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Lifestyle - Beyrouth insight

Zaven Kouyoumdjian, conteur d’histoires et d’Histoire

Le petit écran est un large espace dans lequel l'animateur de télévision évolue depuis 25 ans. Noces d'argent faites de hauts et de quelques bas, d'envie de changer ou de continuer. Avec, dans cette belle histoire d'amour, quelques infidélités : des livres, dont le dernier vient de sortir sous le titre Assaadal lahou Massa'akom, (éd Hachette Antoine).

Yvette Sursock, Greta Zeeny, René Hélou, Michel Tabet et Édouard Saad (Togo). Photo tirée du livre « Assaadal lahou Massa’akom » de Zaven Kouyoumdjian

Ce sont des visages dont on se souvient encore. Des répliques, des génériques, des émissions, des jeux, des séries, des BO et des noms qui ont marqué nos vies. Toutes ces émotions simples et sincères qui manquent désormais à une télévision mondialisée devenue trash, trop commerciale et manipulatrice. Privilégiant le choc (facile) des images et les talk shows, accumulations de mots qui ne veulent plus dire grand-chose.


Parce que les temps ont changé, que l'actualité semble tellement moins légère, même si elle est aujourd'hui diffusée en couleur, il y a toujours un frisson lorsque sont évoqués Chouchou dans al-Mechouar el-tawil, la famille Abou Salim, le couple Abou et Emm Melhem, les acolytes de Gaston Chikhani, les invités de Leila Rustom, les samedis d'Émilie Barakat, quand toute la ville chante, et la présence – indétrônable – d'Yvette Sursock lorsqu'elle reçoit.


Plus qu'un album de souvenirs de ces années d'avant 75, le livre du journaliste, producteur et animateur télé Zaven Kouyoumdjian recèle de précieuses informations et archives. Les avoir traquées durant plus de cinq ans et réunies sur 320 pages relève d'un travail de titan. Obsessionnel exercice auquel il s'est attelé, durant de longues nuits blanches, déterminé à en faire un ouvrage de référence auquel, quelque part, son nom serait définitivement associé. L'intituler Assaadal lahou massa'akom (Que Dieu mette du bonheur dans votre soirée) semblait une évidence. Cette phrase-clé qui a longtemps symbolisé Télé-Liban avait été utilisée dans sa campagne de relooking en 1994. Un slogan, une invitation que lui, alors jeune journaliste de 23 ans, un inconnu, « arménien de surcroît », souligne-t-il, immortalisait dans un clip signé Saatchi&Saatchi et Ziad Rahbani. 25 ans plus tard, c'est un peu comme si, précise-t-il, « je bouclais une boucle».


Télé et réalité

De Télé-Liban à la Future TV, le parcours de Zaven Kouyoumdjian est parsemé d'émissions appréciées ou controversées, comme il est d'usage dans ce monde où tous les coups semblent permis. 30/31, 5/7, Siré w Nfatahit et enfin Bala Toul Siré. Des concepts, des sujets, un style qu'il a pensé pour trouver sa niche, et qui lui ont valu de figurer en 2005, dans Newsweek, parmi les 43 personnalités les plus influentes du Moyen-Orient. Parfois las de la télévision souvent affectée par l'actualité politique et ses changements, Zaven retrouve son souffle en éditant des livres où le passé est toujours présent. Avec Lebanon Shot Twice paru en 2003, (éd. Dar an-Nahar), il revenait sur des lieux, des êtres, des images d'avant et d'après les années sanglantes.


« Pour Assaadal lahou massa'akom, j'avais envie de faire quelque chose de personnel, précise-t-il, et d'offrir un cadeau à toutes les générations de la télé locale, celles qui ont connu la période de ses débuts et les autres. Je ne suis pas un intellectuel, je raconte des histoires. J'ai composé ce livre d'une manière très visuelle, pour que le plus grand nombre de personnes puisse l'apprécier. La télé d'avant-guerre, poursuit-il, a réuni les Libanais et créé une culture commune. Tous, issus de régions tellement différentes, riaient et pleuraient pour les mêmes raisons. Et celles-ci passaient par le petit écran. Dans les années 80, cette image s'est brisée. La guerre, en s'y glissant, a tout gâché. ». À travers 100 instants précis, un jour, une année, une émission, Zaven Kouyoumdjian revient avec beaucoup d'émotions, la sienne et celle du lecteur, sur l'histoire de la télé libanaise de 1959 à 1989. Dans ces grands moments, c'est certainement celle du Liban qui est évoquée. « Je voudrais, conclut-il, transformer la mémoire d'une génération en une mémoire commune. »

 

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