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Culture - Musique

Les touches sans bémol de Philippe el-Hage

Le pianiste, de passage à Beyrouth, dévoile son nouveau CD, « Asrar », fruit d'une collaboration avec le percussionniste Youssef Hbeisch.

Philippe el-Hage, une énergie et un sourire ineffaçables.

Saint-Louis des capucins est une sublime église tout en vieilles pierres et vitraux majestueux. Elle accueillait mardi dernier, dans le cadre de la fête de la Musique, plusieurs concerts, dont celui de Philippe el-Hage et Youssef Hbeisch. Leur soundcheck, programmé depuis plusieurs jours, a dû être repoussé, car les artistes répétant avant eux étaient en retard, absents même, parfois. Alors que la partie la plus technique du soundcheck se déroulait, nos amis retardataires ne trouvèrent rien de mieux à faire que de commencer le leur, guitare sèche et batterie, en plein réglages des différents instruments de percussion du maestro Hbeisch. Ce joyeux bordel de cartes postales amuse à moitié Philippe el-Hage. Il s'en accommode, comme tout le monde, mais se dit qu'il a bien fait de trouver sa voie à Dubaï, où il peut composer, enseigner et performer, bref, vivre sa passion en parfait professionnalisme.

Parce que, pour en arriver là, son parcours n'a pas été celui d'un surdoué béni des dieux Pleyel et Steinway. Né en 1979, il grandit au Liban en pleine guerre entre Byblos – où il est né et retourne se ressourcer –, Beyrouth et Dbayé. Trimballé au gré des aventures du cabinet dentaire paternel et prenant peu de plaisir à subir sa scolarité, il trouve son bonheur dans la pratique assidue, mais autodidacte, du piano. DEUG littéraire en poche, il fuit en France au Conservatoire national de région de Boulogne-Billancourt pour y parfaire son répertoire classique, travailler toujours, évidemment, sa technique, et acquérir une formation officielle, nécessaire désormais pour avoir une carrière internationale. Victime d'une formation à la Whiplash et d'un professeur aux méthodes ancien régime tout en rabaissements et brimades, il y trouve la force et la motivation pour finir ses deux années avec les félicitations du jury. Quittant l'atmosphère stakhanoviste de Billancourt, il intègre le CNR de Rueil-Malmaison, plus à l'écoute de ses élèves.

Musical Expression Institute
Alors, sous les bons auspices d'une professeure virtuose et inspirante, Chantal Riou, il y finit aussi son parcours de trois ans avec un premier prix de piano, privilège accordé à seulement 7 élèves par an, et avec un diplôme officiel de professeur de piano. Il s'ouvre alors à d'autres univers musicaux et décide de rentrer au Liban. Après des années de travail intense, de vie structurée et organisée autour des cours et de la musique, le retour prend forme de choc culturel. Sans autre choix que de devoir s'adapter au joyeux bordel national sus-cité, Philippe el-Hage trouve le temps de sortir 2 CD (Byblos en 2009 et Flying with Elephants en 2011), de jouer régulièrement et surtout, de participer à sa propre émission de télévision sur la MTV, Bishagaf.

Après 70 émissions hebdomadaires, le show doit s'arrêter, car le jeune musicien a répondu un grand « oui » au challenge proposé par la marque leader de pianos Yamaha : devenir son general manager for music education pour la zone Moyen-Orient-Afrique du Nord. Il ouvrira une école de musique au Qatar, aidera de nombreux ministères dans différentes missions et mettra en place des formations pour les distributeurs de la marque. Et surtout, il va y prendre la bosse de l'éducation. Son projet personnel d'école, le Musical Expression Institute, voit le jour en janvier 2015 et forme désormais 130 élèves de 5 à 55 ans. Philippe el-Hage y a trouvé une stabilité et un épanouissement professionnels qui se voient sur son énergie et son ineffaçable sourire. Son dernier album Asrar est le fruit d'une collaboration avec Youssef Hbeisch, dont les doigts magiques accompagnent magnifiquement la douceur mélodieuse du piano.


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