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Économie - Reportage - Des villes et la crise syrienne

À Saïda, la vie peine à reprendre son cours...

Depuis le début de la guerre en Syrie, comment la crise se fait-elle ressentir sur l'économie des villes libanaises ? Commerces, tourisme, agriculture, industrie, comment ces moteurs ont-ils été affectés ? Dans sa nouvelle rubrique, « Des villes et la crise », « L'Orient-Le Jour » propose tous les mois le portrait économique d'une ville face à la crise syrienne. Quatrième étape : Saïda, cité artisanale.

Selon les chiffres de l’Association des commerçants de Saïda (ACS), l’activité a plongé de 75 % entre 2011 et 2014.

Un an après les événements de Abra, Saïda peine à se réveiller d'un long cauchemar. En ce jour de semaine à Saida Mall, les commerçants semblent bien s'ennuyer derrière leurs comptoirs.
« Il y a trois ans, c'était pourtant l'euphorie lors de l'inauguration du centre commercial, raconte Mayssa Hanouni Yaafouri, la directrice de l'établissement. Les habitants du Liban-Sud qui avaient l'habitude d'aller jusqu'à Beyrouth pour effectuer leurs achats s'étaient alors redirigés ici. »
La clientèle de l'établissement reposait à 60-70 % sur ces « voisins » sudistes de Saïda.
« Mais il y a deux ans, avec l'apparition du phénomène Assir, les choses ont commencé à changer, poursuit-elle. Les Sudistes ont commencé à boycotter la ville par peur de l'insécurité ambiante. Même les habitants de Saïda n'osaient plus mettre le nez dehors. L'année dernière, la fermeture de la rue par les partisans d'Assir a complètement sonné le glas de l'activité commerçante. »

 

 

 

 

Saïda, le « supermarché des Sudistes »
Après le phénomène Assir, la ville de Saïda a dû faire face à la psychose due aux attentats à répétition à Beyrouth. « Saïda étant une ville carrefour entre le Nord et le Sud, à chaque attentat, plus personne n'osait se rendre à Beyrouth et les Sudistes ne traversaient plus la ville, ajoute la directrice du centre. Cela fait à peine un mois que nous recommençons à fêter les événements commerciaux comme la Saint-Valentin, la fête des Mères... alors que nous avions été paralysés pendant un an ! »
Sur 43 boutiques dans le centre commercial, neuf ont dû fermer à cause de la crise, estime la directrice. « Les grandes chaînes ont pu supporter la désertification de la clientèle, mais les plus petites enseignes ont du mal à faire face. »
Alors pour attirer les investisseurs, la direction de Saida Mall a revu les loyers à la baisse de 50 % depuis novembre. « Plus qu'une baisse des loyers, je ne vois pas ce qu'il nous reste à faire pour encourager les investisseurs », conclut-elle.


Dans ce contexte, le restaurant Crepaway du centre commercial a dû fermer sa seconde terrasse par manque de clients. « L'ouverture du centre commercial promettait pourtant de belles affaires, explique le gérant du restaurant. Mais aujourd'hui, l'activité est pratiquement nulle en semaine. Heureusement, les choses commencent doucement à reprendre le week-end depuis que la situation sécuritaire s'est stabilisée. »
De l'autre côté de la ville, dans le souk historique de Saïda, Mohammad, vendeur de rideaux, dresse lui aussi un sombre tableau quant à l'activité économique de la ville depuis trois ans. « Saïda était connue pour être un carrefour commercial, explique-t-il. Du Nord au Sud les Libanais venaient de partout pour son artisanat, mais depuis le début du conflit en Syrie, les ruelles du souk sont désespérément vides. Plus personne ne vient, même les Libanais de Saïda préfèrent fuir. »


Comme la plupart des commerçants de la ville, Mohammad est confronté à une augmentation simultanée de ses stocks et une baisse de la demande. Il n'a aujourd'hui plus qu'un seul magasin qu'il partage avec son frère et a dû se passer de trois de ses employés. « Nous avons juste de quoi manger », conclut-il dépité.
Selon les chiffres de l'Association des commerçants de Saïda (ACS), l'activité commerçante a en effet plongé de 75 % entre 2011 et 2014, la chute la plus importante s'étant produite sur les trois premiers mois de cette année (-35 % en glissement annuel). « Les professionnels ne parviennent plus à couvrir leurs frais, déplore Ali Cherif, le président de l'ACS. Si la situation continue ainsi, de nombreuses faillites sont à prévoir », ajoute-t-il. Selon Ali Cherif, « Saïda est entraînée par les problèmes sécuritaires de tout le pays. » Quand survient une explosion à Beyrouth, Saïda est paralysée, quand la violence éclate à Tripoli, Saïda est de nouveau impacté. Il n'y a pas d'économie, sans sécurité. Abra était un événement localisé, le vrai problème est plus profond.

 

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commentaires (1)

Un wazwaz a saida peut en cacher un autre a Beyrouth au parlement en ce moment .

FRIK-A-FRAK

11 h 45, le 12 mai 2014

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Commentaires (1)

  • Un wazwaz a saida peut en cacher un autre a Beyrouth au parlement en ce moment .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 45, le 12 mai 2014

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