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À La Une - Grèce

Athènes se dit prêt à renoncer à 7 milliards d'euros pour en finir avec la troïka

Angela Merkel exclut une réduction de la dette grecque.

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis (à droite) a réitéré officiellement devant le patron de la zone euro Jeroen Dijsselbloem (à gauche) des propos tenus par le premier ministre Alexis Tsipras. REUTERS/Kostas Tsironis

Bluff, inconscience ou vraie détermination, le gouvernement grec s'est montré prêt vendredi, pour en finir avec la troïka, à renoncer à sept milliards d'euros attendus de l'UE fin février, alors que les caisses de l’État sont déjà fragilisées, ramenant les craintes d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a réitéré en effet officiellement devant le patron de la zone euro Jeroen Dijsselbloem des propos tenus par le Premier ministre Alexis Tsipras et par lui-même depuis quelques jours. La Grèce veut bien avoir "la plus grande coopération avec les institutions", comme l'UE, la BCE ou le FMI, mais elle n'a plus "l'intention de collaborer" avec ce qu'elle a appelé "une délégation tripartite, anti-européenne, construite sur une base branlante", la troïka.

Depuis 2010, ces experts, issus des trois grandes institutions, se rendent régulièrement à Athènes pour dicter au gouvernement les réformes qu'il doit entreprendre, en échange des 240 milliards d'euros qui lui ont été en grande partie versés pour sauver le pays de la faillite. Cette présence régulière, sous haute surveillance policière, était devenue assez intolérable aux Grecs, premières victimes de la crise avec un chômage à plus de 25%, et des salaires divisés par deux. Ils y voyaient une infantilisation de leur pays. Au point que les deux dernières réunions, sous l'ancien gouvernement, se sont déroulées à Paris.

Ces experts devaient décider fin février si la Grèce avait fait suffisamment de réformes pour mériter les sept derniers milliards du plan d'aide de l'UE. Avec les déclarations de vendredi, cette date-butoir parait caduque, et le gouvernement grec ne donne pas de signe qu'il demandera une extension.

 

(Revue de presse : Les Grecs mettent l'Europe au défi pour la presse française)

 

Cette date ne signifie rien
M. Varoufakis a observé en effet qu'il n'y aurait pas de logique à "critiquer le programme tout en demandant son extension". Déjà jeudi, interrogé par le New York Times, M. Varoufakis avait indiqué: "Les sept milliards, nous n'en voulons pas, ce que nous voulons c'est repenser tout le programme". Déjà la semaine dernière, encore candidat, le Premier ministre Alexis Tsipras avait dit que la date de février "ne signifiait rien et avait juste pour but de créer un sentiment d'urgence pour le prochain gouvernement". Au cours de cette conférence de presse commune avec M. Varoufakis, M. Dijsselbloem -- qui avait auparavant rencontré M. Tsipras -- est apparu très crispé, ne pouvant que rappeler "qu'ignorer les accords n'est pas le bon chemin à prendre".

C'est que les implications de la position grecque peuvent être énormes: "Je pense que la probabilité d'un Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro) a pris quelques points de pourcentage", observait auprès de l'AFP Alexandre Delaigue, professeur d'économie à Saint-Cyr. "Une solution où tout le monde sauve la face s'éloigne", estimait-il.

"Ces gens ne bluffent pas, mais la Grèce ne va pas réussir à arriver jusqu'à fin février, s'alarmait Theodore Pelagidis, du think tank Brookings, à Bloomberg. "La situation va empirer de jour en jour, avec en première ligne les banques du pays", a-t-il estimé.

Selon le journal Kathimerini en effet, il y a actuellement moins de deux milliards d'euros dans les caisses de l'Etat grec, qui auront disparu fin février. Et les finances publiques se portent d'autant plus mal que les Grecs ont, pour certains, arrêté de payer leurs impôts pendant la campagne électorale, en attendant de voir ce qui sortirait des urnes.

 

(Pour mémoire : L'Union européenne se prépare à composer avec Tsipras)

 

"Plus l'heure des demi-mesures"
Ce que cherche la Grèce est assez clair: "un New deal européen", comme l'a expliqué mercredi M. Varoufakis. C'est à dire essayer de trouver une faille dans la zone euro pour essayer de convaincre certains pays de se mettre ensemble contre l'orthodoxie budgétaire défendue notamment par l'Allemagne.

C'est ainsi que M. Tsipras et lui se rendront dès la semaine prochaine voir leurs homologues en France et en Italie, vues comme les grands pays qui pourraient être les plus sensibles à un discours anti-austérité. Lundi, le nouveau Premier ministre effectuera sa première visite officielle à l'étranger, en se rendant à Chypre.

L'autre grande revendication de la Grèce est la renégociation de sa dette. M. Dijsselbloem s'est opposé vendredi à la "conférence" souhaitée par Athènes à ce sujet, et que ne repousse pas la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Il a séchement fait observer que "cette conférence existe, et que c'est l'Eurogroupe". Or le banquier français Matthieu Pigasse, dirigeant de la banque Lazard qui conseille le fonds de restructuration bancaire grec, a pour sa part estimé qu'une restructuration "était absolument nécessaire", et qu'il fallait "réduire de moitié la dette détenue par les institutions publiques en Grèce", soit à peu près de 100 milliards d'euros.

Une option exclue samedi par la chancelière allemande Angela Merkel.  "Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce", a justifié la dirigeante allemande dans un entretien au Hamburger Abendblatt. "Je ne vois pas de nouvel effacement de la dette", a ajouté Mme Merkel. "L'Europe va continuer de montrer sa solidarité à la Grèce comme aux autres pays particulièrement touchés par la crise si ces pays entreprennent des réformes et des mesures d'économies", a poursuivi la dirigeante, adepte de l'orthodoxie budgétaire rejetée par les nouvelles autorités à Athènes.

 

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Bluff, inconscience ou vraie détermination, le gouvernement grec s'est montré prêt vendredi, pour en finir avec la troïka, à renoncer à sept milliards d'euros attendus de l'UE fin février, alors que les caisses de l’État sont déjà fragilisées, ramenant les craintes d'une sortie de la Grèce de la zone euro.
Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a réitéré en effet...

commentaires (3)

Les plus a plaindre c'est evidemment le peuple grec pris en otage par la politique predatrice de Bruxelles , on se moque trop facilement des grecs en les accusant de pas vouloir payer des impots , mais ils en sont reduits a ne plus avoir de quoi se payer une aspirine , l'exemple sera suivi par l'Espagne Podemos , et tres bientot par la france prochaine etape d'une politique tenue a bout de bras par hollandouille aux ordres . La digue va rompre et soit Marine soit Melanchon iront conter des fables a Bruxelles qui les berceront encore plus que ce qu'ils ont entendu jusqua present .

FRIK-A-FRAK

14 h 20, le 31 janvier 2015

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Commentaires (3)

  • Les plus a plaindre c'est evidemment le peuple grec pris en otage par la politique predatrice de Bruxelles , on se moque trop facilement des grecs en les accusant de pas vouloir payer des impots , mais ils en sont reduits a ne plus avoir de quoi se payer une aspirine , l'exemple sera suivi par l'Espagne Podemos , et tres bientot par la france prochaine etape d'une politique tenue a bout de bras par hollandouille aux ordres . La digue va rompre et soit Marine soit Melanchon iront conter des fables a Bruxelles qui les berceront encore plus que ce qu'ils ont entendu jusqua present .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 20, le 31 janvier 2015

  • Typique de la pensée politicienne mercanti/socialiste grecque ...! pour toujours essayer de vendre positivement l'idée du ' moins valorisé '...tout en espérant, avoir le plus ...! J'ai comme l'impression ,que depuis le fiasco retentissant de Papandréou , que cette combine est éventée.....!

    M.V.

    12 h 55, le 31 janvier 2015

  • LES CAISSES SONT VIDES ! L'INCONSCIENCE À L'HONNEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 50, le 31 janvier 2015

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