Rechercher
Rechercher

Liban - Patrimoine

La « maison rouge » de Hamra en danger de démolition

Une demeure typique du début du XXe siècle était en cours de démantèlement hier, malgré une décision ministérielle et une autre du mohafez d'empêcher sa disparition. La maison devrait être classée aujourd'hui, selon la DGA.

La « maison rouge », tout le charme d’une demeure traditionnelle. Photo Agenda culturel

Des militants pour la préservation du patrimoine bâti à Beyrouth ont dénoncé le lancement d'une opération de démantèlement, par ses propriétaires, de la fameuse « maison rouge » de Hamra, qui se trouve à l'intersection des rues Makdessi et Abdel Aziz. Une maison célèbre bien connue des Beyrouthins, à l'architecture typique du début XXe siècle, avec, dit-on, une partie qui daterait du XVIIIe. Et, qui plus est, fait l'objet d'une décision du ministre de la Culture, Rony Arayji, interdisant sa démolition.

Interrogé sur la question, le directeur de la Direction générale des antiquités (DGA, qui relève du ministère de la Culture), Sarkis Khoury, a indiqué à L'OLJ avoir reçu les informations concernant le démantèlement de la maison rouge, mardi, et avoir aussitôt adressé une lettre officielle par fax au mohafez de Beyrouth, Ziad Chbib, en vue de lui demander d'interrompre les travaux. Le mohafez a effectivement pris une décision hier pour arrêter immédiatement la démolition, demandant aux forces de l'ordre de l'exécuter. Or selon des témoignages de militants de l'association Nahnoo, qui en a notifié L'OLJ, les travaux de démantèlement – notamment ceux visant à retirer les fenêtres et les portes rouges en bois (qui font le charme de la demeure) ainsi que le carrelage caractéristique – se poursuivaient hier dans l'après-midi, malgré la décision du mohafez et, toujours selon les témoins, malgré une visite des forces de l'ordre. Nous n'avons pu joindre M. Chbib hier pour un commentaire.

 

(Pour mémoire : La plaque de la maison de De Gaulle retrouvée et mise à l'abri)

 

Pour sa part, M. Khoury confirme qu'il existe une décision du ministre de la Culture Rony Arayiji d'interdire la démolition de cette maison, mais que cette décision a été contestée par les propriétaires. Ceux-ci ont saisi le Conseil d'État, qui a pris une décision contraire, leur permettant de disposer du bâtiment comme ils l'entendent. « Nous avons décidé de faire classer la maison, affirme le directeur de la DGA. Le ministre devrait signer la décision de classement demain (aujourd'hui). » Est-ce pour cette raison que les propriétaires étaient si pressés de commencer la démolition hier ?

Nous avons interrogé le juge Chucri Sader, président du Conseil d'État, sur la décision qui a cassé celle du ministère. Le magistrat a affirmé ne pas avoir le dossier sous la main et ne pas pouvoir se prononcer sur ce cas en particulier, mais il a expliqué à L'OLJ la procédure en pareille situation, les cas de litige sur les bâtiments patrimoniaux étant légion. Le Conseil d'État, a-t-il affirmé, agit suivant deux principes aussi valables l'un que l'autre, l'un étant la propriété privée, protégée par la Constitution, et l'autre la protection du patrimoine.
Or, poursuit le juge, les bâtiments considérés comme patrimoniaux tombent sous la loi de 1936, en vertu de laquelle un édifice est protégé quand il est placé sur la liste des bâtiments classés. « D'où le fait qu'une décision ministérielle d'interdire la démolition d'un édifice qui n'est pas classé devient illégale », affirme-t-il. Le fait que la maison devrait être classée aujourd'hui même ne pèse-t-elle donc pas ?

Il est crucial donc que la maison soit classée pour être protégée, ce qui n'empêchera pas les litiges pour autant. « Si le bâtiment est classé et qu'un nouveau recours nous est présenté, nous enverrons des experts pour nous assurer que tous les critères sont respectés avant d'empêcher définitivement la démolition », explique le juge Sader, précisant que dans certains dossiers, les maisons sont dans un état délabré.
La maison rouge, elle, n'est pas dans un état délabré : un rapport de la DGA a déjà établi son importance en tant que demeure patrimoniale, comme nous l'assure Sarkis Khoury. Sera-t-elle sauvée à temps ?

 

 

Lire aussi
À Gemmayzé, la fin d’une époque

À Abdel Wahab on restaure, à Gemmayzé on démolit

Qui du béton ou du patrimoine l’emportera?

Des militants pour la préservation du patrimoine bâti à Beyrouth ont dénoncé le lancement d'une opération de démantèlement, par ses propriétaires, de la fameuse « maison rouge » de Hamra, qui se trouve à l'intersection des rues Makdessi et Abdel Aziz. Une maison célèbre bien connue des Beyrouthins, à l'architecture typique du début XXe siècle, avec, dit-on, une partie qui...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut