Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a insisté hier sur les relations étroites qui existent entre le Liban et l'Iran. En visite à Beyrouth, le responsable iranien a salué, évidemment, le rôle de la résistance chiite du Hezbollah.
Selon lui, le monde islamique a expérimenté par le passé « la stagnation et le désespoir », mais le peuple libanais a pu, en dépit de son nombre réduit, prouver qu'il peut résister et marquer une victoire, a-t-il dit, en allusion à la résistance qui a bouté Israël hors du Liban.
Il a en outre indiqué qu'il existe des organisations qui sont bien plus efficaces que certains pays, citant au passage le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique. Il a rappelé comment l'Iran s'est tenu aux côtés du Liban, saluant les relations « solides et stratégiques » avec ce pays qui est un pays « influent » dans la région, a-t-il dit, rappelant comment le Liban « a réussi à résister face à l'entité sioniste ». « Cette partie du monde fait cependant face aux dangers qui sont aujourd'hui différents de ceux du passé », a enchaîné le chef du législatif.
Aujourd'hui, a-t-il dit en substance lors d'une allocution à la faculté de droit à l'Université libanaise, les aspirations des peuples sont une chose, et celles de leurs gouvernements respectifs, une autre. Pour M. Larijani, le monde a témoigné au cours des dernières années d'un éveil au sein de la nouvelle génération de jeunes Arabes qui se sont livrés à une action de contestation sur le terrain que les gouvernements locaux « ont tenté d'opprimer ».
« En comparaison avec les dernières décennies, a-t-il poursuivi, les États musulmans possèdent de nos jours des ressources naturelles et humaines importantes, ainsi que des niveaux scientifiques élevés (...). Le dossier du nucléaire en est un exemple patent. » Pour le responsable iranien, les points de faiblesse de certains de ces États est le fait qu'ils « dilapident leurs ressources ou les mettent au service des autres ».
En Syrie, pas de réformes avec des chars...
Évoquant la crise en Syrie, le responsable iranien a fait remarquer qu'il est impossible de réaliser les réformes politiques ou sociales avec des chars et des avions de combat . « Toutes les fois que les États-Unis viennent occuper une région, l'on voit émerger à cet endroit même des courants terroristes. C'est ce qui s'est passé en Afghanistan et en Irak. C'est le résultat de la militarisation de la crise », a-t-il souligné. « Quatre ans plus tard, ils (les États-Unis) sont parvenus à la conclusion selon laquelle la résolution de la crise passe par une solution politique », a ajouté M. Larijani.
Pour le responsable iranien, il était impossible d'ignorer la présence du groupe jihadiste État islamique (EI).
« Le courant de Daech est destructeur mais influent, et nous ne pouvons pas l'ignorer. Derrière de tels courants, il y a des États responsables de leur apparition », a-t-il affirmé.
La visite du chef du législatif iranien devrait faciliter le dialogue prévu le 29 décembre entre le Hezbollah et le courant du Futur, sous la houlette du président de la Chambre Nabih Berry, selon des sources proches du dossier.
M. Larijani, qui a rencontré M. Berry, a salué les efforts entrepris par ce dernier pour ce qui est du rapprochement des points de vue et la recherche de solutions. Selon lui, le dialogue est susceptible de résoudre nombre de problèmes qui restent en suspens.
M. Larijani a indiqué avoir évoqué avec son interlocuteur les récents développements, dont le programme nucléaire iranien pacifique et les dossiers politiques de la région. « Nous avons insisté sur la nécessité pour l'élite politique libanaise de trouver des solutions aux problèmes en suspens », a-t-il dit.
« Toutes les forces qui croient à l'idée de la résistance et de la moumanaa se concentrent sur la nécessité de faire front contre l'ennemi israélien ainsi que contre le phénomène du terrorisme et du takfirisme qui s'est répandu dans la région », a-t-il dit. « Le terrorisme et le sionisme sont les deux faces d'une même monnaie », a ajouté M. Larijani.
Le responsable iranien s'est également entretenu avec le Premier ministre, Tammam Salam, avec lequel il a évoqué la situation au Liban et dans la région.
M. Larijani devait rencontrer plusieurs responsables libanais pour clarifier les positions de son pays à l'égard des différents dossiers libanais, notamment le dialogue sunnito-chiite et la présidence, vacante depuis le 25 mai.
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"Le courant de Daech est destructeur mais influent, et nous ne pouvons pas l'ignorer. Derrière de tels courants, il y a des États responsables de leur apparition », a-t-il affirmé." Oui, M. Larijani, derrière chaque groupe de barbus, il y a un Etat responsable de son apparition...Cela s'applique à TOUS les barbus, sans exception. Salah Stétié l'a bien vu, lui, quand il a dit dans l'Extravagance que cette région ne connaitra la paix que lorsque les "soldats seront retournés dans leurs casernes, et les barbus dans leurs cavernes..."
Georges MELKI
14 h 11, le 23 décembre 2014