Une photo postée par Walid Joumblatt sur son compte Twitter, avec son épouse Nora, à l’étranger.
Dans ce qui ressemble à une profession de foi politico-culturelle, voire à une prestation de serment, le chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, a répondu durant le week-end, indirectement, à la nouvelle attaque dont il fait l'objet de la part de l'axe Téhéran-Damas, via ses représentants locaux.
Au lendemain de ses tweets corrosifs dénonçant le blocage présidentiel et la volonté d'instaurer une « démocratie selon le modèle iranien », M. Joumblatt s'était déjà attiré une réponse exhaustive de la part du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de sa dernière prestation télévisée.
La campagne s'est poursuivie sans relâche depuis, au lendemain d'une nouvelle série de tweets de M. Joumblatt, utilisant le héros des Mille et Une Nuits, Aladin, pour dénoncer l'avènement inéluctable du nouveau président de la République « sur un tapis persan ». Elle s'est exprimée notamment dans le quotidien as-Safir, à travers un pamphlet contre lui signé Ali Chéhab, qui fustige les propos moqueurs du chef du PSP à l'encontre du wali el-faqih iranien et défend le modèle iranien, et se termine sur une note quelque peu menaçante... puisque l'auteur se réjouit du fait que le responsable sécuritaire du Hezbollah, Wafic Safa, « a de la chance de ne pas avoir de compte Twitter » – sous-entendu de ne pas lire les tweets de M. Joumblatt. Le lecteur est bien en droit de se demander, partant, ce qui se produirait si c'était le cas.
À cela il faut ajouter que la position adoptée par M. Joumblatt sur les développements en Syrie et le regain de puissance, sur le terrain, du régime et des milices chiites pro-iraniennes ainsi que sa critique de l'attitude de Moscou n'ont pas contribué à calmer les ardeurs du Hezbollah et de ses alliés. « Ils ne supportent pas le moindre mot », confiait ainsi hier le leader druze à L'Orient-Le Jour.
(Lire aussi : Les SR syriens ont demandé l'assassinat de Joumblatt, affirme un terroriste détenu)
La réponse de Joumblatt
À travers une série de tweets, comme le veut désormais la tradition joumblattienne, le chef du Rassemblement démocratique, en voyage en Europe, a répondu à deux niveaux, en reprenant le même leitmotiv au début de chaque tweet : « Je suis loin ». Une distance d'abord sur le plan physique, puisqu'il se trouve actuellement loin du Moyen-Orient, mais aussi psychologique et idéologique, puisque le texte réaffirme un rejet de la part de l'auteur de toute la sombre réalité politique régionale actuelle.
Une manière de répondre, par sa culture, aux intimidations des Goebbels locaux.
« Je suis loin des élections fictives et du labyrinthe de la politique orientale. Je suis loin de l'interminable despotisme oriental, qui n'en finit pas de déshumaniser l'être humain. Je suis loin des idéologies totalitaires qui utilisent les méthodes nazies pour régner, comme le fait le parti Baas depuis 70 ans. Je suis loin de l'interprétation unidimensionnelle de l'islam qui sème la haine, la terreur et la mort au nom de Dieu », a ainsi indiqué Walid Joumblatt sur Twitter.
« Je suis loin des poignards traîtres des ennemis et des prétendus amis, qui font tous partie de la même bande. Je suis loin des ténèbres permanents de midi, superbement décrits par Arthur Koestler (NDLR, il s'agit de l'ouvrage Darkness at Noon, traduit en français sous le titre Le Zéro et l'infini). Je suis loin de la lumière de la mort, prophétiquement annoncée par Gibran. Je suis loin d'un monde qui n'a jamais progressé, tandis que d'autres progressaient, comme l'avait prédit l'émir al-Bayan Chakib Arslane. Je suis loin de la grande prison arabe que dénonçait Kamal Joumblatt. Et, in fine, je suis loin du monde arabo-islamique de tueurs et d'assassins que May Arslane Joumblatt avait décrit avant de disparaître », a-t-il conclu.
Poursuivant par ailleurs hier sa dénonciation de la mascarade présidentielle, M. Joumblatt a posté sur Twitter la photo d'un personnage enturbanné et en habits persans sur un tapis volant, probablement une représentation d'Aladin, avec le texte suivant : « Le voilà (le futur président). Est-ce que ce sera Henri Hélou, Sleiman Frangié ou Michel Aoun ? Il se peut que ce soit Émile Rahmé. »
En attendant les nouvelles réponses, dans les prochains jours, des mauvais génies aux lampes syro-iraniennes.
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commentaires (5)
Je ne m'attendais vraiment pas que le girouettisme pouvait être érigé en culture . À croire que même il serait nommé par l'unesco patrimoine mondial. .. Quelle misère ce bonhomme !!!!
FRIK-A-FRAK
10 h 33, le 08 février 2016