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Économie - Fin des sanctions

L’Iran redevient une terre promise pour les entreprises

Avec l’officialisation de la levée des sanctions occidentales, l’Iran devient le pays le plus important à rejoindre le commerce mondial depuis l’effondrement de l’ex-URSS. Joe Klamar/AFP

Une mégacommande d'avions Airbus pourrait marquer le retour de l'Iran dans le commerce mondial et l'avènement d'un boom des échanges et des investissements qui remodèlera l'économie du Proche et du Moyen-Orient. « L'économie iranienne est libérée des chaînes de sanctions, il est temps de construire et de croître », a tweeté samedi le président Hassan Rohani après l'annonce de la levée des sanctions internationales qui frappaient son pays depuis cinq ans en raison du programme nucléaire de Téhéran.
Quelques heures plus tôt, son ministre des Transports Abbas Akhoondi avait déclaré à l'agence de presse Tasnim que l'Iran commanderait 114 avions civils à Airbus, un contrat qui pourrait dépasser les 10 milliards de dollars aux prix catalogue. L'avionneur européen a dit ne pas avoir encore ouvert de négociations commerciales avec l'Iran et, de fait, les entreprises occidentales souhaitant revenir dans le pays resteront confrontées à d'importants obstacles dans l'immédiat. Parmi les risques bien identifiés figurent l'endettement élevé des banques iraniennes, un système juridique primitif, la rigidité du marché du travail et la corruption. Nombre d'entreprises étrangères hésiteront aussi à investir en Iran du fait du risque de rétablissement automatique (snap back) des sanctions si Téhéran ne respecte pas ses engagements pris lors de l'accord du 14 juillet 2015 sur le nucléaire.

 

(Lire aussi : Le marché pétrolier, victime collatérale du retour de Téhéran ?)

 

Rattrapage
Mais l'annonce sur Airbus vient souligner le potentiel de l'Iran : avec une population de 80 millions d'habitants et une production annuelle de quelque 400 milliards de dollars, c'est le plus important pays à rejoindre le commerce mondial depuis l'éclatement de l'ex-Union soviétique au début des années 1990. La levée des sanctions permettra au pays d'acheter de nouveau non seulement des avions et des biens d'équipements industriels mais aussi de se fournir en médicaments et en produits de grande consommation.
L'Iran bénéficiera aussi de l'augmentation de ses exportations de pétrole qu'il peut de nouveau vendre librement sur le marché mondial, même s'il n'en tirera qu'un revenu limité dans un premier temps du fait de la déprime des cours du brut et des efforts nécessaires pour remettre en état ses installations.
L'Iran, qui a une économie plus diversifiée que son rival saoudien, avec par exemple une importante production agricole et une industrie automobile, est moins exposé à la baisse des cours du brut, pourrait amorcer un rattrapage en retrouvant ses niveaux d'export d'avant les sanctions. Les échanges commerciaux de la République islamique avec l'Union européenne représentaient ainsi 27,8 milliards d'euros en 2011 (30,3 milliards de dollars), avant les sanctions, avant de tomber à 7,6 milliards d'euros en 2014 (8,3 milliards de dollars).

 

(Lire aussi : Bugdet : Rohani table sur les capitaux étrangers)

 

Lutte commerciale
Dans la lutte qui va s'engager pour reprendre pied en Iran, les entreprises américaines risquent d'être à la traîne du fait du maintien de sanctions bilatérales antérieures à la crise nucléaire. Le Trésor américain a fait savoir samedi qu'il permettrait aux filiales étrangères de firmes américaines de faire commerce avec l'Iran, un filon que les grandes multinationales devraient s'empresser d'utiliser. Mais elles pourraient aussi rester sur leurs gardes, attendant d'une part de connaître la position du prochain président américain sur l'Iran et craignant de l'autre des ennuis de la part d'actionnaires ou de groupes de pression si elles investissent dans ce pays longtemps sur liste noire.
Les autres se pressent au portillon. Samedi matin, de hauts responsables de Total et de Shell sont arrivés à Téhéran pour des discussions avec la compagnie pétrolière nationale NIOC et la compagnie de transport de pétrole NITC, a rapporté l'agence de presse Mehr. Dans l'industrie automobile, PSA Peugeot Citroën, premier constructeur européen en Iran jusqu'aux sanctions, espère y retrouver son rang, mais se heurte aux ambitions de son concurrent et compatriote Renault.

 

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