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Liban - TSL

Ghattas Khoury confirme les menaces proférées par Assad contre Rafic Hariri et Walid Joumblatt

Menaces de mort, intimidations et insultes diverses ont précédé l'assassinat de Rafic Hariri.

« Votre mari est en chemin pour se rendre à Dimane. Dites-lui qu'il rentrera chez lui dans un cercueil. »
C'est l'une des multiples menaces adressées au téléphone par un agent du régime syrien à l'épouse de l'ancien député et conseiller de Rafic Hariri, Ghattas Khoury, qui comparaissait en tant que témoin, hier, devant le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye, chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri.
Troisième témoin sollicité par le TSL pour reconstituer, devant la chambre de première instance, le contexte politique qui prévalait avant l'explosion du 14 février 2005, M. Khoury a fait part du climat sécuritaire qui régnait avant l'attentat du 14 février et les manœuvres politiques de Rafic Hariri pour enrayer la foudre syrienne annoncée.

 

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Pendant plusieurs heures, il a relaté les moyens d'intimidation pratiqués par le régime de Damas sur les responsables libanais, évoquant l'hégémonie qu'il exerçait sur les institutions libanaises et sur ceux parmi les responsables politiques qui lui faisaient front.
L'ancien député est ainsi revenu sur les thèmes principaux évoqués lors de précédentes audiences, notamment, la fameuse réunion du 26 août 2004 à Damas au cours de laquelle le président syrien Bachar el-Assad avait menacé Rafic Hariri en jurant de mettre le pays à feu et à sang s'il s'abstenait de proroger le mandat du président Lahoud. Les questions devaient également porter sur le front antisyrien mis en place à l'époque par le rassemblement du Bristol et celui de Kornet Chehwane, sur la position du patriarcat maronite dont le chef était Nasrallah Sfeir, fer de lance de l'opposition, mais aussi sur le célèbre vote de prorogation à l'issue duquel le chef de l'État, Émile Lahoud, avait été réinvesti pour un nouveau mandat de trois ans.
Bref, autant de moments « forts » préludant à l'assassinat, qui, aux yeux de l'accusation, revêtent une importance probatoire car susceptibles d'expliquer les coulisses du processus de prise de décision et les circonstances politiques qui ont conduit au jour fatal. Certes, le témoignage recueilli devait comporter quelques redondances qui sont d'autant plus précieuses pour l'accusation qu'elles devraient servir à conforter sa thèse de départ et corroborer les propos exprimés par les précédents témoins, spécialement Marwan Hamadé et Talal Salman.
On apprendra ainsi comment a été concoctée, par-delà les frontières libanaises, la séance de prorogation du mandat de M. Lahoud et quels étaient les moyens de « dissuasion » mis en œuvre pour s'assurer du vote des membres du bloc de Rafic Hariri dans le sens des desiderata du régime syrien.
Ayant saisi la gravité de la menace qui lui avait été directement adressée par Bachar el-Assad – la destruction du Liban sur sa tête et sur celle de Walid Joumblatt –, Rafic Hariri avait tenté de dissuader Ghattas Khoury de voter contre la prorogation.
« L'ancien Premier ministre était brisé, tourmenté par cette menace et extrêmement inquiet pour le Liban », raconte M. Khoury qui ajoute que Rafic Hariri lui avait affirmé que le président syrien « peut tout simplement faire sauter le pays, y compris Solidere ». « Solidere, c'était en quelque sorte son bébé, ce qu'il avait de plus cher à Beyrouth », commente le témoin.
« Il voulait que j'avalise la prorogation, car il était conscient des menaces qui pesaient désormais sur nous », a encore dit M. Khoury, évoquant à ce propos les « rumeurs qui circulaient sur l'éventualité d'éliminations physiques ». L'ancien député sera contacté peu avant le vote sur la prorogation par le chef des services de renseignements syriens, Rustom Ghazali, à partir de Koraytem où il se trouvait en visite chez l'ancien Premier ministre.

 

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Le lendemain du vote, le nom de Ghattas Khoury figurera sur une liste de 29 députés frondeurs ayant refusé d'avaliser la prorogation, appelée à l'époque « liste d'honneur » par le quotidien an-Nahar.
Rafic Hariri était-il pour autant contrarié de voir un membre de son bloc aller à l'encontre des directives syriennes ? « Pas du tout, répond l'ancien député qui rapporte que Rafic Hariri avait affirmé à Bassel Fleyhane qu'il aurait aimé être à ma place. »
Le témoin explique comment s'est déroulé le vote, « à main levée » au Parlement, « histoire d'éviter les surprises et de pouvoir contrôler le décompte des voix », dénonçant au passage l'inconstitutionnalité de la procédure.

 

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Pressé par l'accusation qui lui demandait de commenter l'une des déclarations des évêques maronites, le témoin explique la position « avant-gardiste » de Bkerké à l'époque en matière de souveraineté du Liban et les appels répétés de cette instance pour que cesse la mainmise syrienne sur le Liban. Il raconte à ce propos comment le patriarche avait félicité un jour le fils d'un haut responsable sécuritaire syrien pour son mariage et pour le fait qu'il allait vivre avec sa nouvelle épouse dans un appartement distinct de celui de ses parents. Le patriarche avait ajouté en substance devant son visiteur que c'est précisément ce que le Liban espérait de la Syrie : Que chaque État puisse régner sur son territoire de manière indépendante.


Le député a évoqué par ailleurs la gestation d'une opposition à laquelle il avait activement participé, à la demande de Rafic Hariri, dans le cadre des réunions du Bristol. Au menu de l'agenda des discussions : la réclamation de l'application de Taëf, signifiant notamment le retrait des troupes syriennes du Liban et la démission du chef de l'État. Une semaine après la première réunion, un attentat visant le député Marwan Hamadé se produit, rappelle le témoin.
« Il s'agissait d'un message dur qui était adressé à Rafic Hariri d'une part et Walid Joumblatt d'autre part », dit M. Khoury. Ce dernier – souvent présent au chevet de M. Hamadé – confie un jour à Rafic Hariri que son épouse, Nazek, s'est effondrée en larmes en voyant le député dans un état critique à l'hôpital.
« " Ce n'est pas seulement Marwan Hamadé qu'elle pleure, mais également son mari ", m'avait répondu l'ancien Premier ministre », confie le témoin.

 

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Ce dernier revient sur la période d'avril 2003 lorsque le régime syrien avait exigé de Rafic Hariri la formation d'un nouveau gouvernement « plus rassurant pour la Syrie » et « en concordance avec les derniers développements régionaux », représentés par l'invasion par les États-Unis de l'Irak. Rafic Hariri s'est exécuté et a mis en place une équipe proche de Damas, se contentant de deux ministres qui lui étaient acquis. « Dans une émission télévisée, j'ai fait part de mon objection et dénoncé le fait que le gouvernement a été parachuté de l'extérieur », témoigne Ghattas Khoury. Trois minutes après la fin de l'émission, Rustom Ghazali m'appelle. Une flopée d'insultes s'abat sur moi : « Pour qui tu te prends... si vous existez, c'est à cause de nous... si vous n'êtes pas contents, foutez le camp... dis à ton maître ceci et cela... » « Telle est la version atténuée de ce que j'ai entendu, ajoute le député avant de conclure : Messieurs les juges, je suis un membre du Parlement et non un petit soldat à son service. »

 

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commentaires (4)

Allez jouer dans la cours (pénale) les enfants, en rentrer avant la tombée de la nuit. Confirmer une menace raccontée à un tribunal illégal, pourri et bien dirigé par quelqu'un que les autres répètent comme des perroquets est une preuve de quoi que ce soit? 1000 indices ne font pas une seule preuves. Les indices quasiment tangibles de Hezb, vous rappelez-vous?

Ali Farhat

16 h 58, le 17 janvier 2015

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Commentaires (4)

  • Allez jouer dans la cours (pénale) les enfants, en rentrer avant la tombée de la nuit. Confirmer une menace raccontée à un tribunal illégal, pourri et bien dirigé par quelqu'un que les autres répètent comme des perroquets est une preuve de quoi que ce soit? 1000 indices ne font pas une seule preuves. Les indices quasiment tangibles de Hezb, vous rappelez-vous?

    Ali Farhat

    16 h 58, le 17 janvier 2015

  • L'ancien député Ghattas khoury fait la description la plus exacte de la terreur exercée contre Hariri et le Liban par la dictature syrienne criminelle, conduite par celui qui s'avèrerait en 2011 un petit Hitler trop cruel contre son peuple.

    Halim Abou Chacra

    12 h 22, le 16 janvier 2015

  • Rien que des mensonges, M. Khoury! Le régime syrien est le plus démocratique du monde, après celui de la Corée du Nord, bien entendu...Et les assassins de Rafiq Hariri sont tous des pères capucins!

    Georges MELKI

    10 h 21, le 16 janvier 2015

  • Saleté de bääSSyriens. Tféh ! Bien fait pour leur gueule actuellement, car, bientôt, on n'entendra plus jamais parler d'eux à ces salauds.... de bääSSdiots !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 47, le 16 janvier 2015

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