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Culture - Festival al-Bustan - Rencontre

Khatia a horreur du ketchup, Gvantsa déteste la viande...

Les sœurs Buniatshivili, pianistes géorgiennes, vivent entre Paris et Tbilissi : confidences à deux voix pour piano à quatre mains.

Les sœurs Buniatshivili, Khatia et Gvantsa, se divisent équitablement les notes aiguës et graves. Photo Michel Sayegh

Elles se sont lovées dans le canapé du salon de l'hôtel al-Bustan (où elles animent deux concerts dans le cadre du festival éponyme), accolées l'une à l'autre comme les bivalves d'une huître qui se barricade. Ensemble en denim clair, boléro rehaussé de fils d'argent pour Gvantsa aux yeux noisette, cheveux châtains longs jusqu'aux épaules. Bustier en gaze sur pantalon en cuir noirs pour Khatia, regard intense et cheveux de jais coupés à la garçonne. Mais pour les deux, ultraféminines, talons aiguilles de plus de 15 centimètres...

Pour ce qui est des goûts communs, la réponse est claire des deux côtés. L'art, la peinture, la littérature, les valeurs d'une vie, tout est en partage. Allègrement. Sauf la notion des détails, plus poussée chez Gvantsa.
Si les deux lisent un bouquin, c'est la cadette qui le finit en premier, hantée par la célérité. L'alimentaire les sépare. Si Khatia a horreur du ketchup, Gvantsa déteste la viande et se déclare végétarienne convaincue. Si l'aînée lit facilement des romans (son dernier ouvrage est La chemise du serpent de Robakidze, auteur géorgien), la cadette préfère la philosophie et elle nomme en dernière lecture Consolation à Hakvia de Sénèque. Cela dit, les deux jeunes femmes s'expriment dans un français parfaitement maîtrisé.

Et sur un même clavier, comment se partagent-elles le tabouret pour s'asseoir ? Comment se partagent-elles les touches, les octaves, les sonorités ? C'est Gvantsa qui tient les basses, les notes graves. « Elle a les pieds sur terre », dit sa sœur en lui lançant un regard chargé de tendresse. Et d'ajouter : « Elle est comme les fondations d'une cathédrale. C'est du solide, on peut compter sur elle.» Tandis que les notes aiguës sont saisies par la cadette qui confesse être plus portée à la fantaisie...

Leur définition de la musique ? Pour Khatia, c'est la concentration des sentiments, et elle revient à concerto de Rachmaninov qu'elle a si bien interprété avant hier soir. « Quand je suis au piano, dit-elle, mon âme est à nu, je ne peux rien cacher... Je peux être pudique quand je parle, mais non quand je joue. » Gvantsa, de son côté, parle de sincérité. Comme si la musique était un espace où l'on ne peut nullement tricher. Jouer avec sa sœur, en duo, est sa préférence de scène. « Khatia m'inspire », souffle-t-elle.
Elle dit tout cela presque timidement, comme si la prééminence de la parole est à sa cadette dont elle confesse admirer sans limite l'énergie et la vitalité. Et pourtant ! Dans l'horoscope des signes chinois, Gvantsa est tigre et Khatia, chat. Et de glousser toutes les deux comme deux fillettes heureuses de leur petite farce...

Et la mode dans la vie des deux pianistes qui sillonnent la planète, applaudies récemment à la Salle Pleyel ? « C'est notre mère qui nous conseille », disent-elles à l'unisson, de toute évidence réfractaires au shopping. « Une mère non couturière, mais styliste », précisent-elles avec un brin de fierté. Élégantes, elles le sont, dans une absolue féminité. Et ça veut dire quoi, pour elles, une absolue féminité ? Petit sourire : « Ce que seules les femmes peuvent porter... » Re-gloussement !

Ce soir, les deux sœurs se mettront au clavier de l'auditorium Émile Bustani, pour un jeu à quatre mains. Au menu, du Mozart, Schubert, Czerny et Liszt. Des pages colorées, alertes, vives. Un concert intimiste. Avec un plus qu'on voit rarement sur scène lors d'une prestation musicale : une complicité sororale fusionnelle.

 

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