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Liban - Affaire Hachem Salmane

Rifi : Nous irons jusqu’au bout

Selon le ministre de la Justice, le dossier de ce jeune manifestant, tué de sang-froid il y a deux ans devant l'ambassade d'Iran, avance.

M. Rifi recevant les proches de Hachem Salmane hier dans son bureau. Photo Ani

Alors que les proches de Hachem Salmane, jeune manifestant de l'Option libanaise (présidée par Ahmad el-Assaad) tué de sang-froid il y a tout juste deux ans devant l'ambassade d'Iran, ont dénoncé à plus d'une reprise le surplace de l'enquête, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a annoncé hier que le dossier avance et que la vérité sera faite sur cette sombre histoire.
L'enquête sur le meurtre de Salmane a été au centre d'une audience accordée hier par M. Rifi à une délégation de la famille du défunt, composée de ses frères Hassan, Salah et Zahi Salmane, accompagnés de leur avocat, Antoine Saad. M. Rifi a rassuré ses interlocuteurs, leur déclarant qu'« une partie importante du dossier a déjà été traitée ». « Nous poursuivrons cette affaire jusqu'au bout, jusqu'à ce que la vérité éclate, a ajouté le ministre. Cela signifie que l'État de droit est toujours vivant, sinon ce serait le désastre ».
Le ministre a précisé à cette occasion que le dossier a été transféré de la police judiciaire au juge d'instruction « en qui (il a) pleinement confiance ». « Nous suivrons cette affaire tout comme nous sommes en train de constituer un dossier sur l'affaire de l'enlèvement de Joseph Sader (directeur informatique employé par la Middle East Airlines, enlevé sur la route de l'aéroport le 12 février 2009). Nous constituons aussi un dossier sur le meurtre de Ramzi Irani (cadre des Forces libanaises retrouvé assassiné dans sa voiture en 2002). Nous tenons à accomplir notre devoir de manière complète », a-t-il ajouté.
Dans l'affaire Salmane, « même si l'accusé est un saint, nous l'interpellerons », a lancé le ministre en réponse à une question d'une journaliste, dans une allusion sarcastique à la qualification qui avait été donnée par les dirigeants du Hezbollah aux individus membres de ce parti et qui ont été inculpés par le procureur du Tribunal spécial pour le Liban dans le cadre de l'affaire Rafic Hariri. « Nous n'avons plus le choix dès lors qu'une procédure judiciaire est en cours, et j'estime que cela ne saurait tarder. Le meurtre du martyr Salmane est d'une grande limpidité, nous avons juste besoin de déterminer l'identité de ceux qui ont commis l'acte », a-t-il dit.
À la question de savoir si l'ambassade d'Iran coopère dans le cadre de l'enquête, il a répondu : « Les ambassades jouissent, partout au monde, d'une immunité. Mais s'il y a une volonté d'arriver à la vérité, personne ne pourra la cacher. »
Me Saad a salué « la volonté du ministre de faire la lumière sur le meurtre d'un jeune homme qui ne faisait que revendiquer l'application de la politique de distanciation » à l'égard du conflit syrien. Hachem Salmane participait à une manifestation contre la participation du Hezbollah à ce conflit devant le siège de l'ambassade d'Iran, à Bir Hassan. Pour l'avocat, il est vrai que le crime s'est produit « hors du siège de l'ambassade, mais celle-ci pourrait aider à l'élucider ».
« Ce crime a dissuadé tous les militants chiites de descendre dans la rue, a-t-il poursuivi. Quand le (secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah affirme qu'il s'agit d'un meurtre non prémédité, il avoue implicitement qu'il a bien eu lieu et devrait, par conséquent, aider à l'arrestation des coupables. »

« Il était personnellement visé »
Dans un témoignage antérieur à L'Orient-Le Jour, le frère de Hachem, Hassan Salmane, assure qu'« il n'y avait pas un seul tueur, mais un groupe de tueurs professionnels, qui ont condamné Hachem à mort ce jour-là ». Il nie que des noms de tueurs soient connus. « Mais les informations que nous détenons, les photos et les témoignages prouvent que Hachem était visé personnellement », dit-il. Il rappelle que le manifestant tué « s'était réfugié auprès de (militaires de) l'armée et qu'il a été froidement livré à ses bourreaux ».
Le frère de la victime déplore que l'enquête ait si peu avancé depuis deux ans, « étant donné que les preuves incriminent directement le Hezbollah, ou plutôt la milice comme nous l'appelons », affirme-t-il. « D'une part, les services de sécurité n'ont pas vraiment fait d'enquête, dit-il. Il faut savoir que les officiers qui étaient présents ce jour-là n'ont jamais été interrogés. L'ambassade d'Iran a toujours refusé de livrer les films de ses caméras sans que personne ne proteste. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, en réponse à une question sur le sujet, a rétorqué que l'affaire est devant les tribunaux. Du côté de la justice, on nous fait savoir que les forces de sécurité n'ont pas avancé dans leur enquête jusqu'ici ! »
Dans le paysage politique, notamment au niveau du gouvernement, Hassan Salmane affirme que l'actuel ministre de la Justice fait figure d'exception, et qu'il suit de près cette affaire.
La famille de Hachem est convaincue que celui-ci était visé et que sa mort n'a rien de fortuit. Pourquoi lui ? « Parce que Hachem était convaincu du bien-fondé de la cause libanaise, qu'il a manifesté par le passé contre la présence syrienne au Liban, et qu'il a manifesté plus tard contre le mini-État dans l'État, répond Hassan Salmane. Il était un vrai militant, pas un mercenaire. Il voulait leur crier d'arrêter d'envoyer des jeunes Libanais à la mort en Syrie. Et puis Hachem vivait au Sud, comme nous autres. C'est cela qui les dérangeait tellement en lui, il ne s'exprimait pas à partir d'une région où il est facile de le faire, mais de la région qu'ils dominent depuis si longtemps, et où ils imposent leur point de vue. »
Il fait d'ailleurs état de vexations et de menaces contre tous les membres de la famille de Hachem depuis sa mort.
Comment la famille compte-t-elle continuer à faire face alors que les horizons semblent aussi bouchés ? « Nous n'avons d'autre solution que de poursuivre la lutte pour que justice soit faite », a-t-il dit.

Alors que les proches de Hachem Salmane, jeune manifestant de l'Option libanaise (présidée par Ahmad el-Assaad) tué de sang-froid il y a tout juste deux ans devant l'ambassade d'Iran, ont dénoncé à plus d'une reprise le surplace de l'enquête, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a annoncé hier que le dossier avance et que la vérité sera faite sur cette sombre histoire.L'enquête sur...

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JUSTICE... Où ES-TU ? - OTAGE ET PRISONNIÈRE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 22, le 10 juin 2015

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Commentaires (2)

  • JUSTICE... Où ES-TU ? - OTAGE ET PRISONNIÈRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 22, le 10 juin 2015

  • Attention : les "assassaints" sont les "untouchable" de ce pays !

    Halim Abou Chacra

    09 h 26, le 10 juin 2015

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