Geagea : Les Russes sont en Syrie pour leurs intérêts, pas pour défendre quiconque

Le président des Forces libanaises, Samir Geagea, a rejeté les allégations selon lesquelles l'intervention de la Russie en Syrie visait à défendre les chrétiens de la région.
« Les Russes sont venus en Syrie pour défendre leurs intérêts et non pour défendre qui que ce soit, conformément à ce qu'a affirmé le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev », a affirmé dimanche soir M. Geagea au cours du dîner annuel de la section Kesrouan-Ftouh des FL, en présence notamment des députés Sethrida Geagea, Youssef el-Khalil, Chant Chinchinian, de l'ancien ministre Joe Sarkis, de la journaliste May Chidiac, et des représentants des différents partis et composantes politiques du 14 Mars.
Il a également rejeté l'idée selon laquelle les chrétiens du Liban seraient en danger. « Les chrétiens sont là par la volonté de Dieu et ils resteront sur cette terre », a-t-il noté.
Évoquant le dossier interne, Samir Geagea a rappelé pourquoi son parti avait refusé de participer au gouvernement actuel, dénonçant le processus de formation du cabinet. Il a rappelé, dans ce cadre, une métaphore chère au cardinal Nasrallah Sfeir, celle de « la calèche qui est conduite par deux chevaux, l'un voulant l'emmener à droite et l'autre à gauche », pour rejeter une telle forme de cabinet, incapable de gouverner. « Les FL resteront dans l'opposition modérée et souple afin de sauver le Liban des crises régionales qui l'entourent », a-t-il poursuivi, estimant qu'il est « certaines crises internes qui peuvent être réglées par le biais d'une action sérieuse », comme celle de l'électricité, en suivant l'exemple de Zahlé qui a pu assurer le courant électrique 24h sur 24, mais aussi l'eau ou la circulation routière.
« Si nous entrons au gouvernement, c'est pour opérer un changement. Sinon, pourquoi y participer ? » s'est-il interrogé.

La présidentielle
Samir Geagea est par ailleurs revenu à la charge concernant l'importance de mettre fin au blocage de l'élection présidentielle. « La réalité dans laquelle nous nous trouvons est due d'abord à ce blocage. Que nul ne s'imagine qu'il est possible de résoudre quoi que ce soit au Liban avant l'élection d'un nouveau président de la République », a-t-il indiqué.
« Le blocage de la présidentielle a lieu au niveau régional, jusqu'au moment où l'on trouvera quelqu'un pour donner un prix en contrepartie du fait de faciliter les élections. Au plan intérieur, il est clair que le Hezbollah peut mettre fin au blocage dès à présent si on lui donne la loi électorale qui lui permet de contrôler tout le pouvoir à travers la proportionnelle qu'il propose. Son objectif n'est pas, comme il le prétend, de recouvrer les droits des autres communautés, dans la mesure où il existe d'autres lois électorales qui peuvent assurer ces droits », a-t-il souligné.
« Nous n'accepterons qu'un président respectable qui bénéficie d'un minimum de représentativité populaire, de respect et de personnalité. Nous voulons un président qui dispose de la stature d'un chef d'État, sinon à quoi bon tenir l'échéance ? Nous n'accepterons pas un remplissage du poste par n'importe qui », a ajouté M. Geagea.
Le président des FL a enfin appelé les Libanais à « générer un changement dans le pays en votant aux prochaines législatives ». « Vous ne pouvez voter qu'en faveur de la partie qui possède un projet clair et grand, ce qui n'est le cas que des grands partis et des grands blocs. Pour modifier notre réalité politique, il faut modifier nos pratiques politiques », a-t-il conclu.
Signalons par ailleurs que Samir Geagea a reçu hier à Maarab l'ambassadeur d'Égypte, Mohammad Badreddine Zayed, qui a estimé qu' « il n'y a pas suffisamment de signaux positifs » pour que la présidentielle ait lieu et qu' « une lecture minutieuse montre que la situation régionale ne sera pas réglée ». « Il n'est donc pas bon de miser dessus », a-t-il ajouté, en allusion aux développements régionaux, appelant à « mettre fin aux souffrances du peuple libanais » et à élire un président. Le diplomate égyptien a également été reçu à Rabieh par le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun.