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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Depuis l’annexion de la Crimée, les Occidentaux ont perdu confiance en Poutine

...Tatiana Kastoueva-Jean, responsable du Centre Russie-NEI de l'Institut français des relations internationales.

Le président russe Vladimir Poutine en compagnie de son homologue mongole. AFP PHOTO / RIA NOVOSTI / KREMLIN POOL / ALEKSEY NIKOLSKYI

Pour comprendre la politique ambiguë du président russe dans un contexte de plus en plus tendu en Ukraine, L'Orient-Le Jour a demandé l'avis de Tatiana Kastoueva-Jean, responsable du Centre Russie-Nei de l'Institut français des relations internationales.

 

Pensez-vous que le plan de règlement de crise proposé par Vladimir Poutine pose vraiment des questions de fond pour en finir avec le conflit ukrainien ou est-ce une simple manœuvre pour gagner du temps ?
Aujourd'hui, il est difficile de répondre à cette question. Le président russe Vladimir Poutine a toujours fait dans la dichotomie. Sur un plan politique, il a parlé de paix et de règlement de conflit avec son homologue ukrainien à Bénouville (en France) en juin et à Minsk la semaine dernière. Un processus qui ne s'est jamais traduit en une véritable fin des opérations militaires dans l'est de l'Ukraine. Aujourd'hui, on peut comprendre le scepticisme des Occidentaux, trop habitués à voir Poutine dire une chose et son contraire, dans la plus grande incohérence. Depuis l'annexion de la Crimée, c'est clair qu'ils ont perdu confiance en lui.

 

Comment expliquer les propos du président russe du 31 août où il a fait allusion à un « statut étatique pour l'est de l'Ukraine » ? Cela prouve-t-il que Poutine n'est en fait pas intéressé par toute l'Ukraine mais uniquement par sa partie russophone ?
Vladimir Poutine a trois objectifs. D'abord une envie de traduire les avancées militaires en gain politique pour ainsi augmenter les enjeux lors d'éventuels négociations avec Kiev. Ensuite créer une formule dans l'est de l'Ukraine, qu'il n'a pas vraiment spécifiée. Un statut spécial ? Un État à part entière ? Un État fédéral ? Bien sûr, cela reflète un attachement à cette partie russophone de l'Ukraine, une importance affective donnée à la région qui sont incarnés par le concept de « Russki mir » (le londe russe). Mais aussi l'importance géopolitique de l'Ukraine pour la Russie. Le but final est de continuer à peser d'une manière ou d'une autre sur les choix stratégiques de ce pays. Enfin, son objectif global : se positionner différemment en Europe et dans le monde. Poutine veut ainsi revoir le rapport de force et l'ordre du monde imposé depuis la fin de la guerre froide. Il veut ainsi se positionner comme un acteur puissant et incontournable de la scène internationale.



Comment Poutine pourrait-il redorer son blason et rétablir la confiance avec les Occidentaux ?
Si Poutine mettait du sien pour conclure une fin de conflit, les choses pourraient changer. En effet, les Occidentaux n'attendent qu'un signe positif de la Russie pour, à leur tour, lâcher du lest, stopper l'engrenage des sanctions qui ont un effet négatif sur leurs propres économies et à long terme revoir leur politique avec ce géant eurasiatique. Mais redorer le blason russe prendra du temps. Ce conflit à fait voler en éclats tous les efforts fournis par Moscou ces dernières années pour gagner en privilège sur la scène internationale. Redorer une image à ce point ternie prendra des années, et à mon avis, cela reste peu probable tant que Poutine est au pouvoir.

 

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Pensez-vous que le plan de règlement de crise proposé par Vladimir Poutine pose vraiment des questions de fond pour en finir avec le...

commentaires (5)

IL ÉTAIT PLUS QUE TEMPS !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 31, le 04 septembre 2014

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Commentaires (5)

  • IL ÉTAIT PLUS QUE TEMPS !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 31, le 04 septembre 2014

  • Poutine, formé au KGB, n'a pas encore atteint les exploits de Beria, le sinistre exécuteur de Staline Poutine en Syrie a déjà fait preuve de sa capacité à faire éclore des guerres dans lesquelles il ne fournit que les armes .... et la protection onusienne L'exemple de la Syrie n'a pas donné des leçons aux occidentaux qui payeront très cher et très fort leurs faiblesses en Syrie et en Ukraine Face à Obama qui est incapable de faire un pas en avant (sauf pour Israël) et qui est spécialiste des deux pas en arrière, il devient l'homme fort du moment

    FAKHOURI

    15 h 26, le 04 septembre 2014

  • et le reste du monde a t il confiance au USA et a l'OTAN ? qui aurait dû être dissoute après la chute du mur de Berlin....?

    M.V.

    09 h 46, le 04 septembre 2014

  • ILS SAVAIENT... DONC, PLUS COUPABLES QUE LE COUPABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 37, le 04 septembre 2014

  • "...ont perdu..." Qui lui avait jamais fait confiance?

    Yves Prevost

    06 h 40, le 04 septembre 2014

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