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Nos Lecteurs ont la Parole - Sayed FRANGIEH

L’évolution historique du christianisme au Moyen-Orient

L'expression chrétiens d'Orient désigne les chrétiens apparus d'abord au Proche-Orient puis dans l'est et le sud-est de l'Europe et qui se sont propagés au fil du temps dans le globe entier. Le christianisme est né et s'est développé dans la partie orientale de l'Empire romain. C'est à Antioche, la capitale de la province de Syrie, que les disciples du Christ auraient pour la première fois reçu le nom de chrétiens. Il est certain qu'Édesse, capitale du royaume d'Osroène, a été le cœur de la chrétienté de langue araméenne. La première trace de chrétiens à Édesse, en Mésopotamie, date de l'an 200.
À la fin du IIIe siècle, le christianisme s'étend dans le golfe Arabo-Persique. Au début du IVe siècle, l'empereur romain Constantin se convertit au christianisme, et en 391, le christianisme devient la religion officielle de l'Empire romain. En s'appuyant sur l'empereur, protecteur de tous les chrétiens, les chrétiens d'Orient parviennent à former une communauté nombreuse et organisée.
Celle-ci est toutefois traversée de litiges théologiques et christologiques qui portaient sur la ou les natures du Christ. À Antioche, les théologiens chrétiens, appuyés par le patriarche de Constantinople Nestorius, défendent l'idée de l'existence de deux natures distinctes, humaine et divine, du Christ. Marie, en l'occurrence, est uniquement la mère de l'homme et pas du dieu. À l'inverse, les théologiens d'Alexandrie défendent l'idée de l'union parfaite de l'homme et du dieu dans la personne du Christ. En 542, l'impératrice Theodora, qui soutient les unitariens, nomme l'évêque monophysite, Jacques Baradée, au siège d'Édesse, donnant naissance à l'Église syriaque-orthodoxe ou jacobite, qui se développe dans la campagne syrienne. L'Église étant contestée par les autorités religieuses d'Antioche, ses partisans doivent trouver refuge dans des couvents dans les actuelles terres syriennes et palestiniennes.
Aux VIIe et VIIIe siècles, la plupart des chrétiens d'Orient sont majoritaires dans la région de l'actuel Moyen-Orient, où ils cohabitent avec les musulmans, et le restent jusqu'au Moyen Âge. La première colonisation de l'Orient par les Européens commence en effet avec la première croisade prêchée par le pape Urbain II, sous prétexte de délivrer Jérusalem. Les premiers croisés fondent en Palestine et au Liban des États latins, premières colonies européennes qui sont longtemps restées en état de guerre avec les peuples d'Orient. Huit cents ans plus tard, cette colonisation inspire une autre «croisade», sioniste celle-là, appuyée aussi par les Européens, les «anciens croisés», pour créer Israël en
Palestine.
Les chrétiens d'Orient, source de dynamisme de la population de l'Orient, jouent un rôle primordial dans les domaines culturel, social, économique et politique, ainsi que dans le dialogue entre les différentes civilisations et religions. Ils participent à la construction du lien social des pays du Levant au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak, en Égypte et en Jordanie. Bien ancrés dans l'ensemble de ces pays, ils font aujourd'hui partie intégrante de leur tissu social.
L'arabité chrétienne est ainsi ancrée dans le Levant et n'y a pas été importée par un quelconque conquérant militaire, ni un colonisateur qui l'aurait laissée derrière lui. L'arabité tant chrétienne que musulmane naît d'une même présence humaine en terre levantine et arabe, l'entente entre les chrétiens d'Orient et les musulmans émane donc de l'identité arabe de cette présence. C'est au sein de ce système culturel arabe que les chrétiens orientaux et les musulmans évoluent et œuvrent ensemble pendant des siècles, dans un esprit de tolérance. À l'aube de la Renaissance arabe (al-Nahda) du XIXe siècle, les intellectuels arabes chrétiens jouent notamment un rôle primordial dans le renouvellement de la pensée arabe en créant des espaces plus vastes de tolérance, de liberté et de démocratie.
Partant, les tentatives actuelles d'extirpation des chrétiens arabes d'Orient de leurs sociétés et de leurs lieux de présence historique, dans le but de les confiner dans des enclaves fermées, s'apparente à un projet de destruction des sociétés levantines arabes. Israël, soutenu par l'Occident et par le mouvement sioniste, est un exemple éloquent de cette dynamique. Dans ce contexte, il est nécessaire de mettre un terme à la
représentation des problèmes des sociétés arabes levantines par le prisme de problèmes entre «majorités» et «minorités», imposé par leurs lectures orientalistes qui menacent leur composante chrétienne levantine.
Les mutations que connaît actuellement le Levant arabe, avec la montée des courants religieux et des groupes islamistes (takfiristes en particulier), soutenus par l'Occident d'autant qu'ils relèvent parfois de projets politiques avant d'être un éveil religieux, contribuent à la décomposition du Levant arabe et de ses structures sociales. Elles mènent aussi, sur les plans idéologique et politique, à réaliser des projets politiques et religieux susceptibles de créer des guerres et des conflits sanglants, et d'avoir des conséquences néfastes sur la présence et l'identité arabe des chrétiens d'Orient.
La crise en présence est donc celle de la pensée, du projet et du comportement des musulmans et de ceux des chrétiens d'Orient qui quittent leur terre pour des pays d'exil occidentaux. La cause majeure de leur épreuve demeure l'intervention des puissances colonisatrices et d'occupation, qui les divisent, installent Israël sur la terre de Palestine et construisent dans la région des communautés religieuses et politiques qui, en s'opposant les unes aux autres et en s'entretuant, permettent en définitive à ces puissances de préserver leur influence.

 

L'expression chrétiens d'Orient désigne les chrétiens apparus d'abord au Proche-Orient puis dans l'est et le sud-est de l'Europe et qui se sont propagés au fil du temps dans le globe entier. Le christianisme est né et s'est développé dans la partie orientale de l'Empire romain. C'est à Antioche, la capitale de la province de Syrie, que les disciples du Christ auraient pour la...

commentaires (3)

Alors voyons voir si j'ai encore bonne mémoire: Partant de l'homochristianis-habilis (qui a su survivre dans un environnement plutot et souvent hostile) à l'homochristianis-erectus (Ben.. comme on peut l'imaginer, qui s'est reproduit!), à l'homochristianis-sapiens (dont la branche connue des geageaite est en voie d'extinction)à l'actuel homochristianis-sapiens-sapiens (Branches des Raiiens, des Lahhams, des nchoudas, des Aounistes etc etc ). Publiez SVP, au nom du respect de la caricature. Merci.

Ali Farhat

01 h 45, le 18 juin 2014

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Commentaires (3)

  • Alors voyons voir si j'ai encore bonne mémoire: Partant de l'homochristianis-habilis (qui a su survivre dans un environnement plutot et souvent hostile) à l'homochristianis-erectus (Ben.. comme on peut l'imaginer, qui s'est reproduit!), à l'homochristianis-sapiens (dont la branche connue des geageaite est en voie d'extinction)à l'actuel homochristianis-sapiens-sapiens (Branches des Raiiens, des Lahhams, des nchoudas, des Aounistes etc etc ). Publiez SVP, au nom du respect de la caricature. Merci.

    Ali Farhat

    01 h 45, le 18 juin 2014

  • L'HISTOIRE EST CONNUE... LE DEVENIR EST À FORTIFIER ET GARANTIR ! LES "ANTI-CHRIST" SONT LÀ... QUE CEUX À QUI ILS APPARTIENNENT PRENNENT L'INITIATIVE DE LES ÉRADIQUER... SINON, ILS EN SONT LES COMPLICES OU PLUTÔT LES PROMOTEURS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 11, le 17 juin 2014

  • De multiples hérétiques tant chrétiens que musulmans, trouvèrent refuge sur les flancs de ce Mont-Libanais. Les maronites, e.g., firent souche au Nord de ce gros massif crevassé. Tandis que des musulmans bientôt convertis au rite druzizte, dissidence ésotérique du chïïsme, prirent au Sud racine. Ce bastringue sera un assourdissant et tumultueux barnum en grand : en 1841 puis en 1860, cette montagne campagnarde en terrassées fut le théâtre de pogroms antichrétiens, préludes à de multiples autres effroyables interconfessionnelles hécatombes. Il faudra d’ailleurs, pour sceller la réconciliation, attendre 2001 et la visite du Batrak Primordial maronite Mâr Nassrallâh Botross. À l’heure des Croisades (sionisme ancien) et de leurs attaques, certains chréti(e)ns prêtèrent leur concours à ces assaillants de l’Ouest (Sud actuel). Ralliement qui leur vaudra moult rudes représailles lors des contre-attaques menées par les Mamelouks d’Égypte (Nusayrîs de sœur-syrie), ces gens de l’Est arriéré et bête. Les émirs druziztes locaux, eux, jouaient plutôt à l'agent double jurant d’épauler ces mêmes croisés (Sionistes vieux), tout en livrant leurs feuilles de route à ces autres pachas mamelouks (du nouveau Damas älaouïte). Partisans de l’Occident chréti(e)n (Juif, kifkif) VS serviteurs de l’Orient musulman (qui ment tant), les alliances étaient perpétuellement réversibles. En fait, tous ces déchirements si libanais(h) et si indigènes actuels viennent bien de là ; de tellement loin !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 04, le 17 juin 2014

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