« Rencontre prospective » Walid Joumblatt-Samir Geagea à Maarab

Complétant une série de visites aux ténors politiques maronites – Michel Aoun, Amine Gemayel et Sleimane Frangié – le chef du PSP, Walid Joumblatt, a été reçu hier à Maarab par le leader des Forces libanaises, Samir Geagea.
« C'était une réunion chaleureuse et franche » a affirmé à l'issue de la visite de trois heures, marquée par un déjeuner, Henri Hélou, candidat indépendant à la présidence de la République, qui a participé à la rencontre avec Nehmé Tohmé et Ghazi Aridi. De son côté, M. Geagea était entouré de son épouse Sethrida et d'Antoine Zahra.
En quittant les lieux, M. Joumblatt a confirmé le caractère de franchise qui a marqué la visite, tout en soulignant que « des points de convergence et de divergence » l'ont marquée. « Mais, en définitive, qu'avons-nous d'autre que le dialogue ? » a-t-il épilogué.
M. Joumblatt a démenti l'existence d'une quelconque « rupture » entre lui-même et M. Geagea, refusant aussi de relever les points de divergences qui l'opposent au chef des FL et coupant court aux questions des journalistes.
De source proche de la réunion, on a attribué le caractère tardif de la visite à Maarab, par rapport à celle des autres chefs politiques maronites, par les nombreux voyages que M. Joumblatt a dû faire à l'étranger pour des visites privées ou des raisons médicales.

Au cœur des choses
« Nous avons effectué un large tour d'horizon politique national, a précisé de son côté M. Geagea, s'adressant aux journalites. Nous sommes allés au cœur des choses, et il ne pouvait en être autrement, vu la gravité de la situation. »
« Les échéances nationales ont bien sûr occupé l'essentiel de la rencontre. Nous sommes tous d'accord sur l'urgence d'une remise en ordre, chacun selon son point de vue », a ajouté le chef des FL, qui a nié que la question de la présidentielle ait été abordée en détail.
Et d'expliquer en substance que le dossier de la présidentielle en est toujours au même point : deux candidatures, la sienne, face à celle de Michel Aoun, ou un double retrait avec la recherche d'un candidat de compromis. « Rien de nouveau là-dessus, a-t-il dit. Le discours de l'autre camp n'a pas changé. »
L'état de la sécurité a également été longuement examiné, a ajouté M. Geagea, mais là aussi « il existe des divergences sur les moyens à utiliser pour faire face au danger du terrorisme et de l'extrémisme ».
« Notre situation tout entière exige une certaine remise en ordre qui commencerait par l'élection d'un nouveau président, a conclu M. Geagea. Or, pour le faire, et il ne faut pas être trop savant, ni préconiser des interventions régionales ou internationales. Il suffit que les deux blocs parlementaires qui ont boycotté jusqu'à présent les séances électorales renoncent à le faire, se dirigent vers le Parlement et fassent leur devoir national. »

(Lire aussi : Plaidoyer pour une libanisation indispensable)

Une « réunion prospective »
Selon une source proche des personnalités présentes, la rencontre de Maarab a revêtu un caractère « prospectif ». « Certes, précise cette source, la présidentielle a figuré au cœur de cette rencontre, mais elle y a figuré seulement au sens large, notamment sous l'angle du danger d'une vacance prolongée. Le sujet a été abordé sans que des noms de présidentiables soient cités ; ce n'était pas le but de la rencontre. »
Ainsi, on nie absolument, de même source, que l'entretien ait porté à un quelconque moment sur la possibilité d'une élection de Michel Aoun à la présidence, pour un mandat de deux ans, un projet qui avait fait figure de « ballon d'essai » après la rencontre entre M. Joumblatt et Amine Gemayel, mais qui avait été démenti.
Par contre, on met l'accent sur l'importance du dialogue et du contact personnel entre les chefs politiques du pays.
« Il est important que toutes les forces vives du Liban se concertent et restent en contact », a affirmé la source citée, pour laquelle « le plus difficile reste encore une rencontre Aoun-Geagea ».
Convergences sur l'attitude envers le régime syrien, divergences sur l'évaluation du rôle du Hezbollah ont par ailleurs marqué la rencontre de Maarab. Mais de telles considérations ne sont un secret pour personne.

(Lire aussi : Le Hezbollah « prêt aux concessions », assure de nouveau Naïm Kassem)

Échange de cadeaux
La rencontre de Maarab a par ailleurs été marquée par un intéressant échange de livres. C'est ainsi que Walid Joumblatt a offert à son hôte rien moins que le Zohar, un commentaire ésotérique de l'Ancien Testament, ainsi que Le rêve du Celte de l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel 2010. En guise de dédicace, M. Joumblatt a précisé au sujet de ce dernier ouvrage qu'il retrace « les crimes commis au nom de Dieu... ».
En échange, le chef du PSP devait recevoir La phénoménologie de l'histoire de Hegel et l'Histoire de la résistance libanaise.
Pour sa part, Mme Geagea devait offrir au chef du PSP L'art de la guerre, un classique du stratège chinois Sun Tzu, « sagesse et art de vivre qui marquent aussi la communauté druze », en exprimant le vœu que Walid Joumblatt retrouve « le courage dont il a fait preuve en 2005 » lors de la révolution du Cèdre.

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