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Liban - Dialogue national

Rejet quasi unanime d’un amendement constitutionnel pour la présidentielle

Gebran Bassil a pris la place du général Michel Aoun, hier, à la table des chefs politiques. Photo Ibrahim Tawil

Dans le cadre hermétique du troisième étage du siège du Parlement, préservé des cris de colère des manifestants, derrière un périmètre de sécurité renforcé, la seconde séance de dialogue national s'est déroulée hier dans une atmosphère « relativement positive », rapportent les participants.

Au-delà du caractère de pure forme qu'on peut reprocher au dialogue, deux variations par rapport à la précédente séance pourraient signaler un début de réorientation du débat sur la présidentielle – la première clause à l'ordre du jour. Un débat dont s'est retiré le député Walid Joumblatt une heure après l'ouverture de la séance « pour des raisons personnelles ». Il y a d'abord l'absence du chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, qui a choisi, cette fois, de se faire représenter par le ministre Gebran Bassil, qui l'avait accompagné à la précédente séance. « Cette demi-mesure se veut un appel à la réflexion, à l'adresse des protagonistes qui font la sourde oreille à notre appel à élire un président au suffrage universel », explique l'ancien ministre Sélim Jreissati à L'Orient-Le Jour.


(Lire aussi : Appui grec-catholique à la participation de Pharaon à la table de dialogue)


Sauf que le deuxième élément nouveau, observé à la table de dialogue hier, est le silence du Hezbollah sur cette option, que le Courant patriotique libre (CPL) a été le seul à invoquer hier. Dans les faits, tels que rapportés par des sources concordantes de la réunion, le débat sur la présidentielle s'est centré sur le mécanisme électoral, aboutissant à une approbation quasi unanime du principe selon lequel « le temps n'est pas à l'amendement de la Constitution ». Alors que le Hezbollah est resté silencieux sur ce point, le ministre Bassil a relancé l'appel du CPL à « élire un président par le peuple ». Le débat s'est ensuite quelque peu tendu entre Gebran Bassil et le vice-président de la Chambre, le député Farid Makari. Soulignant à M. Bassil que sa proposition en faveur du suffrage universel est pour le moins paradoxale, puisque l'élection du nouveau chef du CPL a elle-même été « le fruit d'un consensus et non d'une consultation de la base au sein du parti », le chef de la diplomatie a répondu, laconique : « Cela ne vous regarde pas. »

Le député Mohammad Raad s'est contenté, pour sa part, de réitérer l'appui de son parti à « un président fort ».
Les sources du 14 Mars présentes à la réunion s'attardent sur l'occultation « significative », par le Hezbollah, de la question du suffrage universel, à laquelle tient son allié chrétien. C'est ce qui aurait conduit d'ailleurs M. Makari à déclarer, à l'issue de la séance, que « le message est clair quant à l'improbabilité de procéder actuellement à un amendement constitutionnel pour élire un président ».
Pour Sélim Jreissati toutefois, « il est erroné de dire que le Hezbollah n'a pas appuyé le CPL dans ses revendications, les parties s'étant contentées d'exprimer leur approche sur la présidentielle, sans trancher la question du mécanisme ».
Quoi qu'il en soit, on apprenait que le président de la Chambre, Nabih Berry, parrain du dialogue, a appelé hier les participants à « soumettre par écrit leurs propositions », par souci de précision.


(Lire aussi : Raad : L'élection présidentielle est « impossible à court terme »)


Entre-temps, le général Michel Aoun estimait sur Twitter que la contestation populaire, hier, dans la rue était révélatrice de la nécessité de consulter le peuple pour l'élection d'un président. Plus tard dans la journée, il aurait prévenu le président de la Chambre que « la participation du CPL au dialogue sera la dernière si le principe du retour au peuple n'est pas pris en compte ».
Rien n'est sûr toutefois quant à la participation du CPL à la prochaine séance, fixée au 22 septembre. Qui plus est, des sources autorisées révèlent à L'OLJ que le général Michel Aoun a été contacté hier par le Hezbollah, qui l'aurait informé de son souci de maintenir le dialogue avec toutes ses composantes. C'est-à-dire, en filigrane, que son absence de participation au dialogue voire son retrait éventuel des prochaines séances n'étaient pas les bienvenus.

En somme, l'examen de la clause sur la présidentielle pourrait s'achever sur une entente sur « les normes » du mécanisme et « les qualités » du prochain président.
Le président de la Chambre aurait été jusqu'à évoquer la perspective d'un « nouveau Doha », c'est-à-dire un déblocage simultané de la présidentielle, du législatif et de l'exécutif, rapporte à L'OLJ une source ministérielle présente à la réunion. La seconde clause de l'ordre du jour porte d'ailleurs sur la relance de l'exécutif et du législatif.


(Lire aussi : Rayess : L'accord sur la présidentielle impossible, il faut se concentrer sur le gouvernement)



Dans le communiqué succinct de la séance, évoquant des « échanges sur les moyens d'aboutir à une percée au niveau de la présidentielle et de bâtir sur les points communs exprimés », une phrase a été insérée, qui pourrait dénoter une volonté de déblocage global : « Les personnalités réunies ont affirmé leur appui au gouvernement dans la gestion des dossiers liés au quotidien des citoyens. »
Cet appui présage-t-il, au moins, d'une relance de l'exécutif ?
Des sources de la réunion rapportent que la marche du gouvernement, suspendue depuis deux semaines, a meublé une partie des échanges. Mais c'est surtout la crise des déchets qui aurait polarisé le débat. Dans ce sens, « l'appui au gouvernement est en réalité un appui à la mise sur pied du plan Chehayeb. Une formule globale était toutefois préférable, afin de ne pas lier la conférence de dialogue directement au dossier des déchets et à ses éventuelles complications ».
Ce dossier reste « strictement politique », s'entendent à affirmer les protagonistes – à l'exception du CPL –, mais pourrait être résolu dans les prochains jours, à en croire des sources centristes. Autrement dit, le fait qu'il constitue un moyen de pression au niveau des négociations politiques n'exclut pas la possibilité de le résoudre incessamment, vu l'urgence de la situation.

Pour l'instant, « l'appui au gouvernement » reste une déclaration de principe, convenue de tous.
Les conditions de la relance de l'exécutif continuent, elles, de faire l'objet de divergences. Le CPL exige « d'une part l'adoption du consensus pour les décisions relevant des compétences présidentielles et de l'autre le réajustement des nominations sécuritaires, prises illégalement ».
Assimilant ces conditions à du « chantage », le député Ahmad Fatfat, qui s'était entretenu la veille avec le Premier ministre, s'est dit sceptique quant à la relance de l'exécutif, après les propos du vice-secrétaire général du Hezbollah, liant les nominations à la marche du cabinet.

Quoi qu'il en soit, « aucune réunion du Conseil des ministres n'est envisageable avant deux semaines pour des considérations liées à la fête de l'Adha et au voyage du Premier ministre à New York », affirment les sources du Sérail.

 

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Dans le cadre hermétique du troisième étage du siège du Parlement, préservé des cris de colère des manifestants, derrière un périmètre de sécurité renforcé, la seconde séance de dialogue national s'est déroulée hier dans une atmosphère « relativement positive », rapportent les participants.Au-delà du caractère de pure forme qu'on peut reprocher au dialogue, deux variations...

commentaires (7)

Et s'ils papotaient d'autre chose, les vieux ? Pourquoi n'entameraient-ils pas un Tournoi de Tâwléééh ? Yâ wâïyléééh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 48, le 18 septembre 2015

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Commentaires (7)

  • Et s'ils papotaient d'autre chose, les vieux ? Pourquoi n'entameraient-ils pas un Tournoi de Tâwléééh ? Yâ wâïyléééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 48, le 18 septembre 2015

  • Si seulement ces gens voulaient l'intérêt du LIBAN ils accepteraient que le président soit élu par le peuple à condition que les candidats qui se pensent forts (surtout symboles de fortes divisions) s'abstiennent.... puisque la force du nouveau président sera issue des citoyens votants eux mêmes...

    CBG

    22 h 54, le 17 septembre 2015

  • Y A-T-IL QUELQUE CHOSE DE PLUS SIMPLE QUE DE SE METTRE D'ACCORD SUR UN CANDIDAT CONSENSUEL... ET D'ALLER À SON ÉLECTION... COMME IL EN A TOUJOURS ÉTÉ ? DE GRACE... SAUVEZ CE PAUVRE PAYS ! DONNEZ-VOUS DES GARANTIES RÉCIPROQUES ET ÉCRITES ET METTEZ-VOUS D'ACCORD... VOUS ÊTES... OU PLUTÔT NOUS SOMMES DEVENUS LA RISÉE DE TOUT LE MONDE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 00, le 17 septembre 2015

  • QUESTIONNÉ POURQUOI IL N'A PAS ÉTÉ ÉLU À LA PRÉSIDENCE DU PARTI AU SUFFRRAGE UNIVERSEL... COMME IL LE DEMANDE POUR LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE... CELA NE VOUS REGARDE PAS A RÉPONDU LE GENDRISSIME PARAVENTISSIME ! L'ABERRANTE ABSURDITÉ DE LA POLICHINOCRATIE PROPOSÉE RÉVÉLÉE AU GRAND JOUR !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 17 septembre 2015

  • Le pays sombre et rien qu'à voir la photo, un haut-le-coeur, BLABLABLA....avec sourires à l'appui Nous pleurons

    RIGA Pavla

    08 h 32, le 17 septembre 2015

  • 1-Pourquoi l'OLJ n'a-t-il pas adopté ci-dessus la bonne manchette de l'édition écrite 'Le dialogue met fin à l'hérésie du suffrage universel' ? 2-Détestables sont ces dialogues-mascarades organisés par le roi de la place de l'Etoile, dont les.... se précipitent hier sur les collectifs de la société civile pour leur signifier qu'il est "L'untouchable" de la république. 3-Néanmoins impossible de ne pas observer ce qui suit quant au "dialogue" actuel : Le général Aoun est député et au pouvoir exécutif (de blocage et contre-blocage) depuis dix ans. Il pouvait présenter au Parlement toutes les proposition d'amendement constitutionnel possibles et imaginables. Même pour faire du Liban une royauté, s'il le voulait. Pourquoi est-ce seulement maintenant cet "ou suffrage universel ou pas d'élection présidentielle" ? Avec tant de "ou.... ou" du général, adieu (ce qui reste de) cette république et adieu les ambitions !

    Halim Abou Chacra

    04 h 52, le 17 septembre 2015

  • AOUN RÊVE EN COULEUR. IL CROIT À L'IDÉE QU'IL SERA ÉLU PAR LE PEUPLE. À MON AVIS, UN PRÉSIDENT DOIT ÊTRE ÉLU PAR LE PEUPLE, À CONDITION QUE DES NOUVEAUX VISAGES COMPÉTENTS ET HONNÊTES AURONT LA POSSIBILITÉ DE SE PRÉSENTER ÉGALE À ÉGALE AVEC UN PROGRAMME CLAIR.

    Gebran Eid

    03 h 36, le 17 septembre 2015

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