Le Liban attend aujourd’hui des « donations généreuses » pour surmonter la crise

C'est tard dans la soirée d'hier, lundi, que le Premier ministre Tammam Salam, accompagné d'une importante délégation ministérielle, est arrivé à Koweït City pour prendre part aux travaux de la troisième conférence des pays donateurs pour la Syrie. Cette conférence, censée accentuer les aides octroyées à la Syrie et surtout aux pays voisins accueillant des réfugiés, notamment l'Irak, la Jordanie, la Turquie, l'Égypte et le Liban, est la troisième du genre. Une initiative qui signifie, d'une part, que la communauté internationale et le monde arabe ne sont heureusement pas prêts d'abandonner la Syrie à son sort, mais qui vient, d'autre part, malheureusement rappeler que le conflit qui dure depuis quatre ans n'est pas prêt d'être réglé et que ses conséquences désastreuses se poursuivent.

Cette fois-ci, il y a toutefois du nouveau pour le Liban, comme l'a affirmé hier le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas à L'Orient-Le Jour, arrivé au Koweït en compagnie des ministres Nouhad Machnouk, Akram Chehayeb et Sejaan Azzi. « C'est bien la première fois que nous savons ce que nous venons faire et ce dont nous avons exactement besoin, a indiqué le ministre Derbas. Auparavant, nous n'avions pas une politique claire pour les réfugiés, mais aujourd'hui nous avons adopté " le plan libanais de réponse à la crise ", censé être échelonné sur les années 2015 et 2016, et dont le coût est évalué à 2,1 milliards de dollars. »
« La conférence des donateurs est une bonne occasion pour récolter des fonds », a ajouté M. Derbas, qui a par ailleurs tenu à rappeler qu'il s'agit bien de la première fois que des fonds seront récoltés depuis la fermeture des frontières libanaises face à l'afflux des réfugiés syriens « dont le nombre s'est enfin stabilisé à 1 150 000 Syriens », et que l'argent ira pour la première fois de manière directe au Trésor public. « Ce plan est censé venir en aide à 2 millions de personnes dont un million de Libanais affectés par la crise voisine, a poursuivi le ministre. Près de 37 pour cent des fonds seront consacrés au soutien de l'infrastructure du pays qui croule sous le poids des réfugiés et 63 pour cent seront distribués en aides humanitaires pour un million de Libanais et un million de Syriens. »
Dans ce contexte, le ministre Derbas a enfin déclaré qu'il attend beaucoup de cette conférence. « L'ambassadeur américain, l'ambassadeur saoudien et de hauts responsables allemands m'ont assuré que les donations allaient être généreuses », a-t-il confié. Le ministre Nouhad Machnouk avait pour sa part indiqué, il y a trois jours, que Washington allait offrir un don de 500 millions de dollars au Liban lors de cette troisième conférence du Koweït.

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Des promesses pas toujours tenues
Non moins de 78 pays et de 40 organismes internationaux sont attendus aujourd'hui à Koweït, où plus de 150 journalistes ont afflué pour couvrir l'événement, à partir du centre médiatique impressionnant créé pour l'occasion. Le prince Soubah al-Ahmad al-Jaber al-Soubah veut en effet réaffirmer son rôle de « bienfaiteur régional », et il est effectivement connu pour l'intérêt qu'il porte à sa politique étrangère, parfois au grand dam du peuple koweïtien qui juge que les dons accordés sont « exorbitants », comme l'affirme l'analyste politique Mouna Awadi. Le Koweït avait en tout cas été l'un des rares pays à honorer sans retard ses promesses de dons lors des deux précédentes conférences des pays donateurs pour la Syrie. Les promesses de dons ne sont, en effet, pas toujours tenues, comme l'a relevé Rachid Derbas qui a indiqué que « 70 millions de dollars seulement ont été octroyés au Liban depuis le début de la crise, alors que 2,2 milliards de dollars avaient été promis ».

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Près de 1,5 milliard de dollars et de 2,4 milliards de dollars avaient été récoltés au Koweït, respectivement, lors de la première conférence tenue en janvier 2013 et lors de la deuxième conférence en janvier 2014, mais cela n'a pas suffi à répondre aux besoins des 12,2 millions de Syriens s'étant retrouvés dans la rue ou ayant fui le pays. C'est ce que devrait rappeler en tout cas aujourd'hui le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et le prince du Koweït dans leurs mots d'ouverture au palais Bayan, et qui seront suivis par les discours de l'administratrice du Pnud, Helen Clark, et de la patronne des opérations humanitaires de l'Onu, Valerie Amos. Dans un deuxième temps, ce sera au tour des pays donateurs de se prononcer afin de faire part des montants de leurs donations. Ces assises devraient enfin s'achever par une conférence de presse du ministre koweïtien des Affaires étrangères et de Ban Ki-moon.

Ce dernier devrait par ailleurs se réunir avec Tammam Salam qui effectuera également aujourd'hui de nombreuses rencontres en marge de la conférence. Le Premier ministre, qui a pris part hier à son arrivée à un dîner organisé par les ambassades du Liban et de Jordanie, présentera les revendications du Liban lors d'une allocution qu'il prononcera ce matin. Ces revendications ne concerneront pas que les Syriens mais aussi les réfugiés palestiniens affectés par la crise. Selon les chiffres de l'Unrwa, 44 000 Palestiniens se sont réfugiés au Liban depuis le début de la crise syrienne. Non moins de 95 pour cent sollicitent l'aide de l'Unrwa pour survivre.

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