Une arme ne devient dangereuse que lorsqu'on l'utilise dans le sens de nuire à l'autre. Nous pouvons donner une multitude d'exemples qui vont de la dynamite, qui peut servir à ouvrir des routes ou à la fabrication de voitures piégées, jusqu'au nucléaire. C'est le cas aussi des identités, des religions, des nations, des modèles économiques et des idées en général. Le christianisme en tant que message d'amour est l'une des plus nobles philosophies, cela n'a pas empêché ses partisans de détruire une des plus grandes civilisations que le monde ait connue, Rome.
La Révolution française avec tout son panache et son slogan éternel de liberté, d'égalité et de fraternité ne l'a pas empêché d'engendrer deux avatars, Robespierre et Bonaparte, qui mirent la France et l'Europe à feu et à sang. De même le nationalisme qui a donné naissance aux deux monstres qui sont Hitler et Mussolini, et le communisme qui a engendré le mal qui eut pour nom Staline.
C'est le cas aujourd'hui des islamistes qui sont un avatar de l'islam. Une sorte d'instrumentalisation de la religion, voire d'un processus d'idéologisation. En effet, les islamistes sont en train de transformer la religion musulmane en une utopie. C'est-à-dire en une construction imaginaire et rigoureuse d'une société dite musulmane, qui constitue, par rapport aux islamistes, un contre-idéal de la société moderne ou occidentale. C'est un projet dont la réalisation est impossible, car sa conception est imaginaire. Une utopie sacrée. Cette utopie à pour dénomination l'islam politique. Comme ce fut le cas du nationalisme politique et du communisme politique.
Les islamistes de tout bord préconisent une fusion totale entre politique et religion : l'islam est pour eux tout à la fois une adoration, un commandement et un régime politique, et nul ne saurait les démêler. Ils n'hésitent pas, le cas échéant, à jeter l'anathème sur leurs rivaux, toujours suspects à leurs yeux d'impiété et de collusion avec les ennemis du véritable islam, qu'ils entendent seuls représenter. Le processus commence par la dénaturation de l'identité de l'autre. Dites que vous êtes arabes ou on vous tue, puis dites que vous êtes musulman, pour enfin imposer par la force des armes la vision d'un monde tel que perçu par ces dits islamistes. Or, le monde musulman n'est pas aussi homogène que certains aimeraient le croire. Dès l'aube de l'islam, des sectes sont apparues, nous pouvons citer rapidement les Khawârij, les Qadarites, les Mu'tazila, les Jabriyya, les Jahmiyyah et bien d'autres ainsi que des schismes. Les quatre courants reconnus par la déclaration de La Mecque en 2005 sont le sunnisme, le chiisme duodécimain qui représente plus de dix pour cent des musulmans, le zaïdisme qui comprend environ huit millions de croyants et l'ibadisme, avec environ cinq millions de fidèles. Le sunnisme se divise à son tour en plusieurs écoles de droit musulman dont les principales sont le hanafisme, le malikisme, le chaféisme et le hanbalisme.
Contrairement aux chiites, la plupart des juristes et théologiens sunnites pensent que l'interprétation, l'ijtihad, est close depuis le IXe siècle. Toutes les interprétations postérieures sont donc illicites pour ces théoriciens. L'ismaélisme rassemble trente millions de croyants surtout dans le monde indo-persan, les druzes sont environ un million surtout présents au Liban, l'alévisme, branche du soufisme, rassemble vingt millions de fidèles principalement en Turquie, les alaouites, se considérant chiites, sont quelque quatre millions en Syrie et Turquie. L'ahmadisme, non reconnu par l'Organisation de la conférence islamique, regroupe douze millions de croyants répartis surtout dans le monde indien et sa diaspora. La Nation of Islam est, avec trente mille membres, un courant ultraminoritaire. Et ce pour ne pas mentionner les nouvelles tendances telles que le wahhabisme, le salafisme, le salafisme jihadiste et les frères musulmans.
Cette variété peut expliquer les sous-conflits qui ont lieu en Syrie entre le Front al-Nosra, l'armée syrienne libre et l'État islamique, ainsi que la guerre entre sunnites et chiites. Les guerres religieuses sont meurtrières car l'idéologie qui les supporte ne permet pas de nuancer les idées. Le monothéisme devient par ce fait même source de violence totale. Or, il faut relever le fait que le Coran n'a pas mentionné une seule fois des termes polémiques tels qu'islam politique, califat et bien d'autres. Par contre, il a reconnu l'essence divine de Jésus qui, comme Adam, n'est pas conçu par un humain et a reconnu clairement les deux religions du livre qui sont le judaïsme et le christianisme.
Nous pouvons affirmer en conclusion que le prophète arabe ne fut jamais l'homme que l'État islamique promeut, de même qu'on ne pourra pas réduire le communisme aux goulags et le christianisme à la Saint-Barthélemy. Seuls les vrais héritiers de la tradition musulmane, tel al-Azhar, pour ne citer que lui, peuvent mettre un terme à l'idéologisation de cette grande religion.
Peter GERMANOS
commentaires (6)
Soljenitsyne, qui n'a eu de cesse de dénoncer le bää Bää "communisme" ; yîîîh ; a eu des centres d'intérêt communs avec Poutine et l'a même encensé au sujet de : l'unité de la Russie via le soutien à la guerre- Massacre en Tchétchénie, le renforcement du pouvoir "Vertical".... stalinien et/ou tsariste et la renaissance spirituelle ; yâ âllâââh ; du pays avec l'appui, bien sûûûr, de l’Église Russe Archaïque. E La Nave Va....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
08 h 45, le 13 mars 2016