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Moyen Orient et Monde - Conflit

Accord de paix sous l’égide de l’Onu au Yémen

Les rebelles chiites s'étaient emparés en cours de journée de tous les sites gouvernementaux et militaires.

Mehdi al-Mashat, le représentant du leader des houthis Abdal-Malik al-Houthi, signe l’accord de paix en présence de l’envoyé spécial de l’Onu Jamal Benomar (2e à partir de droite) et le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi (au centre) à Sanaa. Mohamed al-Sayaghi/Reuters

Un accord de paix, parrainé par l'Onu, a été signé hier soir au Yémen après une journée marquée par des avancées spectaculaires de la rébellion chiite qui s'est emparée de sites gouvernementaux et militaires avec le soutien apparent d'une partie de l'appareil d'État.

« L'accord pour la paix et un partenariat national » a été signé en présence de l'émissaire de l'Onu Jamal Benomar, du président Abd Rabbo Mansour Hadi et de représentants des factions politiques, dont la rébellion chiite d'Ansarullah, a annoncé l'agence officielle Saba. L'accord prévoit une cessation « immédiate » des hostilités, la nomination sous trois jours d'un nouveau Premier ministre et la formation dans un mois d'un nouveau gouvernement, a indiqué M. Benomar lors de la cérémonie de signature. Le président Hadi doit en outre s'entourer de conseillers parmi les représentants d'Ansarullah et du Mouvement sudiste, qui milite pour une autonomie du Sud, un État indépendant jusqu'en 1990, selon l'accord.

Un peu plus tard, l'agence a indiqué que la police militaire avait pris hier soir des mesures pour « reprendre tous les bâtiments gouvernementaux dont les rebelles d'Ansarullah avaient pris le contrôle », et cela « à la demande d'Ansarullah ». La radio d'État, le commandement général des forces armées, le QG de la 6e région militaire, le siège de la 4e brigade, le département de la propagande du ministère de la Défense, mais aussi le Parlement, la Banque centrale et l'Aviation civile étaient auparavant tombés aux mains des rebelles qui avaient fait des avancées spectaculaires vers le centre de Sanaa, selon des responsables. Bizarrement, les services de sécurité avaient été invités à « ne pas affronter » les miliciens d'Ansarullah, appelés houthis, dans une déclaration attribuée au ministre de l'Intérieur.

De fortes explosions ont secoué hier le nord de Sanaa, alors que les échos des bombardements et des tirs en provenance de ce secteur étaient clairement audibles dans le reste de la capitale. En dépit d'un couvre-feu nocturne décrété au cours du week-end dernier par les autorités dans quatre quartiers du nord de Sanaa, les affrontements n'ont pas cessé durant la nuit. Ils se sont concentrés d'abord autour du campus de l'Université al-Iman, un bastion des salafistes membres d'al-Islah, avant de s'étendre à d'autres quartiers. Après avoir campé début août aux entrées de la capitale et organisé des manifestations pour demander l'éviction du gouvernement « corrompu », les rebelles ont durci leur mouvement en lançant un premier assaut le 9 septembre contre le siège du gouvernement. Cette manifestation a été réprimée dans le sang par la police.

Malgré des concessions du pouvoir qui a accepté la formation d'un nouveau gouvernement et la baisse des prix du carburant, les rebelles chiites n'ont pas cessé leur offensive, ignorant même une injonction du Conseil de sécurité de l'Onu. Ils ont au contraire revu à la hausse leurs demandes, exigeant un droit de regard sur le choix des ministres et un accès de leur région à la mer. Depuis quatre jours, les combats ont provoqué la suspension des vols des compagnies étrangères, l'aéroport étant situé dans la zone des affrontements. L'Université de Sanaa, les écoles et les marchés ont été fermés, et les commerçants ont baissé leurs rideaux. Les habitants des quartiers nord ont commencé à fuir en masse la zone des combats, tandis que le reste de la capitale commence à ressembler à une ville morte.

L'agence Saba avait également annoncé la démission du Premier ministre Mohammad Basindawa pour protester, selon de hauts responsables, contre le président Hadi qu'il a accusé de « monopoliser le pouvoir ». Mais, signe de la confusion ambiante, la présidence avait affirmé peu après que M. Hadi n'avait pas reçu de lettre de démission. Vendredi dernier, le président avait qualifié l'offensive rebelle chiite de « tentative de coup d'État ». Depuis jeudi, les combats entre les rebelles chiites d'Ansarullah et les miliciens islamistes sunnites du parti al-Islah ont fait des dizaines de morts. L'enjeu pour les rebelles est d'arracher une part du pouvoir, a expliqué April Longley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group. « Les houthis veulent être de puissants décideurs à l'échelle nationale avec une part (de pouvoir) égale, voire supérieure, à celle de leurs principaux rivaux politiques d'al-Islah. Le plafond de ce qu'ils pensent pouvoir obtenir augmente en fonction de ce qu'ils gagnent sur le terrain », a-t-elle déclaré.

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