Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Dans la peau d’une femme

Diala el-Fil, la fée des enfants malades

Photo DR

Elle aurait pu ne jamais s'en sortir. Le 28 août 2005, alors qu'elle était en vacances en Turquie avec ses trois enfants, son jeune fils Karim (5 ans) est fauché par un jet-skieur ivre. Il meurt trois heures plus tard dans ses bras. Diala el-Fil passe par toutes les étapes qui suivent une immense douleur : le déni, la colère et la dépression, l'envie de ne pas se réveiller et, finalement, sur les conseils de sa famille, elle se rend chez un psychiatre pour lui dire, tout simplement : « Je ne sais pas ce que je fais chez vous. Ce que je veux, c'est le retour de mon fils. Vous ne pouvez pas me le donner. » Mais le Dr Chawki Azouri lui insuffle la force de se battre pour que l'esprit de Karim reste vivant et parvienne à donner du bonheur aux autres enfants.

C'est ainsi qu'elle a créé Tamanna, une association qui cherche à réaliser le vœu d'un enfant atteint de maladie grave, en prenant pour logo un dessin de son fils disparu. « J'ai eu la chance d'avoir dans ma vie un tel ange », dit-elle aujourd'hui. Et si, avec cette mère meurtrie, les larmes ne sont jamais loin, elle parvient à les transformer en larmes de bonheur chez les enfants malades. Après le drame, en contactant des mères ayant vécu la même tragédie, Diala a découvert qu'elles étaient des mort-vivantes. Elle a donc préféré réagir et même si la douleur sera toujours là, elle a voulu la gérer utilement et la mettre au service des autres.

Ses histoires sont poignantes, car derrière la réalisation des vœux des enfants, il y a la mort qui guette avec son cortège dramatique. Mais Diala el-Fil ne cherche pas à l'oublier, elle veut simplement donner aux enfants un cadeau qui leur ramène le sourire et leur fasse oublier l'espace d'un rêve leur triste quotidien. Rien n'est trop beau pour ces enfants et Tamanna relève tous les défis pour le faire. L'association a par exemple emmené un petit garçon atteint d'un cancer chez la star du football Christiano Ronaldo, avec lequel il s'est pris en photo, suscitant même l'envie de ses camardes en bonne santé. Elle a également embarqué de nombreux enfants à Eurodisney et, surtout, elle a réussi le vœu d'une petite fille qui voulait revoir son père emprisonné en Italie. Avec la coopération des autorités italiennes, elle les a réunis pendant quelques heures, donnant à la fillette, qui est morte depuis, une ultime joie. Ainsi, en 10 ans, 1 300 rêves ont été réalisés et Tamanna compte aujourd'hui 17 volontaires qui sont à l'écoute des enfants et de leurs familles. La grande réussite de cette association est que désormais les hôpitaux la contactent pour l'alerter sur la présence d'un enfant malade car les médecins reconnaissent l'effet positif de son action sur le traitement des malades.

Tamanna suscite d'ailleurs l'émotion auprès de nombreuses personnes et sociétés, tant son concept est touchant. Persil, la MEA font partie de celles qui l'aident car, pour réaliser tous ces vœux, il faut beaucoup d'argent et l'association est toujours à la recherche de nouveaux contributeurs. C'est dans ce but qu'elle organise le 10 juin son dîner annuel en blanc pour 500 personnes. Au lieu de la traditionnelle tombola, Tamanna présentera aux convives des vœux d'enfants à réaliser...

Diala el-Fil est ainsi convaincue qu'en créant Tamanna, elle a lancé une association qui devrait durer des années et, avec chaque rêve atteint, elle a le sentiment que son fils est vivant et qu'il lui sourit de là où il est. Avec son énergie débordante, elle songe maintenant à réaliser un autre projet, celui de créer une sorte d'hôtel quatre étoiles pour vieilles personnes esseulées. Au lieu qu'elles se terrent chez elles avec une employée de maison, elle voudrait qu'elles puissent être heureuses en remplissant leur temps avec d'autres personnes qui sont dans la même situation. Quand on lui dit que ce projet tourne aussi autour de la mort, Dina el-Fil répond : « Non, c'est de bonheur qu'il s'agit. » La mort, elle ne la craint plus depuis longtemps.

 

Dans la même rubrique
Fatima Moghniyé : « Mon père ce héros »

Raya el-Hassan, une femme sortie de l'ombre malgré elle

Rima Karaki, une femme qui veut casser les codes à la télévision

Jocelyne Khoueiry, ou les signes de Dieu

Ghada al-Yafi, celle qui croyait le changement possible

Viviane Debbas, engagée contre la maltraitance des enfants

Elle aurait pu ne jamais s'en sortir. Le 28 août 2005, alors qu'elle était en vacances en Turquie avec ses trois enfants, son jeune fils Karim (5 ans) est fauché par un jet-skieur ivre. Il meurt trois heures plus tard dans ses bras. Diala el-Fil passe par toutes les étapes qui suivent une immense douleur : le déni, la colère et la dépression, l'envie de ne pas se réveiller et,...

commentaires (2)

C'EST TOUCHANT... BRAVO MADAME. QUE DIEU VOUS DONNE LE COURAGE DE CONTINUER SUR CETTE VOIE.

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 37, le 02 juin 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • C'EST TOUCHANT... BRAVO MADAME. QUE DIEU VOUS DONNE LE COURAGE DE CONTINUER SUR CETTE VOIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 37, le 02 juin 2015

  • Les actions courageuses et altruistes de Dina El Fil sont un hymne à la vie. Au nom de ces enfants souffrants, merci Dina.

    Dounia Mansour Abdelnour

    14 h 02, le 02 juin 2015

Retour en haut