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Liban - Liban

La sécurité des aliments , « un défi à relever au quotidien »

Des experts des différents secteurs de l'alimentation se penchent sur le problème de la sécurité des aliments au Liban.

Le dossier de la sécurité des aliments, qui occupe politiciens et opinion publique depuis plusieurs semaines déjà, ne cesse de prendre de l'ampleur, suscitant une certaine méfiance chez le consommateur libanais qui a perdu confiance dans le secteur de l'alimentation, de l'aveu de nombreux experts.


Dans une tentative de tirer au clair les différents aspects de ce dossier épineux, la Chambre de commerce internationale – section du Liban et l'Association libanaise pour l'alimentation et le développement (Land) ont organisé, sous l'égide du ministre de la Santé, un atelier de travail qui a regroupé des experts des différents secteurs de l'alimentation, ainsi que des académiciens. Les travaux de cette rencontre se sont déroulés à la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban à Sanayeh.

 

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« Cet atelier de travail a pour objectif de mettre l'accent sur tout ce qui concerne la sécurité et la qualité des aliments », confie à L'Orient-Le Jour Adel Cortas, président de l'Association libanaise des amis de l'eau et ancien ministre, avec à son effectif une expérience de vingt-six ans au sein de la FAO. Il insiste dans ce cadre sur l'importance de la création d'un « comité national pour la sécurité des aliments » qui sera chargé de développer une politique nationale dans ce domaine. Pour M. Cortas, l'un des principaux problèmes observés dans ce secteur reste le « manque de lois claires et précises sur les critères de la sécurité des aliments sur lesquelles les magistrats puissent se baser pour émettre leurs jugements ». « L'une des recommandations de cette journée de travail a été la création, dans chaque mohafazat, de chambres pour rendre le verdict dans les affaires déférées par le parquet et les administrations responsables de la sécurité des aliments, conformément aux dispositions de la loi pour la protection du consommateur et des autres règlements en vigueur », ajoute M. Cortas, soulignant la nécessité d'organiser un deuxième atelier de travail qui sera dédié à l'aspect juridique et légal de l'affaire.

 

Vers la création d'un organisme spécialisé
Le projet de loi sur la sécurité des aliments, communément appelé la loi Bassel Fleyhane, a été longuement discuté dans le cadre de cette journée avec les différentes parties du secteur. « Le projet de loi devrait être approuvé demain (aujourd'hui) par les commissions parlementaires mixtes », déclare le Dr Atef Majdalani, président de la sous-commission parlementaire chargée d'étudier ce projet de loi. « L'importance de ce projet de loi c'est qu'il permet la création de la commission libanaise pour la sécurité des aliments, poursuit-il. C'est un organisme indépendant financièrement et administrativement, rattaché au Conseil des ministres, avec pour principale mission celle de contrôler tout ce qui touche de loin ou de près à l'alimentation. »


Or c'est justement la création d'un tel organisme qui avait poussé la Chambre à « oublier » dans les tiroirs pendant plus d'une décennie ledit projet de loi, certains ministres s'étant farouchement opposés au texte, « d'autant qu'il leur ôtait de leurs prérogatives ». Comment cet obstacle a-t-il été franchi ? « Nous avons ajouté une clause qui stipule que cet organisme devra coordonner, suivant un mécanisme bien déterminé, avec les différents ministères concernés par la sécurité des aliments, répond le Dr Majdalani. En cas de litige entre cet organisme et l'administration, celui-ci sera présenté devant le Conseil des ministres qui tranchera. »
Quid des décrets d'application, d'autant qu'au Liban il est devenu coutume d'occulter leur publication ? « Dans le cas de cette commission, c'est le Conseil des ministres qui sera chargé de le faire », assure le Dr Majdalani, qui insiste : « Je suis confiant. Toutes les parties sont en faveur de cette loi. »

 

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Solution à double niveau
Comment se présente la situation au Liban ? « Il existe certes de nombreux problèmes au niveau de l'hygiène alimentaire, mais il ne faut pas être pessimiste », indique à L'Orient-Le Jour Lara Hanna Wakim, doyenne de la faculté des sciences agronomiques et alimentaires. « Le Liban vit aujourd'hui ce que d'autres pays développés ont déjà vécu et continuent de vivre au quotidien dans le domaine, ajoute-t-elle. Les défis liés à l'hygiène alimentaire doivent être relevés au quotidien. D'où l'importance de se doter de hauts standards. Il n'en reste pas moins qu'il faut aussi proposer des solutions et prendre des mesures susceptibles de limiter autant que possible les dégâts. »


Lara Hanna Wakim estime que les solutions doivent être prises à un double niveau. Il s'agit d'abord de « sensibiliser le consommateur à la sécurité des aliments, mais aussi de rétablir sa confiance dans le secteur de la restauration et de la production alimentaire », précise-t-elle. Et de poursuivre : « La sécurité des aliments ne relève pas uniquement du restaurateur, des usines agroalimentaires, de l'agriculteur ou de toute autre entreprise du secteur, mais aussi, et dans une grande mesure, du consommateur, d'autant que la majorité des cas d'intoxication alimentaire survient à la maison. Il faut donc éduquer la population. À mon avis, cette éducation devra commencer dans les écoles, dès le bas âge. Les enfants pourront ainsi à leur tour diffuser le message. Le ministère de l'Éducation a un grand rôle à jouer pour inclure dans le cursus scolaire une matière sur l'hygiène alimentaire dans le cadre de laquelle les informations seront transmises de manière simplifiée. Par ailleurs, il faudrait aussi établir des programmes d'éducation sanitaire qui inculquent d'une manière efficace les principes de sécurité des aliments tant aux professionnels qu'aux consommateurs. »


Le deuxième niveau de solution concerne « la pratique ». Lara Hanna Wakim note dans ce cadre que « des sessions de formation doivent être organisées par des experts du domaine à l'intention de toutes les équipes dans les usines, les restaurants, les fermes, etc. ». « De plus, il faudrait pouvoir appliquer les principes de la traçabilité, c'est-à-dire de pouvoir retracer le cheminement d'une denrée depuis son origine jusqu'à sa remise au consommateur (de la fourche à la fourchette), conclut-elle. Cela permet de diminuer les risques. »

 

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