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Liban - Ressources hydrauliques

Confronté à une sécheresse record, le Liban sensibilise la population aux économies d'eau

Alors que le Liban connaît l'une des pires crises de l'eau de son histoire, le ministre de l'Énergie et de l'Eau Arthur Nazarian a lancé hier une campagne pour rationaliser l'utilisation de l'eau, financée par l'Union européenne.

"Vous nous aimez...laissez nous de l'eau". Photo tirée du compte twitter @KifBetwaffirMay.

Une femme se brosse les dents. Sa fille fait son apparition à la porte de la salle de bains. La mère, qui a laissé le robinet ouvert, lui recommande de bien se couvrir pour qu'elle n'ait pas froid. La petite fille lui dit alors que, pour son avenir, elle n'a besoin que d'une chose essentielle : « Laisse-moi de l'eau. » La mère ferme le robinet sous l'impulsion du regard de sa fille. Idem pour un petit garçon qui reproche à son père de laisser l'eau fuir de son tuyau lorsqu'il lave la voiture.


Ces spots télé passeront bientôt sur votre écran afin de vous pousser à économiser l'eau en une année particulièrement sèche. L'idée surfe, à l'évidence, sur la fibre sentimentale des relations parents-enfants et sur le droit des générations futures à jouir des mêmes ressources hydrauliques que les générations présentes, d'où l'intérêt de limiter le gaspillage au plus vite.


Cette campagne intervient alors que le Liban traverse l'une des années les plus sèches de son histoire. Arthur Nazarian, ministre de l'Énergie et de l'Eau, qui inaugurait cette campagne en compagnie d'Alexis Loeber, chef de la section de coopération à la Délégation de l'Union européenne (UE), représentant la chef de la Délégation Angelina Eichhorst, et de sa conseillère au ministère, Randa Nemr, n'a pas occulté le contexte de crise actuelle. « Nous lançons cette campagne de rationalisation de l'utilisation de l'eau durant un été qui s'annonce précocement sec, a-t-il dit. Les conditions météorologiques, le changement climatique et les circonstances du voisinage ont convergé avec une baisse des ressources hydrauliques et une augmentation de la demande due à la présence de plus d'un million trois cent mille réfugiés syriens. »


Le ministre a précisé qu'« un plan d'urgence national » a été décrété et qu'une commission d'urgence a été créée regroupant tous les ministères concernés. Il a également souligné que ses principales recommandations, outre la conscientisation de la population sur la lutte contre le gaspillage, portent sur « une accélération de la réalisation des projets hydrauliques (barrages et autres), une intensification des réparations des installations hydrauliques, la recherche de nouvelles sources d'eau, notamment en creusant davantage certains puits... ».

 

(Lire aussi : Les dix commandements pour faire face à la pénurie d'eau de l'été...)

 

Une campagne « à long terme »
La campagne de sensibilisation lancée hier bénéficiera d'un budget de 200 mille euros alloué par l'UE, une autre partie étant assurée par le secteur privé, la compagnie Nestlé, a précisé le ministre. Randa Nemr a fourni les détails du projet qui repose sur trois piliers : une sensibilisation de la population au problème, une diffusion des conseils pour une économie d'eau et un programme éducatif dans les écoles qui sera mis en place dès la rentrée.

La sensibilisation, selon elle, reposera sur une campagne médiatique dans les radios, les télés... En ce qui concerne les conseils adressés aux citoyens en vue d'une réduction de la demande, elle a précisé qu'ils font l'objet de diverses publications. Ces conseils seront adressés à diverses catégories de la population, notamment les agriculteurs qui consomment plus de 60 % de l'eau et qui devraient songer aux sources alternatives telles que les eaux usées traitées par exemple. Les industriels, bien que responsables de 10 % de l'utilisation de l'eau seulement, peuvent jouer un grand rôle par un bon entretien de leurs installations et l'utilisation de l'eau recyclée dès que possible, a-t-elle ajouté.

La sensibilisation peut s'avérer très bénéfique dans le tourisme où clients et employés représentent un nombre peu négligeable de personnes, a-t-elle dit. Enfin, Randa Nemr a estimé que les municipalités sont des « partenaires » qui peuvent, par la surveillance des comportements (lavage de rue et de voiture à grande eau, réparation des matériels défectueux...), contribuer à une préservation des ressources. Enfin, la campagne aura une présence sur Internet et les réseaux sociaux ; chercher « Kif Betwaffir May » (comment économiser de l'eau).

 

(Lire aussi : Avec la « Bathmobile », lavez votre voiture de façon écolo !)


Interrogée par L'Orient-Le Jour sur d'éventuelles mesures exécutives pour réduire le gaspillage d'eau en parallèle avec la campagne, Randa Nemr a estimé qu' « il n'y a pas de mesures exécutives possibles, c'est aux municipalités de vérifier que les habitants ne vont pas à l'encontre de la loi, nous ne pouvons pas descendre sur le terrain pour appliquer les règles nous-mêmes ».


Une telle campagne ne donne des fruits qu'à très long terme alors que la crise est bien là. Randa Nemr affirme que le ministère prend bel et bien des mesures en accélérant ses projets, en créant des canalisations qui limitent le gaspillage, en construisant de nouveaux puits, et en nettoyant et creusant davantage les anciens... Elle a ajouté que la campagne restera opérationnelle dorénavant et qu'elle n'a pas un délai précis. « Cette campagne vise à protéger les ressources à long terme, pas à répondre à la crise que nous vivons actuellement », a-t-elle précisé.
« Laisse-moi de l'eau ». Oui, mais un changement dans les comportements, indispensable certes, suffira-t-il à pallier des décennies de mauvaise gestion officielle ? Quelle eau pour quel avenir ?

 

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Une femme se brosse les dents. Sa fille fait son apparition à la porte de la salle de bains. La mère, qui a laissé le robinet ouvert, lui recommande de bien se couvrir pour qu'elle n'ait pas froid. La petite fille lui dit alors que, pour son avenir, elle n'a besoin que d'une chose essentielle : « Laisse-moi de l'eau. » La mère ferme le robinet sous l'impulsion du regard de sa fille. Idem...

commentaires (1)

Oui sans doute! Laissez-nous de l'eau! Mais laissez-nous aussi construire les barrages prévus sans mettre des bâtons dans les roues...C'est probablement la meilleure solution à long terme.

Georges MELKI

11 h 05, le 16 juillet 2014

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Commentaires (1)

  • Oui sans doute! Laissez-nous de l'eau! Mais laissez-nous aussi construire les barrages prévus sans mettre des bâtons dans les roues...C'est probablement la meilleure solution à long terme.

    Georges MELKI

    11 h 05, le 16 juillet 2014

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