Rechercher
Rechercher

Économie - Conférence

L’Égypte mise sur la diaspora libanaise pour conquérir les marchés africains

Un forum d'affaires libano-égyptien a dessiné hier les bases d'une stratégie de partenariat entre des entrepreneurs des deux pays pour commercialiser les produits industriels égyptiens sur le continent africain.

Une trentaine de sociétés égyptiennes vont rencontrer une centaine d’entrepreneurs libanais déjà présents en Afrique. Photo D.R.

À en croire les participants au forum « L'Égypte et le Liban ... vers l'Afrique », inauguré hier à l'hôtel Phoenicia, il semblerait qu'il faille effectuer un détour par Beyrouth pour pénétrer en Afrique à partir du Caire... « Nous devons mettre en commun nos expertises afin de renforcer notre coopération bilatérale dans la conquête des marchés africains, tout particulièrement dans le secteur du BTP. Notre association, une fois concrétisée, sera très difficile à concurrencer », s'enthousiasme le ministre libanais de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim, face à un auditoire déjà conquis et composé de plusieurs officiels et entrepreneurs des deux pays.

« Une trentaine de sociétés égyptiennes souhaitant commercialiser leurs marchandises en Afrique ont fait le déplacement pour négocier des opportunités de partenariats avec une centaine d'entrepreneurs libanais déjà présents sur le continent », indique le directeur exécutif de l'Association des hommes d'affaires libano-égyptiens (Elba), Amr Fayed. Ce dernier est le principal organisateur de l'événement et a convié essentiellement des entreprises opérant dans le secteur du BTP, en organisant pour chacune d'entre elles une série d'entretiens avec des commerçants libanais potentiellement intéressés par la distribution de leurs produits en Afrique. « Des visites sont d'ailleurs prévues, aujourd'hui et demain, à Tripoli puis à Saïda pour leur permettre de rencontrer le plus grand nombre d'entre eux », ajoute Amr Fayed.

Besoin d'alliés
L'économie égyptienne, forte de son secteur industriel en pleine expansion, a décidé de se tourner vers l'Afrique. Les 20 et 21 février derniers, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ainsi lancé en grande pompe à Charm el-Cheikh le sommet « Africa 2016 » en présence de 12 chefs d'État africains et de 1 200 représentants d'entreprise afin de promouvoir le commerce interrégional africain. Mais pour y arriver, le secteur privé égyptien a besoin d'alliés déjà bien installés. « L'industrie égyptienne est dotée d'une grande capacité de production et a atteint des standards de qualité internationaux. Nous vous demandons de venir visiter nos usines pour vous en rendre compte », lance aux distributeurs libanais le président de la Chambre de l'industrie BTP égyptienne, Ahmad Abdelhamid. « Nous souhaitons atteindre les marchés africains pour y exporter nos produits en marbre et nous voudrions nous appuyer sur la diaspora libanaise pour y accéder », confie pour sa part Abdeslam Hussein, PDG de Alfa Stone. « Les Libanais se chargeront de distribuer les produits égyptiens sur les marchés africains qu'ils connaissent déjà très bien et pourront aussi servir d'intermédiaires pour les investissements égyptiens en Afrique », suggère Raouf Abou Zaki, le PDG de la revue économique al-Iktissad wal-aamal qui sponsorise l'événement.

Les réseaux de la diaspora libanaise en Afrique et son poids économique dans ces pays à fort potentiel de développement sont donc au cœur de cette stratégie bilatérale. D'après un rapport du service commercial de l'ambassade égyptienne à Beyrouth, il y aurait environ plus de 180 000 Libanais installés rien que dans les pays d'Afrique occidentale, les premières cibles convoitées par le secteur privé égyptien. « Elba organisera en mai la visite d'une délégation composée d'entrepreneurs égyptiens et libanais au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Ghana », avance Amr Fayed. Et pour cause, selon l'ambassade égyptienne, les Libanais contrôlent plus de la moitié de l'activité économique en Côte d'Ivoire en étant notamment à la tête de 1 500 sociétés industrielles.

Mais quels avantages auront les Libanais à aider les Égyptiens à commercialiser leurs produits ? « Les distributeurs libanais ont tout à gagner avec ce type d'accords et peuvent même exiger des industriels égyptiens des contrats d'exclusivité. Ils auront aussi toute la liberté de sélectionner les produits qu'ils jugent compétitifs au niveau de la qualité et des prix », rassure l'homme d'affaires libano-égyptien et PDG d'Egypt Mosaik, Edmond Boutros. Les secteurs privés des deux pays ont déjà à leur actif plusieurs exemples de coopération. « Les investissements libanais en Égypte totalisent environ 5 milliards de dollars et se concentrent principalement dans le secteur de l'industrie du fer et du textile, ainsi que dans le secteur bancaire, avec la présence de Bank Audi et de Blom Bank.

Les investissements égyptiens au Liban sont quant à eux très modestes », affirme Raouf Abou Zaki. Il ajoute néanmoins que les professionnels libanais sont en phase d'investir davantage dans le marché égyptien. « Nous avons été minés par une série d'instabilités politiques depuis la chute du régime Moubarak et nous cherchons à redynamiser ces échanges commerciaux », avoue Amr Fayed. Car entre 2011 et 2015, les exportations égyptiennes vers le marché libanais ont baissé de 49 %, à 462 millions de dollars ; tandis que les exportations libanaises ont augmenté de 30 % à 88 millions de dollars. Les échanges commerciaux se concentrent dans l'industrie et l'agriculture, et assurent aux deux économies une certaine complémentarité, selon Edmond Boutros. « Les producteurs libanais font par exemple appel à des biens de consommation intermédiaire égyptiens, et vice versa », souligne-t-il.

 

Pour mémoire
Le Liban de plus en plus courtisé par les investisseurs chinois

La diaspora libanaise appelée au secours des entreprises

La Chambre de commerce franco-libanaise veut étendre son champ d’action aux Libanais d’Afrique et du M-O

À en croire les participants au forum « L'Égypte et le Liban ... vers l'Afrique », inauguré hier à l'hôtel Phoenicia, il semblerait qu'il faille effectuer un détour par Beyrouth pour pénétrer en Afrique à partir du Caire... « Nous devons mettre en commun nos expertises afin de renforcer notre coopération bilatérale dans la conquête des marchés africains, tout particulièrement...

commentaires (1)

Rien de nouveau ...que du vieux , c'était déjà comme cela à l'époque de Nasser...! mais actuellement en l'an 2016 ,la concurrence est vive sur les marchés africains , entre les pays d'Asie et arabes ...

M.V.

10 h 06, le 01 mars 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Rien de nouveau ...que du vieux , c'était déjà comme cela à l'époque de Nasser...! mais actuellement en l'an 2016 ,la concurrence est vive sur les marchés africains , entre les pays d'Asie et arabes ...

    M.V.

    10 h 06, le 01 mars 2016

Retour en haut