi, sur son compte Twitter, que la situation en Syrie n'aura pas de répercussions sur le Liban. Il a également appelé à "l'arrêt des massacres" en Syrie, réitérant son appel à la mise en place "d'une force arabe conjointe avec la Turquie afin de faire tomber le régime syrien", si la Russie continue à opposer son veto à des sanctions contre Damas au Conseil de sécurité.
A propos de l'incident de Wadi Khaled (nord), l'ancien Premier ministre a ajouté : "Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'a pas commenté cet incident".
Trois Libanais ont été tués à Wadi Khaled, lorsque les troupes syriennes sont entrées mardi en territoire libanais et ont ouvert le feu en direction de leur voiture.
Plusieurs habitants de cette région ont manifesté mercredi pour dénoncer la mort des trois Libanais.
Les manifestants ont également lancé des slogans hostiles au président syrien Bachar el-Assad et appelé l’armée libanaise à sécuriser la frontière avec la Syrie afin d’empêcher toute nouvelle incursion de troupes syriennes en territoire libanais.
Au moins trois personnes ont été tuées depuis octobre par des militaires syriens qui ont ouvert le feu sur des villages frontaliers, et plusieurs blessés dans des tirs provenant du territoire syrien.
commentaires (3)
Le président du Conseil dit une chose, un ministre dit le contraire, un deuxième dément les propos de celui-ci, un troisième contredit les deux, c'est la pagaille, le chaos ! Un gouvernement rapiécé par ci, par là, de soi-disant alliés, de prétendue majorité, voilà ce que ça donne. Dans une conjoncture très sérieuse et très grave ! Dieu préserve ce pays du pire. C'est ce qui reste à espérer.
Halim Abou Chacra
12 h 02, le 28 décembre 2011