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À La Une - Qatar

Des Qataries se lancent dans les affaires, malgré les freins de la société

Doha a lancé un programme appelé "Qatarization", visant à développer l'emploi national, des hommes comme des femmes.

Maryam al-Subaiey a choisi de créer son commerce, Q-Talent, qui vend des objets "Made in Qatar". AFP PHOTO / AL-WATAN DOHA / KARIM JAAFAR

A 28 ans, Maryam al-Subaiey a choisi de créer son commerce, Q-Talent, qui vend des objets "Made in Qatar": comme elle, des dizaines de jeunes Qataries se lancent dans les affaires, encouragées par un programme gouvernemental, en dépit du conservatisme religieux ou familial.

"J'étais directrice des programmes et de la création à Qatar TV", explique Maryam, habillée d'une abaya noire et les yeux noirs soulignés de khôl. "Avant ça, j'ai travaillé dans le marketing et au ministère des affaires étrangères (...) J'ai atteint un stade de ma vie où j'ai voulu créer quelque chose par moi-même".
Sa boutique vend des vêtements, des sacs, des poteries, des coques pour téléphone portable ou encore des carnets fabriqués dans le richissime émirat gazier.

Alors que les Qataris sont devenus minoritaires face aux expatriés dans le pays, Doha a lancé un programme appelé "Qatarization", qui vise à développer l'emploi national, des hommes comme des femmes. Les autorités proposent des outils d'aide à la création d'entreprises et encouragent les jeunes à se lancer dès l'université, avec des démarches simplifiées.

Dans cette société encore très traditionnelle, seules 35% des femmes en âge de travailler étaient actives en 2012, un pourcentage qui évolue peu. Pourtant, même si certains secteurs sont exclusivement réservés aux hommes comme l'agriculture et la pêche, hommes et femmes bénéficient globalement des mêmes droits dans le petit émirat du Golfe. Le code du travail qatari applique ainsi l'égalité salariale.

L'ancienne première dame, Cheikha Mozah, a ouvert la voie, en dirigeant la Qatar fondation, qui pilote des antennes d'universités occidentales à Doha, et en lançant la chaîne pour enfants al-Jazeera.
Depuis 1999, les femmes ont le droit d'occuper des postes élevés au sein du gouvernement.
"Les femmes au Qatar sont traitées comme des reines (...) Les occasions pour moi sont là et il m'appartient de les saisir ou pas", assure Maryam al-Subaiey.

"Nous croyons en nous-mêmes"
Dans un contexte économique très favorable, avec une croissance officiellement projetée à 7% en 2015, les jeunes Qataris sont invités à participer à la construction et à la promotion de leur jeune État.

A un forum organisé fin février pour les créateurs de start-up, de nombreuses sociétés présentes étaient gérées par de jeunes femmes, certaines encore étudiantes.
"Les aînées ont quand même bien ouvert la voie aux plus jeunes, mais c'est aussi un pays neuf où les opportunités existent" et où la création d'entreprises est bien soutenue, contrairement à des pays comme la France, souligne Caroline Carpentier, auteure de "Qatar Success Stories - Inspiring Women".

A l'université, elles sont de plus en plus nombreuses à afficher leurs ambitions.
"Nous avons une majorité de femmes dans tous les programmes", note Selma Liman Mansar, responsable à l'université Carnegie Mellon de Doha. Selon elle, 57% des étudiants sont des jeunes femmes qui, ensuite, "se démènent pour trouver un emploi et lancer aussi leur propre entreprise". Dans la seule filière "business" de l'université, elles sont quatre fois plus nombreuses que les hommes.

D'après Amal al-Chammari, directrice de "Embrace Doha", société qui propose aux expatriés de découvrir la culture qatarie grâce à des excursions, "ce n'est pas difficile pour des femmes de travailler ici. Nous croyons en nous-mêmes et nous avons beaucoup à donner à la communauté".

En dépit des avantages dont elles bénéficient, les Qataries continuent néanmoins de faire face aux contraintes d'une société patriarcale et à certaines discriminations liées notamment au poids de la religion musulmane.
"La culture est encore conservatrice et certains pensent que des femmes ne peuvent pas faire des choses comme les hommes", reconnaît Amal al-Chammari. Mais "cette génération est en train de prouver le contraire, avec des femmes qui prennent les choses en mains et qui cherchent à atteindre le sommet", lance-t-elle pleine d'optimisme.

 

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A 28 ans, Maryam al-Subaiey a choisi de créer son commerce, Q-Talent, qui vend des objets "Made in Qatar": comme elle, des dizaines de jeunes Qataries se lancent dans les affaires, encouragées par un programme gouvernemental, en dépit du conservatisme religieux ou familial."J'étais directrice des programmes et de la création à Qatar TV", explique Maryam, habillée d'une abaya noire et les...

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