Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Conflit

Pour l’ONU, il faut empêcher les prorusses de « déchirer » l’Ukraine

Moscou fustige le rapport de Navi Pillay qui dénonce une « détérioration alarmante » de la situation des droits de l'homme dans l'Est.

Près de Slaviansk, bastion des séparatistes, un insurgé prorusse ajuste son missile antichar. Yannis Behrakis/Reuters

L'ONU a appelé hier les acteurs de la crise ukrainienne à tout faire pour empêcher les insurgés prorusses de « déchirer » l'Ukraine, dans un rapport sur la dégradation « alarmante » de la situation des droits de l'homme dans l'Est.

Meurtres, tortures, enlèvements et intimidation visant des hommes politiques locaux et journalistes : le rapport de l'ONU présenté à Kiev dresse un tableau noir de la « détérioration » de la situation des droits de l'homme dans l'Est contrôlé en grande partie par des séparatistes. Ceux-ci ont proclamé la « souveraineté » des régions industrielles de Donetsk et Lougansk à l'issue d'un référendum dimanche jugé « illégal » par la communauté internationale. La haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Navi Pillay a appelé les personnes disposant d'une influence sur les groupes armés dans l'Est « à faire tout leur possible pour freiner ces hommes qui semblent déterminés à déchirer le pays », dans une claire allusion à la Russie.
Parallèlement, l'ONU a critiqué la politique de « harcèlement » et la « persécution » dont sont victimes les Tatars, minorité musulmane de la Crimée, depuis le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie. Ces derniers commémorent demain les 70 ans de leur déportation par Staline, mais les autorités de Crimée, qui interdisent à leur leader historique Moustafa Djemilev de rentrer en Crimée, ont décrété l'interdiction de tout rassemblement. Depuis Sotchi, dans le sud de la Russie, le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, a dénoncé l'instrumentalisation de la question tatare et a promis aux Tatars un soutien financier. « Nous ne pouvons en aucun cas admettre que les Tatars de Crimée deviennent une monnaie d'échange dans un quelconque différend, y compris interétatique, par exemple entre la Russie et l'Ukraine », a-t-il déclaré.

Le rapport de l'ONU a été immédiatement fustigé par Moscou qui a accusé ses auteurs de remplir « une commande politique pour "blanchir" les autorités autoproclamées de Kiev ».
Et à neuf jours de la présidentielle, les ministres polonais et suédois des Affaires étrangères, principaux lobbyistes de l'Ukraine au sein de l'Union européenne, sont venus apporter leur soutien au gouvernement. La Russie « doit œuvrer pour que l'élection se passe de la manière la plus légitime possible », a martelé le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski au cours d'une conférence de presse. Son homologue suédois Carl Bildt a rencontré le président par intérim Olexandre Tourtchinov et a prôné le « dialogue avec les représentants élus des régions de l'Est », excluant ainsi les séparatistes.

(Lire aussi : Dans l'est de l'Ukraine, la « farce criminelle » des séparatistes)

« Pression brutale »
La présidentielle du 25 mai, convoquée après la destitution en février de Viktor Ianoukovitch, est jugée « cruciale » par les Occidentaux pour sortir de la crise. La Russie en a longtemps rejeté le principe avant que le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, n'adoucisse le ton, estimant que le scrutin pourrait effectivement aller « dans le bon sens ». Moscou prévoit toutefois des manœuvres aériennes près des frontières ukrainiennes le jour de la présidentielle, dénoncées par Kiev comme « une forme de pression brutale ». Dans ce cadre-là, les présidents américain Barack Obama et français François Hollande ont mis en garde la Russie contre des « coûts » supplémentaires si elle persistait à déstabiliser l'Ukraine, a indiqué hier la Maison-Blanche après une conversation téléphonique entre les dirigeants.

Sur le terrain, les séparatistes continuent d'étendre leur emprise scellant un peu plus l'échec de l'armée ukrainienne à reprendre le contrôle de l'est du pays après un mois d'opérations militaires. Dernière preuve de l'impuissance de Kiev : des hommes armés ont pris sans faire usage de la force le contrôle du quartier général de la garde nationale, les forces spéciales du ministère de l'Intérieur, de Donetsk. Dans ce contexte, le chef des services de sécurité (SBU) Valentin Nalyvaïtchenko a déclaré sur la chaîne Kanal 5 que « nous ne devons en aucun cas cesser l'opération antiterroriste ».
Près de Slaviansk, bastion des séparatistes, l'armée ukrainienne a installé des postes de contrôle appuyés par des chars, des hélicoptères et des équipements de défense antiaérienne afin d'isoler la ville.


Repère

Les séparatistes de l'Est ukrainien : qui sont, ils que veulent-ils?

Lire aussi

La crise ukrainienne a plongé la Russie en récession, selon le FMI

Svatove, la ville qui boycotte le référendum séparatiste

L'ONU a appelé hier les acteurs de la crise ukrainienne à tout faire pour empêcher les insurgés prorusses de « déchirer » l'Ukraine, dans un rapport sur la dégradation « alarmante » de la situation des droits de l'homme dans l'Est.Meurtres, tortures, enlèvements et intimidation visant des hommes politiques locaux et journalistes : le rapport de l'ONU présenté à Kiev dresse un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut