Rechercher
Rechercher

Liban - travaux publics

Après 18 ans d’attente, la construction du pont de Jal el-Dib pourrait, enfin, débuter au début de l’été

Le schéma du nouveau pont de Jal el-Dib : les voitures venant de Dbayé (à droite sur notre photo) emprunteront le pont pour entrer à Jal el-Dib via cinq voies possibles au niveau des rues Yachouï, Mar Takla, Arax, Mar Abda et Sélim Salhab (qui sont les actuels accès à Jal el-Dib). Le pont débutera, en venant de Dbayé, peu avant le siège du catholicossat de Cilicie.

Dans son bureau qui donne sur l'autoroute longeant Jal el-Dib, Abdo Abou Jaoudé, avocat et responsable médiatique de la campagne « Le Metn respire à Jal el-Dib », contemple l'emplacement du futur pont qui permettra aux automobilistes en provenance de Jounieh de se diriger vers Jal el-Dib et certains villages du Metn, sans avoir à passer par Nahr el-Mott, comme c'est le cas actuellement. À l'origine de cette campagne, plusieurs habitants et élus locaux, dont le moukhtar Jean Abou Jaoudé et l'ingénieur et membre de la municipalité Fadi Abou Jaoudé.

C'est grâce à leur mobilisation et leurs contacts incessants avec les différents partis politiques que le Conseil des ministres a finalement approuvé le 19 février dernier le plan de construction de deux ponts en U au niveau de la localité : l'un assurera l'entrée à Jal el-Dib pour les voitures venant de Jounieh et l'autre permettra la sortie de Jal el-Dib vers Beyrouth. La première phase de ce projet devrait commencer bientôt avec la construction du pont pour l'entrée à Jal el-Dib. Initialement, ce sont deux ponts en L qui étaient prévus, mais les élus et notables de Jal el-Dib ont initié une vaste campagne afin d'obtenir les ponts en U, arguant du fait que le premier projet aurait porté un coup dur aux commerces et entreprises de la région. La campagne a donc porté ses fruits. Mais il est encore trop tôt pour crier totalement victoire. Nous sommes, après tout, au Liban...

« Maintenant que le plan a été approuvé, nous attendons que le Conseil des ministres avalise le projet et que le financement soit versé dans les jours qui viennent par le ministère des Finances au Conseil du développement et de la reconstruction. L'État devra ensuite régler tous les problèmes liés aux infractions au niveau de l'autoroute avant de pouvoir commencer la construction du pont », précise le moukhtar.

En effet, plusieurs pans de l'autoroute ont été acquis par l'État en 1974 sans que ce dernier n'indemnise les propriétaires des terrains concernés. De même, plusieurs particuliers ont commis des infractions le long de la voie publique, en débordant sur des pans de terrains appartenant à l'État. Ces derniers auraient obtenu des permis de construction durant la guerre sans pour autant être en conformité avec la loi. « Le coût total des deux ponts en U est estimé à 72 millions de dollars. Le pont en L aurait coûté 12 millions de dollars. Ce surplus au niveau du budget est principalement dû au fait que l'État va devoir régler toutes les irrégularités présentes sur la voie publique. S'il avait acheté ces terrains en 1975, le projet aurait coûté beaucoup moins cher aujourd'hui », indique le moukhtar.

(Pour mémoire : Un nouveau pont à Jal el-Dib, peut-être en 2016)

 

Embouteillages dissuasifs
Lancé en 1998 par le CDR, le projet visait au départ à construire un pont en L qui permette l'entrée à Jal el-Dib à partir de Dbayé, par le biais d'une seule bretelle. La zone de Jal el-Dib, qui possède 6 entrées perpendiculaires à l'autoroute, n'a cessé de contester ce projet et a même organisé de grandes manifestations sur l'autoroute, notamment en 2012 et en 2013. Le pont en U, qui a finalement été adopté au terme d'une longue bataille, permettra aux automobilistes d'avoir accès à l'ensemble des entrées de Jal el-Dib au lieu d'être dirigés vers une seule, le but étant de contrer le problème des embouteillages en direction de la localité et de rendre donc celle-ci beaucoup plus accessible aux visiteurs.

Fadi Abou Jaoudé ne voit que du positif pour Jal el-Dib et ses environs avec le pont en U. L'accès qu'il offrira aux multiples entrées de la ville « permettra de revivifier l'économie du secteur et des alentours, et de contenir les embouteillages monstrueux qui entravent la circulation sur l'autoroute, en répartissant la pression de la circulation sur plusieurs rues au lieu d'une seule », explique-t-il. « Actuellement, les gens qui viennent du côté de Jounieh évitent Jal el-Dib à cause des embouteillages. Si le pont en U est construit, Jal el-Dib, Antélias et Bsalim, entre autres, pourront revivre. Ces régions sont actuellement difficiles d'accès et les gens préfèrent se rendre à Dbayé, déplore M. Abou Jaoudé. Faute de pont, les automobilistes en provenance de Jounieh sont actuellement obligés de faire de grands détours en direction d'Antélias ou de Nahr el-Mott pour arriver à Bickfaya, Dhour Choueir ou d'autres villages du Metn, indique M. Abou Jaoudé. Le pont en U profitera à Antélias, Zalka, Biakout, Mezher, Majzoub, Jal el-Dib, Bkennaya, Bsalim, Kennebet Broummana et Amaret Chalhoub », ajoute-t-il.

(Pour mémoire : Protestations contre le projet des échangeurs en U à Jal el-Dib)

 

Quand Beyrouth prime sur les autres régions
Les membres de la campagne « Le Metn respire à Jal el-Dib » partagent le même sentiment cuisant de mise à l'écart de leur région et estiment que le CDR ne développe pas assez les infrastructures du Metn. « Il n'y a pas d'accès suffisant au Metn », déplore le moukhtar, rejoint par Fadi Abou Jaoudé qui ajoute que « le CDR s'occupe principalement de faciliter l'accès à Beyrouth, sans se soucier de l'entrée vers le Metn ». « Les localités voisines à Beyrouth paient le prix de cette politique dont le but est de diriger le flux vers la capitale afin d'en réanimer le centre-ville. Ils veulent tout centraliser et ne se soucient pas de notre région », indique-t-il, avant d'ajouter : « Nous nous demandons si les projets du CDR visent à faciliter l'accès à Beyrouth en lésant volontairement le Metn ou s'ils entraînent indirectement une mise à l'écart de la région. »

Pour sa part, le moukhtar fait remonter la mauvaise planification des routes et des ponts d'accès au Metn « aux quinze années de guerre civile ainsi qu'au manque de vision stratégique de certains leaders concernant les projets de développement dans la région ». Et c'est finalement grâce à une vaste campagne de contacts au niveau politique que les habitants de Jal el-Dib ont réussi à faire bouger les choses. « Pour arriver à faire adopter le pont en U, nous avons entrepris une série de rencontres avec tous les partis, sans exception aucune. C'est grâce au soutien des formations politiques que nous avons pu faire pression », explique Me Abou Jaoudé.

La construction du premier pont devrait s'étendre sur 14 mois sans causer d'embouteillages sur la voie publique. « Deux piliers seront placés de part et d'autre de l'autoroute ainsi qu'un troisième au milieu de la voie. Le pont sera construit avec des pièces préfabriquées, ce qui garantira un chantier sans embouteillages, précise Me Abou Jaoudé. Une fois le financement versé au CDR, l'État se chargera de régler les irrégularités. À partir de ce moment-là, il faudra compter un mois pour que les personnes ayant commis des infractions sur l'autoroute quittent les lieux, explique le moukhtar. Les travaux devront donc commencer début mai, sinon nous allons couper l'autoroute pour une longue période », prévient-il. Quant au second pont, il devrait, en principe, être exécuté dans deux ou trois ans, « mais il est encore trop tôt pour se prononcer », indique-t-il, conscient du fait que le chemin ne sera pas dénué d'embûches.

 

Pour mémoire
Les habitants de Jal el-Dib dénoncent à cor et à cri le retard mis pour l'édification d'un nouveau pont

À Jal el-Dib, « c'est un paysage digne des bidonvilles qui se répète chaque jour »

Dans son bureau qui donne sur l'autoroute longeant Jal el-Dib, Abdo Abou Jaoudé, avocat et responsable médiatique de la campagne « Le Metn respire à Jal el-Dib », contemple l'emplacement du futur pont qui permettra aux automobilistes en provenance de Jounieh de se diriger vers Jal el-Dib et certains villages du Metn, sans avoir à passer par Nahr el-Mott, comme c'est le cas actuellement....

commentaires (2)

18 ans ! le même nombre d'années que les résistants du hezb ont mis pour voir les voleurs de terre d'israrecel de natibaba et ses 40 voleurs détaler du sud Liban sous les coups de boutoir de leur vaillance . Chiffre fatidique ..

FRIK-A-FRAK

11 h 45, le 10 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • 18 ans ! le même nombre d'années que les résistants du hezb ont mis pour voir les voleurs de terre d'israrecel de natibaba et ses 40 voleurs détaler du sud Liban sous les coups de boutoir de leur vaillance . Chiffre fatidique ..

    FRIK-A-FRAK

    11 h 45, le 10 mars 2016

  • Enfin...il faut obtenir ce que nous voulons par la force...attendre 18ans pour ce fameux pont ????

    Soeur Yvette

    09 h 21, le 10 mars 2016

Retour en haut