Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

La rébellion prend racine dans les camps de réfugiés : ébauche d’un noyau islamiste avortée à Marjeyoun ?

Les municipalités passent à l’action et imposent aux Syriens un couvre-feu. À Halba, les réfugiés sont interdits de circuler après 20h.

Depuis la « révélation » de la présence jihadiste aux portes de Ersal et à l'intérieur même du village, assailli en l'espace de quelques heures par des éléments armés, les yeux sont dorénavant rivés sur les camps de réfugiés syriens considérés désormais comme de véritables bombes à retardement.
La découverte par la troupe lors des affrontements à Ersal de plusieurs dizaines de combattants sortis des camps comme un diable de sa boîte, a brutalement ouvert les yeux des responsables. Désormais, chaque camp, centre résidentiel ou bâtiment ordinaire abritant des réfugiés syriens, se trouve dans le point de mire des forces de l'ordre et la paranoïa est à son paroxysme.
Armée du feu vert politique qui ne lui avait jamais été franchement donné auparavant – pour des raisons de sensibilité politique et communautaire, pour des considérations humaines mais aussi à cause de l'absence d'une vision stratégique occultée par les tiraillements politiques en présence –, la troupe a enfin été autorisée à agir, brisant le tabou du « paria syrien ».


Depuis plusieurs semaines, la mobilisation est de mise et les perquisitions se multiplient dans les lieux occupés par les réfugiés, pour tenter de rectifier le tir en matière de sécurité. Désormais, il s'agit de mettre au clair une énigme complexe : comment faire la distinction entre le véritable réfugié et le terroriste amateur venu s'installer au Liban sous un label humanitaire. Une mission d'autant plus difficile que les risques de confondre les deux aspects sont énormes, tant que le suspect présumé n'a pas été pris en flagrant délit. Ce qui est souvent difficile à détecter dès que l'on est en présence de cellules dites dormantes.
La tâche – qui incombe désormais à l'institution militaire – ne sera pas de tout repos et les risques de voir les soupçons peser là où ils ne devraient pas sont énormes. En revanche, le risque contraire existe, qui est celui de voir filer sous le nez des forces de l'ordre les éléments les plus dangereux, le terrorisme étant, par définition, un travail de clandestinité. Preuve en est, une fois encore, le scénario surprenant de la bataille de Ersal, lorsque l'armée s'est retrouvée pratiquement encerclée du côté du jurd d'une part et à partir du village d'autre part où se sont déversés des dizaines de « réfugiés armés ».


Un habitant de Ersal devait exprimer hier son inquiétude face à ce type d'action sournoise suite à une information qui a circulé dans son voisinage selon laquelle le coiffeur du coin a vu ses affaires se renflouer en une journée : en l'espace de quelques heures, des tonnes de cheveux et de barbes ont été rasés, témoigne l'habitant, qui craint une réédition de l'infiltration de jihadistes parmi la population, sous d'autres « visages » encore une fois.
Certes, le risque de tomber dans la paranoïa est toujours grand et les réactions démesurées sont à craindre et à éviter, si l'on veut encore sauver ce qui reste du semblant de coexistence et surtout épargner au pays une plus grande dégradation sécuritaire qui mettrait aux prises Libanais et Syriens.
Du jour au lendemain, les Libanais ont réalisé, mus par une grande déception, que le péril importé chez eux dans les bagages des réfugiés est désormais bien réel. Il reste que le plus difficile est de faire la part des choses et d'éviter de confondre les genres. Telle est la tâche ardue qu'assume actuellement la troupe qui, aux quatre coins du pays, s'active autour des agglomérations de réfugiés aujourd'hui placées sous un contrôle soutenu.
« Il ne faut surtout pas croire que nous avons été investis d'une tâche facile », commente ainsi une source militaire, qui précise qu'il n'y a rien de plus risqué que de se hasarder dans un camp de réfugiés, « où nous sommes pris en tenailles entre le souci de préserver la sécurité de la population civile et la nécessité de rester aux aguets, ne sachant pas ce qui nous attend du côté des suspects et leur réaction potentielle lorsqu'ils sont armés ».


Hier encore, la troupe a multiplié les perquisitions à Tyr et à Dekouané, arrêtant un cortège de « réfugiés ». La veille, c'est à Marjeyoun que l'armée a effectué une rafle importante dans les camps : plusieurs dizaines d'éléments armés appartenant aux deux groupuscules de l'Etat islamique et du Front al-Nosra ont été localisés et mis aux arrêts, confirme-t-on de même source. Les soldats, qui ont agi suite à des renseignements préalablement obtenus, ont retrouvé chez eux des drapeaux islamistes. D'après une source de sécurité, les individus arrêtés « étaient chargés de surveiller le Hezbollah et la Finul ». Le démantèlement de ce réseau en devenir vient justifier une fois de plus les appréhensions sur le potentiel explosif que peuvent receler ces camps.
« Si l'on considère qu'il y a au moins 1 % de sympathisants d'al-Nosra ou de l'État islamique parmi le million et demi de réfugiés, il n'y a qu'à faire le compte », constate un sunnite, pourtant proche des islamistes.
La menace que constituent ces lieux est toutefois proportionnelle à la nature géographique et communautaire de l'environnement de ces agglomérations de réfugiés. Leur présence au Liban-Sud par exemple – une région aux mains du Hezbollah chiite – ou à Chebaa – un village bordé par Israël – ne constitue pas un péril aussi grand que celui qui pèse sur Ersal, du fait précisément de la solidarité et de la convivialité communautaire et politique dans lesquelles bercent les réfugiés. Du fait surtout de l'ouverture stratégique des camps sur le no man's land qui relie le Liban à la Syrie, avec tout ce que cela signifie en termes d'approvisionnement en armes et autres équipements.
Preuve en est : la libre circulation à ce jour, et malgré le renforcement du contrôle par l'armée de plusieurs points de passage, de groupes jihadistes qui viennent se servir comme bon leur semble dans le grand supermarché que représente Ersal.


Dernier « shopping » en date : des pelleteuses que des éléments armés syriens sont venus collecter hier par la force à Ersal, dans les carrières de la localité, après avoir immobilisé les gardiens – des ouvriers syriens – et confisqué leurs téléphones. Les pelleteuses seront bientôt mises en œuvre pour édifier des fortifications. En prévision d'une bataille prochaine, semble-t-il.

 

Lire aussi

Hezb el-Daech, le billet de Ziyad Makhoul

Il ne manquait plus que Daech pour compliquer le méli-mélo présidentiel, le commentaire d'Emile Khoury

Le sunnite et le chiite figés dans la même douleur

Tournée du chef d'état-major à Ersal

 

Depuis la « révélation » de la présence jihadiste aux portes de Ersal et à l'intérieur même du village, assailli en l'espace de quelques heures par des éléments armés, les yeux sont dorénavant rivés sur les camps de réfugiés syriens considérés désormais comme de véritables bombes à retardement.La découverte par la troupe lors des affrontements à Ersal de plusieurs dizaines...

commentaires (5)

UN VÉRITABLE SIGNE DE XÉNOPHOBIE, CET ÉTENDARD A L’ENTRÉE DE LA VILLE !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 26, le 15 septembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • UN VÉRITABLE SIGNE DE XÉNOPHOBIE, CET ÉTENDARD A L’ENTRÉE DE LA VILLE !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 26, le 15 septembre 2014

  • OU : LES TOURISTES D'AUJOURD'HUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 01, le 14 septembre 2014

  • QU'ATTENDAIT-ON APRÈS L'INTERVENTION DE CERTAINS DANS LES PAYS VOISINS ??? QUE LES REFUGIÉS SOIENT TOUS DES REFUGIÉS ??? C'ÉTAIT À PRÉVOIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 05, le 13 septembre 2014

  • Les camps de réfugiés syriens à l'instar des camps palestiniens seront un jour le paradis du terrorisme . Triste de voir à jour le gouvernement libanais si impuissant à leur égard .

    Sabbagha Antoine

    07 h 31, le 13 septembre 2014

  • "Depuis l’implication de ce hézébbb dans la guerre du régime bääSSyrien contre la population syrienne, les yeux sont dorénavant rivés sur les camp d’entrainement du hézébbb considérés désormais comme de véritables bombes à retardement. Désormais, chaque camp, centre ou bâtiment abritant des miliciens de ce hézébbb, se trouve dans le point de mire des forces syriennes Saines révolutionnaires et la paranoïa est à son paroxysme. Par contre, la troupe n’a pas encore été autorisée à agir contre ces "lieux", brisant le tabou du "paria déshérité. Car, comment faire la distinction entre le Vrai Résistant et le takfiriste chïïtique Per(s)cé et "professionnel" venu s'installer dans ces "lieux" sous un label "résistanciel" ? Certes, les réactions démesurées sont à craindre et à éviter, si l'on veut encore sauver ce qui reste du semblant de coexistence, et surtout épargner au pays une plus grande dégradation qui mettrait aux prises Libanais chïïtes et sunnites. Du jour au lendemain, tous les Libanais(h) ont réalisé, mus par une grande déception mahééék, que le péril importé de cette sœur-syrie dans les bagages de ces miliciens fakkîhàRiens à l’issue de leurs innombrables débandades, est désormais bien réel ! Et si l'on considère que s'il y a même un % de sympathisants de ce hézébbb parmi le million et demi de chïïtes au Liban, il n'y a qu'à faire le compte, constate-t-on enfin !". Yâ harâm yâ Lébnéééne, woû allâh yésstôrre !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 20, le 13 septembre 2014

Retour en haut