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Liban - Municipales/Metn

Beit-Méry se prononcera pour le retour, ou pas, de la famille Moukheiber

Sur 4 000 votants, 2 200 devraient s'exprimer le 15 mai prochain à Beit-Méry, dans le cadre des municipales du Mont-Liban. Avec pour enjeu essentiel d'une bataille qui risque d'être âpre, le retour de la famille Moukheiber, ou la réélection de l'actuel président.

« La liste de Beit-Méry », présidée par l’actuel président de la municipalité. Photo tirée de Facebook

Deux listes sont en lice à Beit-Méry pour les municipales du Mont-Liban, prévues pour le 15 mai prochain. « La liste de Beit-Méry » menée par l'actuel président de la municipalité, Antoun (Tony) Maroun, qui occupe sa fonction officiellement depuis 2010 (après avoir remplacé son prédécesseur durant trois ans). Elle compte Tony Maroun, Khodr Abdel Massih, Abboud Assaf, Élie Béchara Madi, Élie Raad, Maghy Hajj Wakim, Anwar Rachid, Georges Madi, Rodrigue Raad, Gaby Eddé, Nada Bou Khalil, Nabil Francis, Sélim Mokbel, Charbel Radi et Toni Abou Chedid. Baptisée « Killna Byout Méry » (Nous sommes tous les maisons Méry), l'autre liste est présidée par Roy Abou Chedid, membre dissident de l'actuel conseil municipal, qui entraîne dans son sillage sept autres membres dissidents. Elle est composée de Roy Abou Chedid, Sami Moukheiber, Fouad Maroun, Abdo Saber, Fadel Akl, Jean-Claude Wakim, Élias Tanios Madi, Claude Raad, Michel Abou Gebrayel, Raja Raad, Gaby Kreiker, Rima Haddad, Joseph Abdel Massih, Gaby Madi et Élias Rachid.

La bataille sera féroce, sans aucun doute, les accusations de corruption étant présentes dans les discours de part et d'autre. Mais force est de constater que les grandes familles de Beit-Méry seront forcément gagnantes, quoi qu'il arrive, car représentées dans les deux listes. « Au sein de l'une ou de l'autre, les familles Raad et Madi ont deux candidats chacune », comme le constate un notable du village qui requiert l'anonymat. De même, sont représentées dans les deux listes les familles Wakim, Abdel Massih, Maroun et Rachid, cette dernière famille représentant la communauté druze. Quant à l'élément féminin, il est sous-représenté dans les deux listes. Deux femmes seulement sur une liste de 15 personnes, ici ou là... Une importante lacune vis-à-vis des adeptes de la parité.


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Autonomie en matière d'eau et d'électricité
« Killna Byout Méry » s'engage toutefois dans la bataille avec quelques atouts de taille. D'abord, le soutien de la puissante famille Moukheiber, qui tente de faire son come-back municipal avec l'appui d'habitants du quartier de la Hara (traditionnellement populaire) et la présence sur la liste en tant que vice-président du médecin du village, le docteur Sami Moukheiber, frère du député Ghassan Moukheiber. Elle est également appuyée par l'avocat Élias Moukheiber. La liste présidée par l'avocat Roy Abou Chedid tire également sa force de sa composition politique. « Elle compte deux membres du parti Kataëb, un membre du Courant patriotique libre et un membre des Forces libanaises », explique ce candidat à L'Orient-Le Jour.
Enfin, c'est par son programme réactif face aux « échecs » de l'ancien président de la municipalité que se distingue « Killna Byout Méry ». Des « échecs retentissants », non seulement au niveau des ordures ménagères « qui sont toujours déversées dans la vallée, vu que l'usine de traitement des déchets ne fonctionne pas encore », comme l'assure Me Abou Chedid, mais au niveau de l'absence d'infrastructures, de l'urbanisation galopante du village, de l'absence d'espaces verts, de l'irrespect de l'environnement... « Nous voulons développer l'écotourisme et multiplier les espaces verts. Nous en avons les moyens vu que la municipalité dispose de deux millions de mètres carrés de terrains. Nous envisageons aussi de rendre Beit-Méry autonome au niveau de son alimentation en électricité et en eau », explique l'avocat, précisant que le projet est réalisable et qu'il est possible d'en assurer le financement. Il insiste, par ailleurs, sur la volonté de son équipe de se pencher sur l'éducation publique. « Nous avons le projet de construire une école publique dotée d'un centre sportif », affirme-t-il, déplorant que la seule école publique du village n'ait pas de local, mais soit contrainte de louer les locaux d'une institution privée.

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Une solution au problème des égouts
De son côté, « La liste de Beit-Méry » n'est pas en reste. Forte de son slogan « En avant et vers un avenir meilleur » et proposant le grec-orthodoxe Khodr Abdel Massih à la vice-présidence, elle table sur le changement dans la continuité et le renforcement des acquis, et tente de faire bloc contre le retour sur la scène locale de la famille Moukheiber. Sans oublier que son président est un enfant de la Hara. Se déclarant apolitique, elle n'en compte pas moins des membres proches de certains partis politiques, du Parti national libéral et du Parti syrien national social notamment, comme l'observe un notable du village.

 

(Voir aussi : Micro-trottoir spécial Municipales 2016 : A Beyrouth, les électeurs entre colère, lassitude et dégoût)

 

« Notre programme mis en place dans l'intérêt du village tourne autour de deux idées essentielles : redonner à Beit-Méry la place culturelle qu'elle occupait avant la guerre et trouver des solutions radicales aux problèmes d'infrastructure », explique l'ingénieur Rodrigue Raad, membre de la liste. Dans ce cadre, l'équipe de Tony Maroun entend dynamiser le jumelage entre Beit-Méry et la commune française de Courbevoie, qui implique des échanges culturels, des rencontres estudiantines et des partages d'expertises entre les deux municipalités. Un musée du général de Gaulle devrait voir le jour au couvent des Frères de Beit-Méry, où a séjourné le général français, et le festival annuel du village devrait être réhabilité, de même que le site archéologique de Deir el-Kalaa. Au niveau de l'infrastructure, « La liste de Beit-Méry » entend trouver une solution radicale aux problèmes qui se sont accumulés au fil des années, notamment celui des égoûts et des eaux usées, qui continuent de polluer les nappes phréatiques. Le dossier des ordures ménagères figure de même à l'ordre du jour. « Nous devons faire fonctionner la station de traitement des déchets qui a été récemment construite », souligne M. Raad. Également dans les priorités de la liste, la « rationalisation de la distribution du courant électrique par les générateurs de quartier » et la recherche de solutions à l'urbanisation et aux antennes de télévision installées sur les sommets du village.

Vote sanction ou partisan ? Volonté de changement ou désir de continuité ? Naturellement, les urnes diront leur dernier mot, le 15 mai prochain à Beit-Méry, une localité en manque d'infrastructure et qui demeure soucieuse de préserver son statut de village.

 

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Deux listes sont en lice à Beit-Méry pour les municipales du Mont-Liban, prévues pour le 15 mai prochain. « La liste de Beit-Méry » menée par l'actuel président de la municipalité, Antoun (Tony) Maroun, qui occupe sa fonction officiellement depuis 2010 (après avoir remplacé son prédécesseur durant trois ans). Elle compte Tony Maroun, Khodr Abdel Massih, Abboud Assaf, Élie Béchara...

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