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Liban - Liban

Otages militaires : le Qatar et Abbas Ibrahim entrent officiellement en ligne

La troupe change de tactique à Ersal, désormais totalement coupé de son jurd, et le Premier ministre Tammam Salam affirme que le médiateur qatari est entré en ligne.

Le Premier ministre Tammam Salam a présidé hier une réunion du comité d’urgence chargé du suivi du dossier des otages. Photo Dalati et Nohra

Appelée à jouer au policier dans plus d'une région, en plus de ses lourdes responsabilités aux frontières, l'armée est sollicitée sur plus d'un front, menant des batailles qui varient entre la lutte contre le terrorisme, la petite et la grosse délinquance, ainsi que les crimes de droit commun, dont la récente prise d'otages vraisemblablement contre une rançon. Hier, l'affaire de Ayman Sawan, enlevé lundi dernier, a ainsi continué de mobiliser la troupe ainsi que la famille de l'otage, qui a entrepris de couper la route de Saadnayel « jusqu'à sa libération ».
Des affrontements ont parallèlement eu lieu entre l'armée et des personnes recherchées au cours d'un raid dans le jurd de Brital, dans la Békaa. L'armée, qui a effectué des perquisitions, était à la recherche des ravisseurs d'Ayman Sawan, qui a finalement été libéré par ses ravisseurs en fin de soirée dans le jurd de Brital sans le paiement d'une rançon. L'ex-otage s'est rendu au poste militaire de la région seul, même si le commandement de l'armée a assuré que la libération de Sawan a été obtenue suite aux perquisitions de la troupe.


Lors d'une conférence de presse tenue à Saadnayel en matinée, Khaled Sawan avait souligné que son frère a été kidnappé « devant tout le monde » et qu'il n'a rien à voir avec ses ravisseurs. Ayman Sawan, originaire de Saadnayel, avait été enlevé dans la localité de Taybé près de Baalbeck lorsque des inconnus à bord d'une jeep Grand Cherokee ont bloqué sa voiture. Son frère Khaled avait été laissé libre, mais les ravisseurs s'étaient emparés de plusieurs objets appartenant à l'otage. Les habitants de Saadnayel avaient aussitôt exprimé leur colère en fermant la route de Saadnayel-Taalbaya, jusqu'à Chtaura.
« Ayman n'a rien à voir avec les personnes qui l'ont enlevé, il n'y a pas d'histoire d'argent », a déclaré Khaled Sawan à la presse. « Nous allons organiser une manifestation pacifique, pour montrer à tout le monde que nous ne voulons rien d'autre qu'Ayman et qu'on ne peut enlever les habitants de Saadnayel de cette manière », a-t-il encore dit.


Le président de la municipalité de Saadnayel, Khalil Chehaymi, présent à la conférence de presse, a pour sa part appelé les responsables sécuritaires et politiques à tout faire pour que Ayman Sawan soit libéré. « Nous refusons que ce soit le début de la révolte à Saadnayel », a-t-il dit. Interrogé sur les passagers du minibus qui ont été kidnappés lundi en réaction au rapt du fils Sawan, M. Chehaymi a précisé que ce qui s'est passé « était une simple réaction. Personne à Saadnayel ne pratique le rapt qui n'est guère dans nos coutumes ».
Devant la mosquée, il a affirmé : « Nous allons faire face à la discorde, et nous ne voulons personne d'autres que l'État. » Il a cependant regretté le fait que les habitants de Zahlé n'aient pas soutenu la famille Sawan dans son mouvement de protestation, « d'autant que cette affaire n'a rien à voir avec la religion », a-t-il dit.
Les membres de la famille Sawan ont par ailleurs dressé des tentes au milieu de la route Chtaura-Zahlé, pour protester contre le rapt de leur fils. Les forces de l'ordre et l'armée ont œuvré à dévier la circulation.

 

(Lire aussi : L'EI ou la puissance par l'image)

 

Un otage rencontre sa famille dans le jurd
Un nouveau rebondissement a par ailleurs eu lieu hier dans l'affaire des otages militaires retenus par les jihadistes. Le cheikh Moustapha Houjeiry, l'uléma sunnite proche du Front al-Nosra, a en effet indiqué avoir accompagné la veille au soir la famille de Georges Khoury, l'un des soldats enlevés par le groupe jihadiste, pour qu'elle rencontre ce dernier dans les jurds de Ersal.
« Au moment de notre retour, nous avons été la cible de tirs durant plus d'une demi-heure », a-t-il encore dit à la LBCI. « Est-ce permis ? Est-il demandé de couper court aux tentatives de médiation ? » s'est interrogé l'uléma, accusant l'armée d'avoir tiré sur lui. « J'exige une explication du commandant en chef de l'armée », a-t-il martelé. Et d'ajouter : « Je suis en contact avec l'ensemble des familles des otages. Nous essayons de faire quelque chose pour donner une lueur d'espoir aux Libanais. » Le cheikh Houjeiry a précisé ne pas connaître le lieu où se trouve les otages, précisant que le Front al-Nosra leur fixe généralement à l'avance le lieu de rencontre et les conditions. Il a ajouté que ce qu'il a fait pour les parents de Georges Khoury « est un devoir humanitaire ». « Personne n'imagine la peur qui habite les familles des otages », a-t-il renchéri.
À une question sur la nature de ses relations avec le Front al-Nosra, il a répondu : « Je ne suis pas en mesure de les attaquer maintenant », en allusion à la sécurité des otages. Il a précisé toutefois avoir soutenu dès le début la révolution syrienne. « C'est une question indiscutable », a-t-il dit avant de souligner que dans ce conflit le Front al-Nosra est de toute évidence contre le régime syrien.


Pour sa part, le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, a rendu visite hier à la famille de Georges Khoury, lors de sa tournée au Akkar.
Dix-huit soldats et agents des FSI sont toujours aux mains du Front al-Nosra. Dix soldats sont en outre retenus par l'État islamique qui en a décapité deux ces dix derniers jours.

 

(Lire aussi : La coalition menée par les USA contre l'EI commence à prendre forme)

 

Les familles des otages chez Salam
Entre-temps, une délégation des familles des otages militaires s'est entretenue au Grand Sérail avec le Premier ministre Tammam Salam, avant de se réunir avec les responsables de la cellule de crise pour suivre l'affaire. La réunion était présidée par Tammam Salam qui a ensuite rencontré à huis clos des responsables militaires et sécuritaires après le départ des familles, avant que l'information ne soit rendue publique : le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui a déjà œuvré pour la libération des religieuses de Maaloula et des otages de Aazaz, a été chargé officiellement du dossier des militaires libanais et se rendra aujourd'hui au Qatar pour entreprendre des concertations à ce sujet.


Les familles des otages, qui ont observé un sit-in hier à Kab Élias, dresseront néanmoins à partir de ce matin leurs tentes devant le Grand Sérail pour protester contre « l'atermoiement dans cette affaire ». Ils ont en effet affirmé hier au terme de leur rencontre avec les responsables sécuritaires ne pas avoir ressenti que les choses ont vraiment avancé, assurant que les responsables les ont surtout sommés de patienter davantage. Le Premier ministre a de son côté affirmé au terme de la réunion que « les tractactions pour obtenir la libération des otages se poursuivent par le biais d'une médiation qatarie ». « Les revendications des ravisseurs sont jusque-là floues et ils tentent de semer la zizanie parmi nous ; nous ne tomberons pas dans leur piège », a-t-il ajouté.

 

Nouveau plan militaire
Sur le terrain, l'armée a coupé hier la route qui relie Ersal à son jurd pour ensuite se positionner sur les collines qui donnent sur le sud-est du village. Les soldats ont érigé un barrage soutenu par des fortifications et des véhicules militaires.
L'axe qui a été coupé par l'armée est considéré comme la seule porte menant au village et aux camps syriens. Ce nouveau plan vise clairement à empêcher le mouvement d'entrée et de sortie des éléments armés en direction de Ersal et des camps.
Selon une source de sécurité citée par le site NowLebanon, un plan sera prochainement mis en place pour contrôler la situation entre le jurd et le village de Ersal, d'une part, et entre le jurd et le territoire syrien, d'autre part. Cette source a précisé que le moindre mouvement de l'armée sera étudié et directement régulé à partir du haut commandement, qui décidera minute par minute comment réagir à tout éventuel développement, en prenant en considération la situation des militaires qui sont toujours otages aux mains des jihadistes.
Sur un autre plan, deux roquettes tirées à partir de la chaîne de l'Anti-Liban se sont abattues hier en début de soirée sur les villages de Brital et Hour Taala, dans la Békaa, sans faire de victime.

 

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