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Liban - L’éclairage

Présidentielle : la reprise des attentats pourrait accélérer les contacts pour un accord sur un candidat d’entente

L'explosion qui a secoué hier soir le secteur de Raouché a accentué encore plus les appréhensions de divers milieux locaux et étrangers qui craignent que le Liban soit une fois de plus la cible d'une nouvelle série d'attentats terroristes commandités de l'extérieur. Les sources des services de renseignements occidentaux mettent en garde sur ce plan contre un cycle de violence qui semble poindre à l'horizon et qui paraît d'autant plus inquiétant qu'il coïncide avec des développements inattendus dans la région. L'Irak a été en effet le théâtre d'événements graves qui ont profondément bouleversé la donne à l'échelle régionale et qui ont créé un nouveau rapport de force au Moyen-Orient.

Les milieux politiques locaux estiment dans ce cadre que les changements intervenus en Irak reviennent, d'un point de vue géostratégique, à briser pratiquement le lien géographique que le régime iranien avait réussi à établir entre Téhéran et le Liban-Sud, en passant par Bagdad et Damas, grâce à ses têtes de pont que constituent le gouvernement de Maliki, en Irak, le régime de Bachar el-Assad et le Hezbollah. En clair, cet axe mollahs iraniens/Maliki/Bachar el-Assad/Hezbollah représente l'expression concrète de ce que le roi Abdallah de Jordanie avait qualifié de « croissant chiite ». Les derniers développements en Irak sont donc le fruit d'un véritable soulèvement sunnite contre le gouvernement de Maliki – fidèle allié de la République islamique iranienne – qui s'est employé au cours des dernières années à marginaliser systématiquement les sunnites d'Irak et à les opprimer en se livrant à toutes sortes de vexation à leur égard. Il en résulte que les grandes tribus sunnites ont fini par soutenir un mouvement de soulèvement en prenant le contrôle des régions sunnites, réclamant dans ce cadre la mise en place d'un gouvernement fondé sur un partenariat véritable dans l'exercice du pouvoir entre les principales composantes de la société irakienne.

 

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C'est donc à l'ombre d'une telle conjoncture particulièrement explosive et délicate que les attentats ont repris sur la scène libanaise dans ce qui paraît refléter une volonté occulte de remettre en cause le fragile statu quo qui avait accompagné la formation du gouvernement dit « d'intérêt national » présidé par Tammam Salam. Peu de temps après la formation du cabinet, un ambitieux plan de sécurité avait été mis en application au Liban-Nord et dans la Békaa. De nombreux caïds de quartiers et des miliciens des secteurrs rivaux de Jabal Mohsen (secteur alaouite) et Jabal Mohsen (zone sunnite) avaient été mis aux arrêts afin de stabiliser la situation et éviter une reprise des affrontements épisodiques dans la capitale du Nord. Ce plan de sécurité avait débouché sur une période d'accalmie et les responsables officiels ne cachaient pas leur optimisme au sujet de la saison estivale de cette année.

Coopération avec les services occidentaux
Les derniers attentats-suicide de Dahr el-Baïdar et de Tayyouné, auxquels est venue s'ajouter l'explosion d'hier soir à Raouché, ont constitué toutefois un indice inquiétant. Des sources ministérielles locales indiquent sur ce plan que certains services de renseignements occidentaux ont transmis aux hauts responsables officiels libanais des informations dont il ressort que des éléments terroristes sont entrés au Liban via l'aéroport de Beyrouth afin d'exécuter des attentats pour le compte d'organisations bien déterminées. Parallèlement, et toujours selon les informations rapportées par les services occidentaux, trois voitures piégées ont été acheminées récemment au Liban. Deux d'entre elles ont explosé et le troisième véhicule – un camion, selon les mêmes sources – fait l'objet de recherches actives de la part des services locaux de sécurité.

 

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Face à cette relance de la menace terroriste, une coordination accrue s'est instaurée entre les différents services sécuritaires libanais. Dans le même temps, les sources de sécurité font état d'une coopération avec les services de renseignements occidentaux. Des responsables de ces services occidentaux seraient notamment arrivés récemment au Liban en vue d'un échange d'informations avec leurs pairs libanais. Une coordination s'est ainsi instaurée afin de faire face à la nouvelle vague de terrorisme. Cela explique sans doute que les services locaux ont réussi au cours des derniers jours à appréhender plusieurs suspects et à démanteler des cellules terroristes à Beyrouth et au Liban-Nord. L'explosion survenue hier soir à Raouché s'inscrirait d'ailleurs dans le cadre des opérations de choc menées à un rythme accéléré afin de démasquer les cellules terroristes dormantes.

Un 7 mai inversé ?
En tout état de cause, les milieux du 8 Mars affirment que cette relance des attentats terroristes sur la scène locale constitue en quelque sorte une tentative de lancer un « 7 mai inversé » à coloration sunnite, en allusion à l'offensive milicienne que le Hezbollah avait menée le 7 mai 2008 contre le courant du Futur à Beyrouth-Ouest et les positions du Parti socialiste progressiste dans la montagne druze afin d'inverser le rapport de forces qui penchait à l'époque en faveur du 14 Mars, dans le sillage de la révolution du Cèdre.

Il reste que les développements des derniers jours ont été jugés suffisamment graves par les grandes capitales occidentales, de sorte que la stagnation qui caractérisait la scène locale a cédé la place à une recrudescence des contacts au plus haut niveau international afin de sortir le Liban de l'impasse. Cela implique, plus particulièrement, une relance effective des démarches en vue de débloquer la présidentielle et d'accélérer l'élection d'un successeur au président Michel Sleiman. Le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a ainsi souligné explicitement, lors de son rapport mensuel présenté au Conseil de sécurité, la nécessité d'élire un nouveau chef de l'État dans les délais les plus brefs.

 


(Lire aussi: Démarches pressantes franco-US à Paris pour lever les obstacles à l’élection d’un président)



La menace terroriste renouvelée explique ainsi la relance des démarches entreprises depuis quelques jours par les factions locales pour paver la voie à l'élection d'un nouveau chef de l'État. C'est dans ce cadre que s'inscrit le dernier entretien à Paris entre Saad Hariri et Walid Joumblatt. M. Hariri a réitéré à cette occasion sa position de principe, à savoir que le déblocage de la présidentielle relève de la responsabilité des leaders chrétiens, et plus précisément maronites. Le leader du courant du Futur aurait conseillé à M. Joumblatt d'effectuer une ouverture en direction des factions chrétiennes, en coopération avec le chef du législatif, Nabih Berry.


C'est également dans le cadre de cette volonté manifeste d'accélérer les démarches en vue de faciliter l'élection d'un président que s'inscrit la visite que le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a effectuée il y a quelques jours à Bkerké où il a fait le point de la bataille présidentielle avec le patriarche maronite, le cardinal Bechara Raï. Cet entretien a notamment porté sur la position que Bkerké envisagerait d'adopter au sujet du problème posé par le refus du général Michel Aoun de renoncer à sa candidature « de facto », ce qui empêche dans la pratique l'élection du nouveau président.

En dépit de la persistance du blocage actuel, certaines sources affirment que les leaders politiques, y compris au sein du 8 Mars, et plus particulièrement le Hezbollah, ont acquis la conviction que les derniers développements sécuritaires imposent d'aboutir à l'élection d'un président d'entente afin de faire face à la menace terroriste grandissante qui pèse sur le pays. Les sources précitées croient savoir que des concertations ont déjà été entamées afin de dégager un accord sur un ou deux nom (s) de candidat (s) d'entente qui seraient agréés par les deux camps en présence. Le Hezbollah serait ainsi désormais convaincu que le choix du nouveau président devrait se faire en dehors des quatre ténors maronites, ce qui exclut donc le chef du CPL et ouvre la voie à des candidats consensuels afin de mettre un terme à la vacance présidentielle.

 


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Geagea propose une réunion des députés chrétiens à Bkerké pour débloquer la présidentielle

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L'explosion qui a secoué hier soir le secteur de Raouché a accentué encore plus les appréhensions de divers milieux locaux et étrangers qui craignent que le Liban soit une fois de plus la cible d'une nouvelle série d'attentats terroristes commandités de l'extérieur. Les sources des services de renseignements occidentaux mettent en garde sur ce plan contre un cycle de violence qui semble...

commentaires (2)

L'élection d'un président ni du 8 ni du 14 mars et ni du printemps arabe pourra sauver la situation. Seul un président neutre retissant la toile de l'unification de l'Etat pourra changer la situation .

Sabbagha Antoine

15 h 47, le 26 juin 2014

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Commentaires (2)

  • L'élection d'un président ni du 8 ni du 14 mars et ni du printemps arabe pourra sauver la situation. Seul un président neutre retissant la toile de l'unification de l'Etat pourra changer la situation .

    Sabbagha Antoine

    15 h 47, le 26 juin 2014

  • QU'ATTENDENT-ILS ? PLUS D'ATTENTATS ET PLUS DE SANG POUR DAIGNER SE RÉUNIR ET DIALOGUER ??? QUI QU'IL SOIT LA CAUSE... CE N'EST PAS UNE RAISON POUR RETARDER LE DIALOGUE ET SURTOUT L'ÉLECTION D'UN CHEF D'ETAT ! ABRUTIS DE TOUS BORDS, RÉUNISSEZ-VOUS ET... DIALOGUEZ ET ENTENDEZ-VOUS... SINON... DÉGUERPISSEZ !!! IR7ALOU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 50, le 26 juin 2014

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