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Culture - Rencontre

Suivre Marcel Khalifé jusqu’au bout de son paradis perdu

Le compositeur et oudiste signe, ce vendredi 11 mars, un album intitulé « Andalous el-Hob »*, une manière de tisser encore une fois ce fil amoureux (qu'il n'a jamais dénoué) avec l'autre.

Marcel Khalifé, cet homme de toutes les causes, n’en défend plus qu’une seule : celle de l’amour.

« Sur le pont j'ai vu l'Andalousie de l'amour et du sixième sens (...) Sur une larme désespérée, elle lui rendit son cœur et dit: L'amour requiert de moi ce que je n'aime pas. Il requiert que je l'aime. La lune s'endormit sur une bague qui se brise, les colombes s'envolèrent...» (extrait du poème de Mahmoud Darwich).

Lorsque la colombe se pose
C'est vers ce pays de beauté, un pays paradisiaque devenu désormais imaginaire, tant l'amour l'a déserté, que Marcel Khalifé emmène tous ceux qui veulent entreprendre le voyage. Andalous el-Hob (L'Andalousie de l'amour) est une composition musicale d'une heure, sur un long poème de Mahmoud Darwich qui s'intitule Ya tir al-Hamam, et rebaptisée par le compositeur/musicien sous ce titre. «Pour tout ce que le mot Andalousie évoque comme beauté, mais aussi pour soulever la question: ce monde est-il devenu un paradis perdu?»
Un travail qui s'est effectué par étapes et qui comprend une partie acoustique et l'autre vocale, avec le quatuor Rami Khalifé et Bachar Khalifé, Gilbert Yammine et Marcel Khalifé. Cet homme de toutes les causes n'en défend plus qu'une seule. Celle de l'amour. L'absolu, le total. Celui qui ramène l'homme à son essence profonde. Celui qui le détourne de la sauvagerie et de la haine de tous les jours. Celui qui le rehausse enfin au rang d'homme, respectueux de tout ce qui l'entoure, et des autres. «Ce poème a rapport avec le sens profond de l'amour, non un amour en particulier, comme je le décrivais auparavant, celui de la bien-aimée, de la mère ou de la terre, mais l'amour total et absolu.» «Et, continue-t-il, si tous ceux qui sont morts pouvaient revenir et mourir à nouveau pour l'amour et non pour la guerre, en écoutant cette musique!»


(Pour mémoire : Marcel Khalifé, le musicien toujours debout)

 

Dans une quête sans fin...
Marcel Khalifé a cette foi inébranlable en la rédemption de l'homme, en son pouvoir – parfois enfoui – à s'affranchir afin de se retrouver et de triompher de lui-même. Ce travail si personnel, effectué par étapes, est certainement la continuation normale de l'enfant qui survit en lui, qu'il n'a pas fait taire au cours des années et qui porte en lui la sagesse des «justes». «Ce travail n'a rien de politique, dit-il encore. Si la personne ne libère pas ses désirs, elle est toujours vaincue.»
Pour le compositeur, l'amour serait comme la lumière qui éclaire, mettant ainsi l'accent sur la laideur environnante. Courageux, il ne s'est jamais soumis à cette laideur, mais l'a combattue avec les armes de l'amour. «J'ai dépassé la chanson arabe dans ce qu'elle offre de plus étroit de son interprétation du sentiment amoureux.» En guerre (pacifique) contre tous les acquis, les préjugés, les petites guerres, Marcel Khalifé se fait le chantre de la sensibilité et de la douceur. «Si les hommes retrouvaient un peu la féminité dissimulée en eux et bousculaient cette fausse virilité, il y aurait moins de violence dans le monde.» L'Andalousie de l'amour est un rêve debout. Marcel Khalifé fait ce rêve et aimerait le partager avec celui qui l'écoute. «Mahmoud Darwich me demandait durant des années pourquoi je ne composais pas ce poème. Ça y est, aujourd'hui, c'est fait. Au moins, s'il pouvait l'écouter», dit le musicien. Et c'est par hasard que l'album sort le 11 du mois, date qui marque le jour du 75e anniversaire du poète disparu. Qui sait alors? Il l'écoute peut-être.

* Vendredi 11 mars, à 19h, au Virgin Megastore (centre-ville).

 

Pour mémoire
La promesse de douce « tempête » de Marcel Khalifé

« Marcel Khalifé, notre seul hymne », déclare Bou Faour

 

« Sur le pont j'ai vu l'Andalousie de l'amour et du sixième sens (...) Sur une larme désespérée, elle lui rendit son cœur et dit: L'amour requiert de moi ce que je n'aime pas. Il requiert que je l'aime. La lune s'endormit sur une bague qui se brise, les colombes s'envolèrent...» (extrait du poème de Mahmoud Darwich).
Lorsque la colombe se poseC'est vers ce pays de beauté, un pays...

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