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Économie - Numérique

La face cachée du bitcoin

Le dollar et l'euro dépassés ? La monnaie numérique, le bitcoin, éjectera-t-elle ces monnaies « traditionnelles » ? Longtemps (et toujours) apanage des passionnés d'Internet, cette monnaie électronique a connu un succès grandissant ces derniers mois avec plus de 13 millions de bitcoins en circulation. Elle est aussi victime d'une extrême volatilité et de transactions difficiles à réguler. Le point sur cette monnaie numérique à fort potentiel.

Un bitcoin valait environ 40 euros en mars 2013, 800 euros en novembre 2013 et 480 euros en juin 2014. AFP/Archives

Une monnaie qui échappe au contrôle de banques centrales et des Trésors nationaux. Telle était l'ambition, lors de sa création en 2009, de son inventeur, un énigmatique programmeur informatique dissimulé sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto.
Le bitcoin, c'est un peu l'équivalent de l'argent liquide sur Internet. Mais à la différence de l'euro ou du dollar, il n'existe pas de banque centrale rattachée à un État qui puisse émettre cette monnaie.
Un paiement donc entre usagers sans aucun intermédiaire. Ce qui implique des frais de transactions bien moins importants que ceux de « Visa », « Mastercard » ou « Paypal » lors de l'achat d'un objet sur « eBay » ou « Amazon ».
L'argent est en fait créé et géré par des individus appelés « mineurs », qui sont les gardiens du système bitcoin. À chaque fois qu'une transaction est réalisée dans le monde avec la monnaie virtuelle, l'achat d'un objet en ligne ou le change dans une autre monnaie, ils la valident en la reliant à tout l'historique de chaque bitcoin depuis sa création.
Le bitcoin repose sur un « système décentralisé », sa valeur dépend donc uniquement de l'offre et de la demande : plus les gens achètent des bitcoins, plus leur valeur va augmenter. Une monnaie donc très fluctuante : un bitcoin valait environ 40 euros en mars 2013, 800 euros en novembre 2013 et 480 euros en juin 2014.
Philippe Herlin est chercheur en finance, écrivain et entrepreneur. Il est notamment l'auteur de La révolution du bitcoin et des monnaies complémentaires (2013). Interrogé par L'Orient-Le Jour, il explique qu'« on recense autour de 13 millions de bitcoins en circulation. Le système est programmé de telle sorte que le volume total, à terme, n'excède pas 21 millions ».
« Aujourd'hui, même si la société Bitcoin pèse plus de 4 milliards de dollars, la monnaie virtuelle ne peut pas concurrencer la monnaie officielle. C'est juste une monnaie complémentaire qui apporte des services différents et surtout des paiements moins chers », ajoute l'expert.

Un cadre légal quasi inexistant
Pour l'utilisateur du bitcoin, M. Herlin précise que « l'une des raisons de l'adoption de cette monnaie est le faible coût prélevé sur les transactions ». Mais une autre raison importante est que les transactions peuvent être réalisées de manière anonyme, sans contrôle possible des services fiscaux. « Il y a donc un cadre légal seulement dans l'utilisation », explique l'expert.
En effet, pour pouvoir acquérir des bitcoins, sans être un « mineur », il existe des « plateformes en ligne qui font l'intermédiaire entre le réseau bitcoin et les internautes qui veulent acheter ou vendre cette monnaie contre des devises ayant cours légal », explique M. Herlin.
Mais d'où vient alors ce soudain accès de popularité d'une monnaie « sans loi » ? Certains analystes l'expliquent par la crise chypriote : la crainte de voir leurs dépôts lourdement taxés aurait poussé de nombreux épargnants à convertir leurs euros en bitcoins.
D'autres l'expliquent par le brouhaha médiatique et les réseaux sociaux. Mais aujourd'hui le système bitcoin est difficile à prendre en main : pour sécuriser par exemple ses bitcoins contre le vol ou la perte, l'usager doit avoir un minimum de connaissances informatiques. Une monnaie qui ne menace pourtant pas les systèmes de paiement les plus connus comme « PayPal ».

Une extrême volatilité
Le bitcoin est passé de quelques centimes à 30 dollars, puis à 300 dollars aujourd'hui. Comme cette monnaie virtuelle ne repose pas sur un « système centralisé », la Banque centrale européenne (BCE) ne peut pas par exemple intervenir pour réguler les fluctuations. Le principal problème du bitcoin est donc son extrême volatilité.
Quelques grands organismes comme la BCE ou le Fonds monétaire international (FMI) ont déjà mis en garde les usagers contre les dangers liés au développement du bitcoin, de sa volatilité et de sa non-régulation. Mais M. Herlin met le point sur l'exagération de ces organismes. « Comme le bitcoin est une monnaie qu'ils ne contrôlent pas et qui vient empiéter sur leurs fonctions de base, c'est tout à fait normal d'exagérer les risques liés à cette monnaie. »
En France, en cas d'utilisation frauduleuse de la carte de crédit, les banques sont obligées de rembourser le client. Mais ce n'est pas le cas pour le bitcoin qui fait partie d'un « système décentralisé » et donc sans règles. « En cas de fraude il n'y a aucun recours légal possible », précise l'économiste.
Les grands organismes publics vont donc certainement déconseiller l'utilisation des monnaies numériques. « Cela fait partie du jeu. Ils ne vont clairement pas faire la promotion des monnaies virtuelles », signale M. Herlin.
En effet, même si le système bitcoin en lui-même est sûr, les plateformes d'échanges, elles, le sont moins. Le bitcoin peut effectivement devenir la monnaie utilisée par les « hackers » (groupe d'individus qui cherchent à contourner les protections d'un logiciel et s'introduisent frauduleusement dans un système informatique). Il peut servir de moyen financier pour lancer une cyberattaque en louant par exemple des services dédiés à ce type de pratiques.

Un avenir incertain
Il existe aujourd'hui des dizaines de monnaies virtuelles sur Internet. « Comme le protocole du bitcoin est libre et qu'il n'y a pas de droits de propriété sur le système, son code est ouvert et peut être examiné, copié et modifié par n'importe qui. On peut créer de nouvelles monnaies à partir du bitcoin », affirme l'auteur.
Que ça soit le « litcoin » ou le « ripple », ces monnaies permettent de créer des services différents du bitcoin et surtout moins chers. « Le tri de toutes ces monnaies virtuelles se fera avec le temps », précise l'expert.
Le bitcoin demeure ainsi un épisode spéculatif et incertain du fait qu'il est utilisé comme un investissement et ne repose pas sur un bien réel. Le système a encore besoin de temps pour trouver son juste prix et une meilleure régulation des lois le concernant.

Une monnaie qui échappe au contrôle de banques centrales et des Trésors nationaux. Telle était l'ambition, lors de sa création en 2009, de son inventeur, un énigmatique programmeur informatique dissimulé sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto.Le bitcoin, c'est un peu l'équivalent de l'argent liquide sur Internet. Mais à la différence de l'euro ou du dollar, il n'existe pas de banque...

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