Les étudiants CPL et FL emboîtent le pas à Geagea et Aoun

Après la visite du chef des Forces libanaises Samir Geagea à Rabieh le 2 juin, où il a rencontré le chef du Courant patriotique libre Michel Aoun, et la publication de la déclaration d'intentions entre les deux formations après des mois de dialogue, il n'était pas attendu que la « réconciliation » ait des impacts rapides et concrets sur le terrain, notamment au niveau estudiantin où la rivalité entre les deux partis chrétiens est quasiment devenue légendaire. Pourtant, le dialogue CPL-FL a vite porté ses fruits. Hier, à Beit Ania au sanctuaire de Harissa, les responsables estudiantins des deux formations, quelque 25 étudiants se sont réunis le temps d'une journée de dialogue, sur une initiative des responsables des deux bureaux étudiants eux-mêmes, sans la moindre directive de la part des leaders qui ont toutefois donné leur bénédiction.
Cela s'est surtout traduit hier par la visite-surprise de Samir Geagea lors de la rencontre, qui a tenu à saluer cette initiative jugée louable. Une visite qui a laissé tout le monde perplexe : étudiants du CPL peu habitués à voir Samir Geagea, qu'ils avaient toujours imaginé comme un « monstre », et étudiants FL très émus. Le chef des FL a fait irruption dans la salle avant un déjeuner commun, et au terme d'une heure de débat entre les étudiants. Un dialogue auquel ont pris part le responsable de la communication au sein des FL, Melhem Riachi, et le député du CPL Ibrahim Kanaan. La journée avait par ailleurs été amorcée par une petite pause de prière à l'église Notre-Dame.

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Trouver un terrain d'entente
En fin de journée, les réactions étaient très optimistes des deux côtés. « La rencontre était très positive, a ainsi confié à L'Orient-Le Jour un responsable du CPL qui a requis l'anonymat. Nous avons discuté pendant plus d'une heure et chacun a pu exprimer ses idées. Je me demandais vraiment hier en arrivant quelles sont les choses que nous pourrons encore trouver en commun mais je suis assez optimiste. Nous nous sommes mis d'accord à nous opposer politiquement dorénavant de manière civilisée, et avons souligné la nécessité de rétablir les élections au sein des universités, qui sont actuellement suspendues dans la plupart des campus. Nous avons également parlé des erreurs du passé, des incidents qui ont eu lieu dans différentes universités, et du rôle des jeunes dans la vie politique. Il est possible qu'il y ait des alliances électorales entre nous dans le futur, sans que cela ne signifie une séparation avec nos alliés. Nous avons de grandes différences au niveau stratégique, comme par exemple au sujet du Hezbollah et de la Syrie ».
De son côté, le responsable des universités francophones au sein des FL, Ralph Akl, a expliqué : « Nous nous sommes surtout mis d'accord sur l'importance de ne plus nous attarder sur les histoires du passé, et de nous concentrer sur les choses qui peuvent au contraire nous rassembler. » « Le but de cette rencontre était en tout cas de briser la glace, d'ouvrir une nouvelle page, de faire baisser les tensions, de transformer nos deux formations en modèle pour tous les autres et de mettre l'accent sur l'importance de ce que nous faisons, pour tous ceux qui doutent de l'importance des courants et partis en société. Nous nous sommes également mis d'accord sur la nécessité que soient organisées des élections dans des universités où il n'y en a jamais eu comme l'Usek, l'UL et l'Université La Sagesse, afin que les institutions académiques continuent de produire des cadres capables de devenir les leaders de demain, a-t-il poursuivi. La visite de Samir Geagea quant à elle était très particulière et nous avons discuté avec lui à huis clos, a ajouté Ralph Akl. Il est resté pendant plus d'une demi-heure avec nous, loin des médias, a écouté les appréhensions de chacun et a surtout mis l'accent sur l'importance de dépasser les différends et de trouver des points communs même si nous avons des différences en politique. »

(Pour mémoire : La relation entre le CPL et les FL ne reviendra jamais en arrière, affirment Kanaan et Riachi)

Une démarche historique, selon Geagea
Samir Geagea a affirmé depuis Harissa, devant les étudiants qui se sont regroupés autour de lui pour une photo, que « le rapprochement entre son parti et le CPL est le premier en vue d'aboutir à un rassemblement des forces politiques libanaises ». « Je suis venu pour confirmer que le rapprochement avec le CPL n'est pas un rapprochement tactique, mais bien une démarche historique. Seul le rassemblement des forces politiques est capable de changer la situation actuelle. Le Liban souffre de plusieurs problèmes mais avec la présence d'un État actif, nous pouvons passer outre ces problèmes », a-t-il indiqué, affirmant que le général Aoun et lui sont heureux de cette initiative prise par les étudiants. Ces déclarations ont été suivies par des séances photos avec des étudiants aounistes, qui n'ont pas manqué de le taquiner au sujet de l'intervention du Hezbollah en Syrie et du général Aoun.
Dans une conférence de presse tenue à la fin du débat, le président du bureau estudiantin des FL, Gérard Zouein, a enfin affirmé que « cette rencontre s'inscrit dans l'esprit de la déclaration d'intentions. Nous sommes conscients de la difficulté de la tâche mais nous ne perdrons pas cette chance et n'épargnerons aucun effort afin d'aboutir à un terrain d'entente entre nous pour l'avenir ».
« Cette réunion sera suivie par d'autres », a renchéri le président du secteur estudiantin du CPL, Antoun Souhaid, appelant à raviver la vie politique au sein des universités « où les amicales sont devenues héréditaires ». « CPL et FL veulent donner une image civilisée de la compétition entre étudiants », a-t-il conclu.

Pour mémoire
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