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Moyen Orient et Monde - Irak

Les jihadistes en Irak font aussi la guerre sur la Toile

Daech utilise les images qui peuvent dépeindre des revers en victoires et les combats sur le terrain en puissant outil de propagande et de recrutement. HO/Welayat Salahuddin/AFP

À coups d'images destinées à la fois à inspirer la crainte et à recruter des militants fascinés par la violence, les jihadistes en Irak mènent une propagande sur Internet jugée aussi importante que le combat sur le terrain.
Le groupe de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL) utilise abondamment les images qui peuvent dépeindre des revers en victoires et les combats sur le terrain en puissant outil de propagande et de recrutement. L'utilisation par les partisans de Daech et d'autres groupes d'insurgés sunnites associés du site de microblogging Twitter est montée en puissance au fur et à mesure que les jihadistes progressaient sur le terrain, prenant le contrôle de pans entiers du territoire irakien et se rapprochant de Bagdad. Un flux quasi constant d'images est ainsi assuré sur Twitter. « Ils n'ont pas seulement fait rougir de honte d'autres groupes d'insurgés mais aussi des firmes commerciales utilisant le net pour vendre des produits », estime Aaron Zelin, du Washington Institute for Near East Policy, à propos de la propagande de Daech. « Ils sont très, très bons », souligne-t-il.


Alors que les forces irakiennes cédaient à l'offensive lancée le 9 juin, Daech a mis en ligne les images de véhicules et de positions militaires saisis, ainsi que de brèves descriptions des combats. Après avoir pris le contrôle de la province septentrionale de Ninive, les images de bulldozers abattant la barrière de la frontière entre l'Irak et la Syrie sont venues souligner l'« unification symbolique » des deux pays, où Daech veut établir un État islamique. Et quand le groupe a affirmé avoir exécuté des soldats dans la province de Salaheddine, des images de ses combattants tirant sur des dizaines d'hommes face à terre dans des fossés peu profonds maculés de mares de sang ont été diffusées pour illustrer cet épisode terrifiant.

 

Hashtags détournés
Selon Charles Lister, un chercheur invité au Centre Brookings de Doha, Daech a fait des progrès en matière de propagande. « (Daech) semble associer de manière de plus en plus efficace quantité et qualité », en la matière, estime-t-il. « Le flux constant de contenus et leur haute qualité donnent à ses sympathisants l'image d'un groupe très organisé et digne d'être rejoint. » Cette propagande est souvent mise en ligne sous des hashtags comme « #WorldCup2014 » qui rend la recherche plus facile. Les hashtags Coupe du monde en anglais et en arabe ont été ainsi détournés permettant de capitaliser sur la frénésie du football pour faire passer des messages. « C'est très intelligent. Tous les groupes jihadistes sont très bons dans ce qu'ils font, mais (Daech) les dépasse », estime M. Zelin. « Ils ciblent des personnes de différentes langues en utilisant les hashtags populaires (et) ils ont aussi créé leur propre (application) pour Twitter », souligne-t-il. Cette application, qui a été bloquée depuis, envoyait le même message à tous les comptes Twitter associés. Car les médias ont des règles pour suspendre ou interdire des contenus prônant la violence ou des comportements répréhensibles.

 

« Théâtre de rue »
Quand l'offensive a commencé, Daech avait des comptes Twitter dédiés à divers « wilayas » correspondant au découpage de l'Irak tel que vu par le groupe. Certains comptes couvrant les zones où les combats ont eu lieu ont été suspendus par Twitter à mesure que l'offensive progressait. Pour Daech, la question qui va se poser est « comment continuer à communiquer avec un large public », selon M. Zelin.
Ce groupe se livre aussi à de la propagande sur le terrain, souligne Nathaniel Rabkin, l'éditeur de la lettre The Inside Iraqi Politics. Il évoque des « rassemblements de repentis durant lesquels des policiers, des soldats et des miliciens des sahwas (sunnites) s'engagent à cesser de travailler pour le gouvernement ». « Ces événements de type "théâtre de rue" sont plus importants pour la propagande de (Daech) à l'intérieur de l'Irak que les vidéos mises en ligne qui semblent être destinées plus à un public international », juge-t-il.

 

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